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EAN : 9782330064204
272 pages
Actes Sud (02/06/2016)
3.77/5   15 notes
Résumé :
Huis-clos au grand air, ce western, déjà traduit par Gallimard en 1947, que nous publions dans une version révisée, rend palpable la vie des cow-boys au milieu du XIXe siècle dans une vaste région d’élevage au sud-ouest des États-Unis. Lorsque, un jour de printemps, la nouvelle d’un vol de bétail et de l’assassinat du jeune et populaire cow-boy Kinkaid se répand, les hommes de Bridger’s Wells forment une milice pour venger ce crime. Mais est-ce vraiment dans l’inten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'effet de la meute… Tout le monde en a au moins fait une fois les frais dans sa vie ou pire, a hurlé avec la meute et ne se souvient plus trop bien du pourquoi du comment.

Maintenant, avec les réseaux sociaux, il est facile et rapide de rameuter la meute et de la faire hurler sur n'importe qui à propos de n'importe quoi, généralement une chose que cette personne à dite ou à faite et qui nous met en rage, alors qu'on devrait laisser couler.

Ici, un jeune garçon arrive tout affolé parce qu'on a tué un cow-boy du rancher Dew : Kinkaid. de plus, ces derniers temps, bon nombre de vaches ont été volées.

La goutte d'eau qui fait déborder le vase et monter la pression est le fait qu'on ait tué ce cow-boy et volé une soixantaine de bêtes. 28 cavaliers vont se mettre sur la piste des voleurs et assassins, le tout sans aucune accréditation aucune du shérif, au mépris de toutes les règles et avec l'intention de les pendre haut et court.

Les suiveurs, tel un troupeau de vaches mené par celle qui est dominante, suivront les meneurs. La raison du plus fort est toujours la meilleure et la majorité l'emportera toujours sur la minorité…

Sherlock Holmes se méfiait des émotions et il avait raison : les émotions telles que la haine, la rage, la colère, vont aveugler ses hommes et les mener à une expédition que bon nombre n'auraient jamais accompli si ont leur avait donné le temps de réfléchir et s'ils n'avaient pas eu peur de passer pour des lâches, pour des mauviettes, devant les autres.

Ne pas y aller aurait été perçu comme un acte de lâcheté, alors, tout le monde y est allé sans écouter une seule fois la voix de la raison. Un meurtre avait été commis, du bétail volé, il fallait des coupables, des boucs-émissaires pour passer sa rage dessus…

Ce western sombre met du temps à se mettre en place, la première moitié du roman servant à mettre en place les deux protagonistes principaux, Art Croft et son ami Gil Carter, ainsi qu'une partie de ceux qui composeront cette bande de joyeux lyncheurs, occupés à attendre au carrefour que le posse comitatus (*) soit au complet.

La seconde partie fait monter la pression, on sait qui sont les meneurs, on sait qui sont les hommes pas très chaud pour cette justice expéditive et une fois les hommes trouvés, là, on atteint des sommets niveau battements du coeur.

L'effet de meute joue en plein et l'auteur fustige cela en poussant loin la psychologie des personnages, leurs idées, leurs pensées, leurs dialogues, leurs actions. Muet, on assistera à l'horreur de l'acte au petit matin blême, dans un froid piquant, ne sachant pas trop quelle position adopter tant l'ambiance est malsaine et oppressante.

Un lecture que j'ai terminée sur les genoux, dégoutée de l'Humain, le souffle court une fois la pression retombée, avant que l'auteur ne me repique avec une discussion entre Croft et Davies, le plus modéré de l'histoire expliquant que tout le monde avait déjà trouvé qui rendre responsable de tout ceci, oubliant déjà que personne ne les avait obligé à aller rendre justice eux-même et qu'ils y étaient parti avec cette volonté de pendre des hommes…

Un western noir rempli d'émotions à l'état brut, une piqûre envers la société américaine qui n'interdit le lynchage qu'en 1946 et un livre qui malgré son âge (édité en 1940), a toujours des relents de réalisme tant cet effet de meute est toujours présent, les lynchages se faisant médiatiquement, maintenant, avec toutes les conséquences graves qui peuvent en découler.

L'Homme sera toujours un prédateur pour l'Homme, ne s'attaquant pas au plus faible, mais à celui qu'il jalouse, qui lui fait de l'ombre… Tout en se donnant moult justifications pour expliquer son geste.

(*) le posse comitatus est le droit donné à un shérif ou à un autre officier de police d'enrôler des hommes pour l'assister dans le maintien de la paix ou dans la poursuite et l'arrestation de hors-la-loi.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Je ne suis déjà pas une grande adepte des Western télévisés et c'est la première fois que j'en lis un et je n'ai pas été convaincu.
Je m'attendais à quelques "sorties de colt" pour des duels en face à face au milieu de la rue principale, avec plein d'habitants les yeux rivés sur les deux protagonistes, ou alors de grandes cavalcades avec diligence, indiens... et enfin de grands feux avec les cow-boys autour en train de manger leurs chili con carne dans des écuelles en fer.
L'auteur nous raconte l'histoire d'un lynchage qui n'aurait pas dû avoir lieu, si ce n'est que l'effet de masse (une trentaine de personnes), l'ennui, le froid font que les hommes (et une femme) vont se permettre d'outrepasser la justice et décider de la faire eux-même, sans attendre l'arrivée du shérif.
L'auteur a voulu dénoncer une pratique qui a eu lieu pendant plusieurs siècles et qui n'a été abolie et jugée que depuis peu, en effet, on apprend à la fin du roman que les Etats-Unis ont vraiment tardé pour imposer une loi concernant ce genre de pratique.
Ce roman a été à mes yeux beaucoup trop mou, quand on entend le mot western, on pense à de l'action et là, il ne se passe pas grand chose.
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Si vous cherchez un western où ça pétarade à tout va, passez votre chemin. L'Etrange Incident est avant tout un western psychologique. Dès l'annonce du meurtre une chape de plomb vient plomber l'ambiance, la tension monte crescendo. Une tension entretenue par les personnages qui s'opposent, à ce titre l'auteur brosse des portraits sans concessions des différents protagonistes.

Du côté des partisans du lynchage, on trouve un leader charismatique, le Major Tetley, un ancien officier de cavalerie, déterminé et autoritaire. A ses côtés le shérif adjoint Mapes, une brute épaisse mais qui s'écrase face au major. Suivent quelques cow-boys qui crient vengeance pour l'un des leurs, le poivrot du village et d'autres aux motivations plus incertaines.

En face d'eux, malheureusement, l'opposition n'est pas de taille. Certes Davies, le commerçant, est motivé et persuadé de son bon droit, mais il n'a ni le charisme, ni la verve du major. le pasteur Osgood ne lui sera pas d'un grand secours, nul ne l'écoute. Quant au juge Tyler, il n'est bon qu'à brasser du vent et s'écouter parler.

Par certains aspects le roman de Walter Clark m'a fait penser à Mangez-Le, Si Vous Voulez de Jean Teulé. On y retrouve le même « effet de meute » qui entraîne, sur la base d'une simple rumeur, une foule assoiffée de haine et de violence du fait d'un contexte particulier (ici les vols à répétition qui exaspèrent cow-boys et ranchers). Mais Walter Clark va beaucoup plus loin dans l'analyse psychologique des faits et des personnages.

Le roman, relativement court (272 pages), écrit à la première personne (le narrateur est Art Croft, un des cow-boys qui participe à l'excursion), est divisé en cinq chapitres, chacun représentant une étape décisive de l'intrigue. Au départ le découpage m'a paru un peu léger mais au final, une fois embarqué dans le récit, on ne peut plus le lâcher.

La présente édition est enrichie d'une postface signée Bertrand Tavernier qui apporte un éclairage nouveau sur le contexte au moment de la parution du roman ; il faut en effet savoir que le lynchage en 1940 était encore légal, il faudra attendre 1946 pour le Président Truman décide de l'abolir.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
— C’est beaucoup plus que du vent, dit-il, comme si je l’avais contredit. On ne chasse pas les hommes, ajouta-t-il, comme les coyotes chassent les lapins, sans éprouver une drôle de sensation, sans se sentir soi-même un animal, le pire des animaux.
— Il y a une différence : nous avons des raisons.
— C’est la même chose, dit-il durement. Cela nous rend-il meilleurs ? Pires, dirais-je. Les coyotes, du moins, ne se donnent pas d’excuses. Nous nous imaginons vivre d’une façon supérieure, mais comme eux nous continuons à chasser en bandes comme les loups, à nous terrer tels des lapins. Tous leurs plus vilains traits.
— Il y a une différence, dis-je. C’est nous qui soumettons les loups et les lapins.
— Vous parlez de pouvoir, dit-il amèrement.
— Sur vos loups, et sur les ours aussi.
— Oh ! Nous sommes intelligents, fit-il du même ton. Nous ne les soumettons que pour exercer notre pouvoir. Oui, nous avons su leur inspirer la crainte à tous, excepté à ces pauvres choses domestiquées que l’on a privées d’âme. Nous sommes les coqs des tas de fumier, les brutes de ce monde.
— Nous n’allons pas chasser le lapin ce soir, lui rappelai-je.
— Non, mais notre propre espèce. Un loup ne le ferait pas, pas même un coyote galeux. C’est ça que nous faisons maintenant, chasser notre propre espèce. Le gibier a cessé de nous exciter.
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— Vous vous moquez pas mal de la justice, lui lança Martin. Ça vous est bien égal de pendre des innocents ou des coupables ! Vous n’en faites qu’à votre tête. Quelqu’un s’est fait voler quelque chose et il faut qu’un autre en subisse les conséquences. Vous ne voyez pas plus loin que ça.
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— Il y a une différence : nous avons des raisons.
— C’est la même chose, dit-il durement. Cela nous rend-il meilleurs ? Pires, dirais-je. Les coyotes, du moins, ne se donnent pas d’excuses. Nous nous imaginons vivre d’une façon supérieure, mais comme eux nous continuons à chasser en bandes comme les loups, à nous terrer tels des lapins. Tous leurs plus vilains traits.
— Il y a une différence, dis-je. C’est nous qui soumettons les loups et les lapins.
— Vous parlez de pouvoir, dit-il amèrement.
— Sur vos loups, et sur les ours aussi.
— Oh ! Nous sommes intelligents, fit-il du même ton. Nous ne les soumettons que pour exercer notre pouvoir. Oui, nous avons su leur inspirer la crainte à tous, excepté à ces pauvres choses domestiquées que l’on a privées d’âme. Nous sommes les coqs des tas de fumier, les brutes de ce monde.
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— Les femmes, je n’y connais rien, dis-je.
— Il n’y a pas besoin de les connaître pour le savoir, dit-il. Les ragots les plus terribles, les scandales, il n’y a rien de tel pour les réveiller, les faire parler vite et toutes ensemble, ou secrètement, comme si elles traquaient des ennemis dans leur tête. Elles aiment raconter tout ce qui peut ruiner la réputation d’une autre, la manière dont elle a regardé un certain homme, sa cuisine médiocre, elles disent qu’une autre ne tient pas sa maison propre, ne peut pas avoir d’enfant ou, ce qui est pire, pourrait en avoir mais n’en veut pas, voilà le genre de ragots qui les excite. Et savez-vous pourquoi ? [...]
— C’est parce que ça les aide à se sentir supérieures, ça leur donne l’impression qu’elles sont les loups et non les lapins. Si chaque femme pouvait obtenir ce qu’elle veut, il ne resterait plus qu’elle au monde. Elles ne peuvent pas y arriver, mais elles font tout ce qu’elles peuvent.
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— Je croyais vous avoir entendu dire que nous prenions du plaisir à tuer.
— Pas si directement que ça, me répondit-il, pas si ouvertement. Nous le faisons, parce que nous sommes dans la meute, parce que nous avons peur de ne pas être acceptés dans la meute. Nous n’osons pas montrer notre faiblesse à la meute. Nous n’osons pas résister à la meute.
— Que faudrait-il faire selon vous ? lui demandai-je. Jouer de la harpe et se frapper la poitrine en répétant que nous sommes tous mauvais, pendant que des bandits tuent un homme et pillent le pays ?
— Mais non, ce n’est pas ça. Combien y en a-t-il, croyez-vous, parmi nous, qui sont vraiment ici parce qu’on a tué Kinkaid et volé du bétail ?
— Je ne me trompe pas en disant que vous êtes parmi nous ? lui demandai-je.
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