La Nuit d'avant

Je n'ai pas tiré les conclusions qui s'imposaient. Je fais une montagne d'une taupinière, mais je ne vois pas le danger lorsqu'il est sous mon nez. Lorsqu'il me caresse le visage et m'embrasse le cou.

Une omission n'est pas tout à fait un mensonge.

FUIR !
Ce n'est peut- être rien. J'en suis consciente. Il y a des gens qui aiment ça : la passion physique, la vulgarité. Mais ça contredit la douceur de ses mains un peu plus tôt.

Un baiser. C’est ce qui a tout bouleversé.

Amour.
Le voici donc. Ce mot insaisissable.
Le problème, c'est qu'il n'est pas pour moi. Il n'est jamais pour moi.

Les cœurs ne se brisent pas.

C’est une grande responsabilité d’être parent. De savoir quoi dire et ne pas dire. Les enfants sont des pages blanches, et tout ce qu’on dessine dessus reste gravé à jamais.

Ce soir, je ne me poserai pas de questions. Je ne me demanderai pas pourquoi Jonathan Fields a cliqué sur moi — si c'est parce que ma nouvelle photo lui a donné la trique ou si c'est parce qu'il a lu mon faux profil et que ça l'a rassuré sur lui. Je suis lasse de tout ça. Je veux juste que ce soit réglé. Je veux qu'on en finisse. Je veux arrêter de me battre. Je veux être heureuse comme Rosie et Joe. Tellement heureuse que je pourrai cracher sur mon bonheur quand j'en parlerai.

Le seul problème, c'est que, après m'être demandé pendant des années pourquoi j'avais tant de mal à en trouver un, je croyais avoir enfin déniché la perle rare : un homme qui m'aimait.

Ça n'a pas duré, mais ça a suffit à ouvrir les vannes du manque. Et je me suis retrouvée avec tous ses besoins et plus personne pour les assouvir. Le besoin d'être enlacée, le besoin d'être touchée. Le besoin de rire, de pleurer et de découvrir l'âme de l'autre. Le besoin d'être vue. Connue. Pas la guerrière intrépide et farouche prête à conquérir le monde, mais la fillette qui tire une manche ou l'ourlet d'un manteau en levant les yeux. Toujours les yeux levés, avec l'espoir ridicule que quelqu'un lui rendra son regard et sera heureux de la trouver là.

Les gens étaient capables de mentir. De bien mentir. Même ceux qu’on aimait le plus.