La deuxieme partie du titre - "Portrait d'une jeunesse enténébrée" - indique bien que le theme central est la culture alternative plus ou moins liée a Satan et se manifestant principalement dans le courant de l'imaginaire "gothique" et surtout du musical "black metal". L'auteur nous fait partager son point de vue selon lequel les jeunes se réclamant du satanisme sont, en regle générale, dans une phase de recherche de soi a travers l'opposition aux valeurs établies et non dans une attitude religieuse d'adoration de Satan ni un choix - a la maniere orange mécanique - de faire souffrir. Avant d'approfondir cet aspect du phénomene, l'auteur fait un peu le tour de ce fourre-tout qu'est le satanisme, en le catégorisant selon les dimensions culturels (imaginaire satanique et philosophie de vie) et cultuels (rituels et hiérarchie "cléricale"). C'est du bon travail de sociologue, rendu parfois un peu indigeste par de nombreuses citations.
L'analyse sociologique n'est ni du reportage journalistique, ni un travail de psychologue, mais il me semble qu'en restant sur une orbite purement sociologique l'auteur passe a coté de quelque chose d'important. En l'occurrence, pourquoi éviter de poser clairement des l'abord qu'est sataniste celui (ou celle) qui se réclame de Satan, qu'il (elle) croie en son existence ou le concoive comme le symbole de ce que le personnage est censé représenter, a savoir le mal comme contraire du bien selon la conception judéo-chrétienne, musulmane ou bouddhiste. Des lors, le sataniste auto-proclamé est forcément embringé dans un syteme de valeurs dont l'épicentre est, au mieux, l'individualisme égoiste et, au pire le plaisir de dominer ou meme de provoquer sciemment la souffrance chez les autres. Par conséquent, ceux (celles) qui ne se réclament pas de Satan mais adherent simplement a une philosophie hédoniste ou encore ceux (celles) qui récuperent seulement l'attirail sataniste habituel des tatouages, du piercing ou de la croix renversée dans l'idée, par exemple, de se démarquer, se donner de l'assurance ou conforter un ego fragile ne sont pas des satanistes. Une analyse moderne du satanisme reste donc a faire et, a mon avis, cela devrait etre un travail collectif a la fois sociologique, psychologique et journalistique.
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La jeunesse d'aujourd'hui qui comporte très peu de satanistes est pourtant largement avide d'imaginaire satanique. Ce Satan culturel est une béquille pour se construire, pour explorer les limites de l'existence. Satan est l'Adversaire qui construit une identité à cette jeunesse, le Diviseur qui la rassemble et l'Accusateur qui lui sert de porte-parole. Au-delà de ces fonctions en apparaît une autre qui les résume toutes: celle de Séducteur. Car celui par qui le scandale arrive est d'autant plus séduisant depuis l'apparition d'une société de masse homogénéisante. (p.176)
Le christianisme est vigoureux dans ce pays [la Pologne], l'attaquer, même symboliquement, provoque de vives réactions au contraire de la France qui ne semble pas choquée par la profanation de tombes chrétiennes. À l'inverse, la moindre inscription sur un édifice juif ou musulman soulève immédiatement un tollé dans les médias, les ministres s'empressent de faire des déclarations officielles... (p.185)
En affirmant le rôle prépondérant de la liberté individuelle, de l'insoumission face aux dogmes, de la part animale obéissant aux pulsions naturelles de l'être humain, le satanisme laveyen cristallise les goûts de cette époque en s'attaquant aux fondamentaux du christianisme. (p.26)
Dans notre lecture, il n'existe donc pas de satanisme antique, médiéval, moderne ou contemporain, le satanisme apparaît seulement en 1966. Avant cela, régnaient des pratiques qui mélangeaient imaginaire satanique, sorcellerie, culte du diable, paganisme, possession... (p.22)
Plutôt qu'être contre la religion, les métalleux ont leur propre barrière entre le sacré et le profane. Ils mobilise davantage un sacré de transgression. [...] Ils ont conscience du caractère sérieux du sacré et de sa faculté hygiéniste, d'ordonner la vie. (p.144)