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Le secret du royaume - Minutus" est la suite et la fin du diptyque initié avec "
Le secret du royaume - Myrina". Dans la première partie nous avons suivi le cheminement de Marcus, un chevalier romain qui par hasard se trouve au pied du Golgotha, le jour où... justement, ce jour-là. D'interrogations en enquêtes, il cherche à en savoir plus sur le crucifié et son message. Sans adhérer complètement à la nouvelle doctrine (il est rejeté par les disciples), il en a retenu le sens profond...
La deuxième partie, écrite cinq ans plus tard, est d'une autre nature. Il s'agit toujours d'une trajectoire (celle de Minutus, le fils de Marcus et de Myrina), à peu près similaire à celle de son père, mais traitée tout à fait différemment. Au départ, Minutus est une espèce de blanc-bec, qui méprise son père, ne pense qu'à s'amuser et multiplie les erreurs de jeunesse. Il hait les chrétiens qui, pense-t-il ont pourri la vie de ses parents. Il est en admiration devant Agrippine, la mère de son ami Domitius (le futur Néron), une femme qu'il juge, par sa beauté, sa grâce, sa sagesse et son humilité, au dessus-des humains. Au fil de ses aventures (tribun en Bretagne auprès de Vespasien, prisonnier de rebelles arméniens en Cilicie, ambassadeur-espion en Asie Mineure, puis monté au faîte des honneurs, intime de l'empereur Néron), ses yeux vont se dessiller, il va découvrir la véritable personnalité de gens qu'il adulait (Agrippine et Néron) ou inversement qu'il méprisait (son père), et finira par mourir en martyr dans l'arène avec sa femme et son fils.
Plus dense et plus touffue que la première partie, plus près des évènements historiques (la reconstitution de la
Rome de Néron est parfaite), cette deuxième partie, centrée sur le destin de Minutus, nous laisse, comme souvent chez Waltari, avec une impression bizarre. Souvent les héros de Waltari sont des personnages en quête de leur identité, et souvent ils ont un rapport difficile père/enfant, soit qu'ils soient orphelins, abandonnés ou simplement incompris. Minutus ne manque pas à la règle.
Chez Waltari, rien n'est jamais totalement blanc ou totalement noir. A la fin de Myrina, Marcus est un chrétien sans l'être. A la fin de Minutus, certes notre héros meurt en martyr chrétien, mais nous ne savons pas si c'est pour sa foi, pour son amour pour les siens, ou si c'est seulement la fin de son cheminement personnel, fait de scepticisme et de désillusion.
Le diptyque "Le secret du royaume" est un bon roman historique qui vous fera voyager dans le temps, vous fera sans doute poser des question, mais ne vous infligera aucun sermon et vous laissera libre d'apprécier, à votre guise, toute la complexité de cette époque, si riche en évènements et personnages d'envergure.