"Tu aurais été une belle-fille parfaite, Felin. J'aurais dû me contenter de toi. Quelle idiote j'ai été. Je m'en mords les doigts, à présent."
Felin l'aurait volontiers mordue, elle aussi. Elle parvint à en rire et se cacha derrière un proverbe : "la neige de l'année dernière ne reviendra jamais."
Vous avez pris ce détail pour argent comptant, car vous êtes d'aimables lecteurs.
Vous ne faites pas partie de ceux, cruels et voraces, qui se rendent parfois au siège des éditeurs pour déchiqueter et dévorer les auteurs qui les auraient contrariés.
La dignité n'a aucune valeur sur le marché du mariage.
Vous étiez trop petite, à l’époque. Avant de contempler votre beauté, j’ai aimé votre sœur comme l’ébauche de celle que vous deviendriez. » Frelt était assez fier de cette tirade. Il l’avait répétée en traversant la montagne, au cas où sa belle ferait allusion à cette vieille histoire avec l’aînée.
Que ceux qui agitent leurs ailes d’un air horrifié se rassurent : Amer était revenue. Elle servait toujours la famille, alors qu’elle aurait pu s’enfuir dans la montagne et commencer une nouvelle vie.
Certaines se satisferaient sans doute d’un prêtre de trente pieds de long, gagnant fort bien sa vie, et qui commençait déjà à amasser les richesses qu’il transmettrait à ses enfants.
Quand l’un de mes enfants naît faible, je ne le laisse pas grandir. Je le traite comme le rejeton du plus médiocre de mes fermiers.
Les prêtres doivent rester humbles, mais ils occupent une fonction hautement spirituelle, sans doute la plus élevée en la matière au sein de la communauté. Frelt était convaincu du caractère sacré de leur statut, d’où ses splendides écailles, et de leur modestie, d’où son humble denture. Jamais il ne se serait permis de voler, même pour traverser un ravin, mais il ne s’estimait en rien inférieur à ses congénères, y compris les plus nobles. Et il dressait fièrement la tête, beaucoup plus que la plupart de ses confrères immunes.
Je devais grandir et prendre des forces, et ce n’était pas en mangeant de la viande de bœuf que j’y parviendrais. J’ai donc dévoré mon frère et ma sœur, les deux derniers survivants de ma fratrie.
Quand j’étais jeune, certains prêtres acceptaient encore de donner l’absolution à ceux qui la demandaient. Le pardon n’est devenu un péché que bien plus tard, après ta naissance. Accepter de l’argent pour absoudre quelqu’un, ça, c’était mal. Pas le fait de soulager les dragons accablés par le poids de leurs péchés. D’ailleurs, le rite de l’absolution figure toujours dans le livre des prières.