Je m'intéresse à la Shoah et j'ai lu de nombreux livres ou témoignages sur ce sujet. À mes yeux, se souvenir de cette période sombre de notre histoire est très important.
Parmi les livres de la rentrée littéraire de septembre, j'ai été interpellée par le titre de cet ouvrage :
Dieu était en vacances, écrit suite au témoignage de Julie Wallach, âgée de 96 ans, avec l'aide de
Pauline Guéna et paru chez Grasset.
Dans ce court livre, elle raconte sa vie avant la guerre, la mise en place des mesures antijuives, son arrestation, son internement au camp de Drancy, sa déportation à Birkenau en 1943, les quatre mois de la marche de la mort puis le retour en France.
Voici la présentation faite par l'éditeur en quatrième de couverture :
« Mes souvenirs d'enfance me précipitent tout droit dans la bouche des camps où mes parents ont été assassinés. Je ne peux pas penser à ma mère qui chante un opéra en yiddish dans la cuisine de notre petit appartement sans revoir aussi les policiers qui l'emmènent et elle qui les supplie de m'épargner. Je ne peux pas raviver en moi la haute silhouette de mon père, ses sourcils froncés alors qu'il parcourt le journal, sans l'apercevoir hagard, déplacer une pierre trop lourde sur un chantier du camp, cherchant timidement autour de lui, espérant revoir sa femme, l'amour de sa vie. »
Julia Wallach a 17 ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d'une voisine, en 1943, puis déportée vers Birkenau. Pendant deux ans, elle connaît l'horreur des camps et la marche de la mort à travers la Pologne et l'Allemagne enneigées. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s'enfuir. Elle qui a survécu au typhus et aux sélections, aux coups, au froid et à la faim va, pas à pas, se reconstruire, tomber amoureuse et fonder une famille. Une longue marche vers la vie, ponctuée d'éclats de rire et de colère, drapée, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n'a jamais cessé de l'animer.
Née à Paris en juin 1925 de parents juifs polonais,
Julia Wallach témoigne régulièrement dans les écoles. Elle apparaît aussi dans le travail cinématographique de sa petite-fille Frankie Wallach.
Romancière, essayiste et scénariste,
Pauline Guéna a obtenu le Grand prix des lectrices de ELLE – document pour
L'Amérique des écrivains, avec
Guillaume Binet.
J'ai beaucoup aimé ce livre où, malgré l'horreur des faits racontés, l'auteure ne se démet jamais de son humour et reste pétillante ! Son énergie, sa combativité apparaissent dans toute son attitude et ont sans nul doute joué un rôle important dans sa capacité à survivre. Car il s'agissait bien de survie et, comme elle l'écrit page 68, « La vie à Birkenau a commencé, si on peut appeler ça la vie. »
Après son retour de déportation, elle a d'abord commencé par se taire. Puis elle est allée à Auschwitz et elle a décidé de témoigner.
Elle écrit page 133 : J'ai retrouvé ma feuille d'entrée, avec mon nom et celui de mon père et de tous ceux du convoi 55, affichée à Birkenau dans le pavillon français. Je me suis souvenue que mon père m'avait dit : « Je ne survivrai pas à ta mère. Mais toi, tu es jeune. Vis, rentre à la maison, et raconte ce qu'on nous a fait. » Alors j'ai commencé à parler. Et je n'ai jamais cessé.
J'ai parlé à ma famille, à mes amis, à des associations, dans des écoles religieuses ou laïques, et même dans les squares, aux nounous des amis de mes petits-enfants. J'ai tout raconté, autant de fois qu'on me l'a demandé. Dans les classes, souvent, des enfants au regard sérieux ont voulu savoir si je croyais encore en Dieu. « Oh non, ai-je chaque fois répondu, je ne crois pas en Dieu. Ou alors, il était en vacances. »