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3,38

sur 184 notes
Baptême gothique.
Je sors de la visite du château d'Otrante, et comme j'ai lu dans l'avion, le roman d'Horace Walpole qui n'est pas de la première jeunesse (1765), j'ai pu faire le malin lors de la visite guidée. le gars insupportable qui croit en savoir plus que le guide, c'est moi. Ridicule.
Bon, dans la réalité, la forteresse de Frédéric II de Souabe est aussi gothique qu'un magasin Ikéa mais la visite mérite un détour vers le talon de l'Italie. On prend son pied et on range le guide vert.
Manfred est un prince plus tyrannique que sympathique. Il veut marier son fils un peu simplet à Isabella pour légitimer son titre et ses droits car il a le gène usurpateur. Patatras, un gigantesque heaume à plume écrase l'héritier le jour des noces. Un sacré pet au casque surnaturel qui introduit cette fantaisie chevaleresque, considérée comme « la pierre angulaire du roman gothique ». Ce n'est pas moi qui le dit mais la préface de la Pléiade, presque aussi longue que ce roman d'une centaine de pages.
Il est vrai que les morts mystérieuses, les portes qui grincent, les marches qui craquent et les apparitions fantomatiques se succèdent, que les passages plus très secrets puisque tout les personnages les empruntent mettent l'ambiance, et que les tempéraments sont plutôt passionnés et tourmentés mais le ton fantasque et la construction théâtrale m'ont plutôt fait penser à un film avec Jean Marais (Plus Lagardère que La Belle et la Bête) ! Suranné mais divertissant avec des serviteurs pleutres qui agrémentent le récit d'humour. Les autres personnages sont shakespeariens, les vanités en moins.
Vite remis de la mort de son fils, deuil express, Manfred va vouloir épouser Isabella pour mener à bien son projet, quitte à divorcer de son épouse pieuse, dédaigner sa fille et s'acheter les faveurs du curé local, mais l'au-delà ne sera pas du même avis et un jeune paysan fougueux va venir perturber ses plans. Justice divine au programme.
Le château d'Otrante est l'unique roman d'Horace Walpole, aristocrate cultivé un peu futile qui préférait les échanges épistolaires, et qui fut le fils du premier des Premiers ministres anglais. A défaut d'Erasmus et d'année sabbatique pour s'encanailler, le jeune homme argenté, fit son grand tour qui le mena en Italie.
Si le roman a pris quelques rides, nul besoin de chirurgie esthétique, la lecture de ces pages jaunies éclairent une certaine nostalgie pour les films de cape d'épée.
Papouilles depuis les Pouilles.

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Tout courant littéraire a, à sa base, un roman source d'où a jailli une tendance, une mode avant de devenir courant. Ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves, dit-on, et bien, par sa taille (moins de 200 pages), "Le château d'Otrante" est un petit roman ; mais au XVIIIème siècle, son succès fit de lui un grand roman, précurseur et père du "roman gothique" qui inspira notablement une foule d'écrivains des deux sexes.

"Le château d'Otrante" posa donc les codes du roman gothique : une Italie médiévale fantasmée, un prince tyrannique, des princesses opprimées et menacées d'hymens peu séduisants, des enfants naturels cachés, des ecclésiastiques dépositaires de lourds secrets, du mystère, de la passion, de la violence, du blasphème, des sentiments contrariés, des complots, des traîtres, des héros, du pathos, de la sensualité et du drame, du drame, du drame. Un roman d'aventures, quoi ? Oui mais à une époque où il n'en existait pas (ou peu).

Le roman gothique, c'est la flambée du romanesque, c'est l'émancipation de l'imagination. Ce sont aussi des codes désormais assez désuets et qui prêtent à sourire par leur outrance ou leur prévisibilité. Tout cela fait du "Château d'Otrante" une lecture plus documentaire que réellement romanesque pour un lecteur d'aujourd'hui.


Challenge MULTI-DEFIS 2022
Challenge ABC 2022/2023
Challenge RIQUIQUI 2022
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Je suis très partagé concernant ce livre. Il a rencontré un grand succès au moment de sa publication et il est facile de comprendre pourquoi. Il débroussaillait hardiment le chemin de nombreux genres romanesques modernes.

Il est difficile d'accuser de classicisme un précurseur. Et pourtant... L'élément fantastique paraît incongru. La romance est très prévisible et sans grand intérêt. le côté historique est peu mis en valeur. L'intrigue a lieu dans le sud de l'Italie, mais elle pourrait aussi bien se situer en France ou en Allemagne.

Je crois bien déceler assez clairement une envie de romaniser Corneille. Mais Theodore n'est pas le Cid. Les personnages sont d'ailleurs assez superficiels de manière générale. Et j'ai beau lui chercher des excuses, le fait est qu'une tragédie (ou tragi-comédie) française, pourtant plus courte, est plus épique, plus profonde, plus touchante, et plus dépaysante que ce petit roman.

A-t-il seulement mal vieilli ? Ou était-il déjà assez faible en son temps ? Car si l'histoire rend justice à Chrétien de Troyes ou à Daniel Defoe, pourquoi pas à Horace Walpole ?
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Lorsque nous lisons la notice biographique se trouvant après le roman, on se dit que ce pauvre Château d'Otrante n'a rien pour lui : "Une psychologie sommaire", "un décor sommaire" et "(des) personnages artificiels".
Encore d'après cette notice, le Château d'Otrante a eu la chance de ne pas tomber dans l'oubli parce qu'il est le premier roman terrifiant ou "roman noir".
Il influença des romanciers tels que Radcliffe, Mathurin ou encore Nodier et Théophile Gautier.
(La notice que je cite se trouve dans "Romans terrifiants", ed. Robert Laffont qui regroupe plusieurs livre dont celui-ci)

Certes, les personnages sont des coquilles vides de vie, des personnages-symboles.
Nous avons le héros chevaleresque, la belle jeune fille vertueuse ou encore la femme dévouée. Un peu trop même.
Pour le décor, c'est vrai que nous ne quittons que rarement les murs du château et si nous le faisons, ce n'est pas pour aller très loin.
Pour ma part, cela m'a fait penser à un décor de théâtre.
D'ailleurs, les nombreux quiproquos et les coups de...théâtre qui ont mis mes nerfs à rude épreuve, m'ont aussi donné l'impression de lire une pièce.
Un conte théâtral, je préciserai, car nous ne sommes pas dans des descriptions à rallonge mais plutôt dans la narration d'action.
C'est à peine si nous sachons à quoi ressemble les protagonistes.

Personnellement, tout ceci n'a pas dérangé ma lecture.
Bien au contraire, je me suis laissée prendre par l'histoire et j'étais parfois frustrée de ces malentendus, curieuse de connaître la suite ou touchée des sentiments naissants.
Alors oui, il ne sera pas un de mes livres de référence et encore moins dans la catégorie "roman terrifiant" car, de ce côté, j'ai trouvé cela assez léger mais j'ai passé un bon moment en le découvrant.
Alors, j'espère que le Château d'Otrante ne tombera pas dans l'oubli non seulement pour son influence dans l'histoire de la littérature mais aussi pour ce qu'il m'a semblé être, une histoire qui provoque des émotions.
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Considéré comme le premier roman gothique de langue anglaise, on dit souvent qu'il a fondé l'histoire d'horreur en tant que forme littéraire légitime.

Walpole combine des motifs littéraires anciens et modernes. Il puise des éléments fantastiques et surnaturels dans les romans médiévaux des XIIe et XIIIe siècles et les mélange à des éléments de fiction réaliste contemporaine du XVIIIe siècle.

En maintenant une prétention de réalité dans le Château d'Otrante, dans la préface de la première édition, il établit une histoire plausible pour le manuscrit et suggère que « les bases de l'histoire sont fondées sur la vérité ». Il construit un monde réaliste peuplé de personnages réalistes et fondé sur des prémisses réalistes. Mais, en introduisant des éléments surnaturels dans ce monde, Walpole déforme efficacement la réalité. Il réconcilie le naturel et le surnaturel, créant essentiellement un nouveau genre de fantasy : la fantasy ancrée dans la réalité.

De nombreux romans, intrigues et types de personnages, sont devenus typiques de la littérature gothique. Les identités cachées, les passages secrets, les forces surnaturelles et les demoiselles virginales en détresse figurent tous en bonne place dans les romans gothiques ultérieurs.
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Voici donc le premier roman gothique, celui qui offre des modèles pour les futures oeuvres du genre (personnages types, ton tragique incluant quelques éléments classiques et thèmes Shakespeariens tels que le château personnage central, secrets, prophéties et malédictions, romance, drame familial, impostures, sprectres et autres interventions surnaturelles)...
La lecture de ce court roman est pour moi sauvée par les préfaces de l'auteur indiquant les conditions de publication, en en faisant d'abord une traduction de manuscrit medieval italien authentique, puis admettant ses intentions en tant qu'auteur veritable, mais surtout par les interventions comiques sans lesquelles l'atmosphère excessivement mélodramatique en aurait fait une tragédie plutôt banale.
Une relecture en parallèle avec le contexte historique et social révélera sans doute d'autres éléments intéressants, mais j'avoue que je préfère laisser le XVIIIème britannique à mes souvenirs universitaires...
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Le Château d'Otrante, peu connu en France, est pourtant un grand classique de la littérature anglaise. Il réunit à peu près tous les éléments qui sont aujourd'hui des stéréotypes des romans à sensation : belles jeunes filles vertueuses enfermées dans des châteaux hantés, beaux jeunes hommes courageux, passages secrets, paysages nocturnes terrifiants… On pourrait donc trouver ce roman sans intérêt, mais c'est oublier quelque chose d'assez incroyable quand on y pense : tous ces clichés étaient alors inédits, et Walpole en est l'inventeur !

Alors certes, un lecteur d'aujourd'hui découvre ce livre avec une impression de déjà vu, certes certains éléments (notamment de fantastique, comme de soudaines apparitions de fantômes) nous paraissent désormais artificiels, mais le Château d'Otranto a toujours son charme – c'est peut-être ce qui en fait un classique ? J'ai été happée par l'histoire, tout va très vite et j'avais toujours envie de connaître la suite.

Bref, j'ai beaucoup aimé cette courte lecture !
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Au Moyen-Age, dans le château d'Otrante, le Prince Manfred est heureux : son fils Conrad va se marier avec Isabelle. Il espère que le mariage sera suivi d'héritier car il craint que la famille va perdre son territoire. Malheureusement, la tragédie arrive : le fils meurt... écrasé par un casque géant ! Manfred, complètement désespéré, sombre dans la folie et formule un plan sordide : répudier sa femme qui l'aime pour épouser... Isabelle ! Mais elle s'enfuit. Comme si ça ne suffit pas, les spectres vont se réveiller et d'étranges événements vont commencer...
Donc, qu'est-ce que ce roman ? Eh bien, très simple : c'est CE roman qui a inventé le genre gothique. Oui, c'est ce petit livre ne faisant même pas un centaine de pages qui a inventé le genre gothique et ses poncifs fantastiques, genre qui par la suite va engendrer les chefs d'oeuvres comme Mystère d'Udolphe où le Moine (dévorée voilà quelques temps). Ayant eu du succès, ce livre peut se targuer d'être le père du genre mais aussi, si on veut, l'un des pères du fantastique moderne.
Dans cette histoire, on a tout : cadre médiévale et sombre, prophétie inquiétante qui se réalise, fantômes sortant de leurs tombes, fuites, enlèvements, personnages tragiques, sentiment exacerbé et tout le reste. Tout ce qui deviendra par la suite les clichés même du " roman terrifiant" a été inventé dans ce roman qui s'il est très sympathique, n'est hélas pas parfait.
En effet, on a quelques défauts qui gâchent la lecture : déjà, on n'a AUCUNE idée où se passe le lieu, enfin même si grâce à quelques indications temporelles, on sait qu'on est au Moyen-Age. le problème est que les lieux sont peu décrits, même le château ne bénéficie pas d'un grande description. du coup, on a aucune image des environs dont baigne l'histoire.
Les personnages : pareil, peu de description physique, (pour Mathilde " femme très belle", merci mais un mot sur ses cheveux, ses yeux voire même sa taille ? Mince, pour Cunégonde de Candide, il y avait déjà quelques adjectif et voilà, je savais déjà comment elle ressemblait !) et surtout le gros défaut : la psychologie sommaire. Eh oui, les personnages, mêmes s'ils peuvent être émouvants, ont peu de psychologie. Les serviteurs en particulier sont assez... vides. Quelques personnages m'ont semblé un peu plus consistant comme Jacques le Paysan où encore le terrible Manfred (on remarque que les femmes ne sont pas assez développées, tiens...).
Le récit est court et c'est aussi un autre problème : on accélère les choses, on rentre vite parfois en omettant des détails et pour justifier des trucs invraisemblables , mettant des explications surréalistes ! Argh !
Et puis la fin qui est brève, abrupte !
Par contre, le roman n'est pas à jeter, ah non. Comme précisé, il est quand même resté dans l'histoire littéraire pour avoir fondé le genre, donc déjà, un peu de compassion. Cela explique tous ces défauts donc.
Ensuite, l'histoire est assez intéressante et prenante tout à fait. Si je reprochais que le récit se déroule trop vite, par contre, il nous fait entrer dans l'histoire de manière géniale.
Le côté fantastique est joliment exploité, il y a qu'avoir le casque géant (où l'auteur se permet de décrire même le cadavre du pauvre petit, eurk), les statues saignantes, les spectres flippants...
Il y aussi les personnages en proie au désespoir et/où à la folie comme le fameux et monstrueux Mandred, qui finit par tout perdre, obstiné à posséder la pauvre Isabelle.
Il y a aussi les réflexions qu'on peut en tirer : peut-on se battre contre le destin ? Comment concilier la religion et le devoir à un puissant lorsqu'on veut s'opposer au second alors qu'on ne veut pas s'opposer au premier (vous comprendrez en lisant le livre) ? Quel est le sens des ensembles de nos vies ?
Et l'écriture qui est vraiment pas mal, même si elle n'est pas proche du fabuleux style du Moine.
A lire par intérêt tout de même.
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Officiellement le premier roman gothique dans l'histoire de la littérature, "Le château d'Otrante" en pose toutes les bases désormais connues: l'obscurité, les apparitions, des couloirs sans fin, de vieilles bâtisses, des ruines historiques, et un secret.
Paru en 1764, j'avais un peu peur que l'écriture ait beaucoup vieilli, d'autant plus que je l'ai écouté en anglais. Si l'on ne doit pas oublier la date pour comprendre certains aspects de la société qui nous agaceraient aujourd'hui, il se lit finalement très bien. La plupart des personnages sont intéressant et le mystère suffisamment bien gardé pour préserver notre curiosité. Il est également très court, environ 150 pages, ce qui en fait une oeuvre classique qui a marqué son époque et un tournant dans la littérature qu'il serait dommage d'éviter, ne serait-ce que pour sa propre culture générale. Pour moi un bon moment et une meilleure compréhension des origines de la littérature horrifique, même s'il ne fait pas bien peur.
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Premier roman gothique (1764), le château d'Otrante est quand même un peu… pompeux, amphigourique et grandiloquant en usant tout au long de superlatifs à n'en plus finir…

Bon, c'est rigolo et plutôt intéressant pour qui souhaite découvrir le début de ce style qui donnera quand même quelques chef d'oeuvres tels que le Moine ou Frankenstein, pour ne citer qu'eux.

Horreur, foi, fantastique, chevalerie, intrigues, passion et malédictions au rendez-vous dans une édition plutôt mal fichue illustrée de quelques reproductions de Salvador Dalì
Lien : https://www.noid.ch/le-chate..
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