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Critique de finitysend


Un pur plaisir de lecture qui peut se lire au grés des pages par sections , chapitres . En dilettante et en le laissant et en y revenant , en butinant .

Nous parlons français , ils parlent anglais et maltais .... Voilà un exemple et on pourrait penser que l'on a tout dit sur le sujet , du français et du bilinguisme à Malte .
On pourrait aussi se lancer dans des considérations grammaticales et se demander en quoi le Maltais relève des langues sémitiques nordiques , avec un fort substrat arabique ?
Ou bien est-ce simplement un dialecte arabe du type Afrique du nord qui tirerait sur l'arabe proche-oriental comme le dialectal tunisien par exemple .... ?

Le français est la seule langue latine à posséder des diphtongues nasales ( an , in on , ein ) , si vous réfléchissez , c'est une différence phonétique majeure du français avec les autres langues latines , qu'il hérite du gaulois .
Toutes ces particularités qui émaillent toutes les langues de l'Europe et du monde , ne sont pas que des particularités grammaticales car elles sont très fréquemment autant d'indices historiques .

L'ouvrage accorde toute son attention aux évènements et aux faits de portées lexicales et donc de types plus ou moins « substratiques « car ce sont les plus parlants , dans une dynamique de montrer la grande variété de rapports humains en général , ethniques , politiques en particuliers , dont les langues sont les marqueurs après en avoir étés les témoins et les vecteurs.

Le latin s'est fractionné en langues romanes , le grec eut une destinée différente , avec pourtant une extension plus vaste et plus ancienne que le latin , pourquoi ?
Les langues germaniques entretiennent un assez fort rapport avec un substrat pré Indo-Européen plus fort que les langues latines , pourquoi ? . Pourquoi l'anglais voit son caractère germanique très fondamentalement altéré par un peu le latin et beaucoup par l'Anglo-Normand , plus que par le français au sens strict d'ailleurs ? Pour ce qui est de l'anglais , il y eu une véritable diglossie , qui s'est inscrite durablement dans la langue anglaise dont la phonologie a radicalement divergée d'avec l'originelle , mais aussi , selon des chemins ou en anglais il y a presque systématiquement le choix entre le vocable saxon et le vocable roman ....
Voici un exemple d'anglais avant sa mutation : Un extrait de la bible : “ Fæder ure þu þe eart on heofonum , qui donne : Father ours, thou that art in heaven,” : Alors pas très Michael Jackson comme Anglish non ? Sourires...

La géographie des langues est parlante aussi et pas que pour cartographier les dialectes , derrière cette géographie , il y a des forces géopolitiques , des dynamiques d'échanges , qui sont , ou bien qui furent à l'oeuvre de façons millénaires et qui parlent toujours aujourd'hui au travers les répartitions géographiques des langues sur la durée comme pour les évolutions historiques des fonds lexicaux sur la durée également .

L'Europe possède un fabuleux patrimoine linguistique qui est à la mesure de sa riche histoire . Il vaut la peine d'être exploré surtout quand c'est fait de manière aussi avenante et agréable .
Pour conclure et ouvrir le sujet , je vais conclure sur un exemple qui va au-delà de ce que contient cet excellent ouvrage . Ce n'est pas pour le trahir mais pour souligner , encore et si besoin était , l'intense richesse dont les marqueurs linguistiques sont les réceptacles . Et puis en Sorbonne , il est de bon ton de dire : « Ouvrez , pour la conclusion ! « , sourires ...

Prenons par exemple le basque dont il est certain que c'est une langue préhistorique européenne .
Le basque est le seul représentant actuel d'une famille de langues agglutinantes , qui avaient une extension des Pyrénées à la Vistule au moins , si on s'en tient aux analyses de la toponymie . Cette famille linguistique était encore le paysage linguistique dominant de l'Aquitaine romaine et carolingienne par la suite ( jusque la Garonne ) .

Il y a d'ailleurs une corrélation de certains marqueurs génétiques avec cette extension linguistique . L'ors du dernier maximum glaciaire , les populations européennes se sont repliées sur un espace qui pour l'Europe de l'ouest allait de la Dordogne aux confins de l'Espagne atlantique ( Cantabrique ) . du fait du climat , le haut plateau espagnol comme les grandes plaines européennes , eurent de fait une populations très clairsemées . A la fin quand l'Europe se réchauffe , le peuplement européen s'étend à nouveau naturellement vers : le Sud et vers le Nord et l'Ouest ...

Traditionnellement les vagues de peuplements européens arrivant de l'est , on voit le marqueur génétique pyrénéen s'estomper dans l'est européen et dans le grand sud ibérique . Plus on va vers l'est et le Sud , dans ces directions , plus il s'estompe . Cependant aujourd'hui encore ce marqueur est toujours de très forte intensité , de la Garonne à la Galice , et il est très loin d'être négligeable jusque l'Europe centrale ...

Pourquoi cette densité préservée autour des Pyrénées ? Les densités y sont anciennement fortes car ce furent des zones refuges traditionnelles pendant les pics glaciaires en Europe . La néolithisation est aussi un facteur crucial . Elle fut précoce et ceci permit un essor démographique notable de populations locales aux époques protohistoriques . Un élan , une expansion qui se rependra jusque le Cotentin et le sud du Portugal , le long de la façade atlantique ouest-européenne , avec les civilisations mégalithiques atlantiques qui dominent jusque les vagues celtiques du nord de la France ( bassin parisien ) ....

Ce qui nous vaut aussi l'émouvant plaisir d'entendre , de voir des racines pré Indo-Européennes et de connaître aussi le paysage grammatical d' une langue imprégnée par la préhistoire européenne : le basque . Tout cela à cause de quelques grains de blés qui sont arrivées par la mer ...
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