Edward Lewis Wallant est un auteur juif américain, né en 1926 à Brooklyn et décédé en 1962 à l'âge de 36 ans d'une rupture d'anévrisme. Après des études en Arts et une carrière dans la publicité, il lâche tout à la trentaine pour se consacrer à la littérature. le prêteur sur gage publié en 1961, est son livre le plus connu. (Il aura eu le temps de publier quelques nouvelles et 2 romans avant son décès). 2 ans après sa mort, le prêteur sur gage est adapté en film par Sydney Lumet sur une musique de Quincy Jones. le film manque d'être censuré par le code Hiams car on aperçoit la poitrine d'une actrice noire.
Alors c'est qui ce prêteur sur gages ?
Sol Nazerman est un anti-héros. Peu sympathique, pas d'empathie pour son prochain. Ce qui va plutôt bien avec son métier car il est prêteur sur gages à Harlem. Mais avant cela, Sol Nazerman avait une autre vie, une femme, des enfants, un métier professeur à l'université. Il etait même Polonais. Mais la seconde guerre est passée par là, et avec elle ,l'horreur de la Shoah. Sol Nazerman n'arrive plus à être l'homme qu'il était. Enfermé dans un camp, il y a perdu sa famille. Comment croire en l'humanité après avoir vécu cela ? Comment se reconstruire ?
Il n'y arrive pas. Revivant sans cesse la nuit ce cauchemar.
Edward Lewis Wallant a combattu pendant la seconde guerre mondiale, et son livre est un des premiers à se questionner sur la vie d'après. Est-ce que les nazis ont réussi ? Est-ce que les survivants sont des morts-vivants ? Est -ce qu'ils ont réussi à déshumaniser ?
Si la boutique du prêteur se trouve à Harlem, ce n'est pas un hasard. Dans ce début des années 60, la vie est dure pour les afro-descendants, opprimés par une société, un pays qui ne leur reconnait à peine le statut d'humain. Ainsi,
Edward Lewis Wallant établit un parallèle entre son personnage survivant des camps et les clients victimes du racisme, de la pauvreté et de la ségrégation. Victime des camps de concentration et de l'esclavagisme, deux communautés qui ont été opprimées et malmenées.
Par le contact de son assistant portoricain Jesus Ortiz et de certain.e.s client.e.s, Sol Nazerman va peu à peu ressentir à nouveau. Ré-apprendre à prendre le risque de vivre et d'aimer.
Le livre est grinçant, cynique. Et je ne peux que vous conseiller sa lecture.