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EAN : 9782952928670
112 pages
Atelier des Cahiers (30/09/2011)
4.06/5   17 notes
Résumé :
Ce court roman de l’écrivaine Pak Wan-seo met en scène une gynécologue « accoucheuse d’anges » dans le Séoul des années 1980 à trois jours de prendre sa retraite. Pendant ces trois longues dernières journées d’automne, elle fait le bilan des trente années écoulées et attend désespérément que lui soit donnée une dernière chance de mettre au monde un enfant vivant.

À travers ce portrait sans concession d’une femme face à son destin, c’est un tableau de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Seoul, années 1980 dans un quartier en pleine rénovation, une femme qui durant les 30 dernières années de sa vie a pratiqué des avortements pour des personnes "peu respectables" aux yeux de la société coréenne de 1953 s'apprête à fermé son cabinet. Avec le compte à rebours de ces trois journées, le lecteur suit pas à pas son histoire à travers un récit qui prend rapidement des allures de confessions.

Découvert dans la présentation d'ouvrages d'une booktubeuse , ce petit roman m'a tout de suite attirée, d'une part par son sujet atypique, d'autre part car il abordait (certes sobrement et en arrière plan) la période de la guerre de Corée , sujet que je n'ai jamais rencontré dans un roman.
Et quelle surprise !
Sans pathos, sans étalage et sans trop de retenue non plus, la romancière parvient en 100 pages à nous offrir un récit riche, fort et très bien construit. J'ai notamment été frappée par la façon dont elle utilise le temps dans le récit : avec le compte à rebours vers un futur, tout en faisant des allers-retours entre le temps du récit et le passé du personnage/de la narratrice.

C'est une histoire qui m'a beaucoup touchée car il parle de femmes. Les hommes sont très peu présents , et ceux qui le sont ont un rôle peu reluisant. Elle aborde la maternité qu'elle soit subie, vécue comme une tragédie ou comme un regret.
C'est un roman qui nous parle de la vie, de la mort, du changement immuable et auquel les humains semblent pourtant résister tant ils semblent prisonniers de leurs ressentiments et rancoeurs passés. Et c'est aussi et surtout un roman qui nous parle du "destin" ou des tours cruels que nous joue parfois la vie pour nous transformer.

Un très bon moment de lecture que j'ai savouré jusqu'à la dernière ligne.
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Une confession intime sans concession.

Une gynécologue a exercé 30 ans dans un quartier plutôt défavorisé en pratiquant majoritairement des avortements. Il s'agit de la périphérie de Séoul après la guerre. Trois jours avant de prendre sa retraite, elle nous livre à la première personne ses pensées les plus intimes revenant sur le passé qui l'a poussé à prendre ses décisions.

Le texte est court, c'est un récit concis et précis dans une langue fluide. Une multitude de sentiments sont évoqués, faisant naitre des émotions chez le lecteur. Plusieurs phrases sont répétées ponctuant le récit, comme une obsession, inlassablement. Elle nous dévoile deux cauchemars chargés en symbolique, qui trouvent leur sens en fin de texte.
Dans ce récit, apparaissent des personnages coréens reflétant une partie de la société de l'époque avec sa misère, ses douleurs, ses drames, ses espoirs. La condition féminine est dépeinte dans sa réalité la plus crue faite de dérision, de mépris, de violence, de tabou. Les mots choisis par l'auteur sont parfois très crus également : elle écrit et décrit sans détour.
La fin est touchante et troublante, révélant l'humanité du personnage et atteint alors une portée universelle indiscutable.

Un très beau texte lu grâce à l'envoi de l'Atelier des Cahiers et de la Masse Critique organisée par Babelio, que je remercie vivement.
Ouvrage publié en 1985 en Corée, en 2001 puis 2016 en France.
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La narratrice se raconte au travers de trente ans de vie professionnelle de gynécologue dans la banlieue de Séoul. Au début, elle entendait répondre à un besoin terriblement prégnant dans la région, du fait du grand nombre de prostituées présentes pour satisfaire les G.I. de la base américaine toute proche. C'est qu'il faut bien avorter ces femmes qui tombent enceintes.

Ces pages donnent à voir la condition très subalterne des femmes en Corée, mais aussi l'évolution du pays au fil des décennies d'après-guerre. La gynécologue, qui aura vu défiler tant de femmes dans son cabinet a vu le pays se développer, l'urbanisation galoper...Mais même une fois la base militaire fermée, des prostituées ont continué de venir, parfois de bien plus loin, lui permettant d'économiser et de se constituer un patrimoine important.

Sa première intervention a été d'aider une femme à mettre au monde un enfant, mais cela ne s'est plus jamais reproduit. Elle n'a eu qu'à pratiquer des avortements. Dans les derniers mois de sa vie professionnelle, elle n'aura de cesse de chercher à réitérer une telle intervention.

Le lecteur comprendra que cette obsession pourrait bien être le seul moyen pour elle d'exorciser son propre passé, enfoui et douloureux, et peut-être, à 55 ans, d'accéder par procuration au bonheur d'être mère, ce qu'elle n'a jamais été.

Nous sommes embarqués dans les pensées tantôt torturées, tantôt très lucides et très dures, sans doute à tendance sado-masochistes de la narratrice, à ses sentiments complexes de culpabilité, d'amour et de haine, plus encore envers ces femmes qu'elle traite et qui quelque part s'accommodent d'un système qui les fait vivre, qu'envers les maquereaux exploiteurs.

L'auteur ne nous épargne pas des descriptions percutantes, crues, de l'anatomie féminine la plus intime, tout en signant une oeuvre assez psychologique qui parvient à ne pas nous ennuyer, vu la concision du récit, une centaine de pages dans un tout petit format.

Une écriture de qualité sur un thème universel, qui est aussi l'occasion de découvrir un peu mieux ce pays finalement mal connu des occidentaux, comparé au Japon ou à la Chine.

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Les souvenirs émus d'une avorteuse coréenne
*
Merci à Masse Critique de m'avoir fait découvrir ce très court livre (il fait 105 pages). C'est mon premier ouvrage coréen.
*
L'auteure (de Corée du Nord) a construit une oeuvre exigeante, des prix littéraires prestigieux, engagée et critiquant le sort réservé aux femmes de son pays.
*
Ici, elle fait parler une obstétricienne au seuil de sa vie professionnelle, une avorteuse ayant exercé dans un quartier mal-famé de Séoul.
Un portrait poignant et bouleversant d'une femme qui se surprend à douter de ses actes passés.
*
Les trois derniers jours passés à réfléchir, à remonter le temps jusqu'à elle-même (son Moi profond qu'elle a enfoui pendant trop longtemps).
Sa haine pour ses clientes (oui c'est cru!), son mépris, sa violence dans ses propos m'a fait passer par des émotions diverses.
C'est aussi des personnages secondaires qu'elle retrouve au bout de tant d'années . Une parenthèse qu'elle a ouverte puis fermée par deux naissances. Car cette obstétricienne a gardé un humanisme caché sous l'auto-dérision de ses mots cyniques voire humoristiques. Et elle le découvrira tout à la fin.
Un récit se lisant à plusieurs niveaux avec toujours en fond l'histoire coréenne contemporaine; un dialogue fluide qui parle à tout le monde.
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Je salue d'abord l'éditeur "atelier des cahiers" pour la qualité de sa production. Choix du papier, doux, soyeux, calligraphie tendre, format agréable, tout au long de ma lecture j'ai eu le sentiment de tenir en main un bel objet, plutôt précieux.
Lectrice d'auteurs coréens et de romancières coréennes également, j'ai ainsi découvert Madame Pak Wan-Seo, dont j'ai lu une première oeuvre "Trois jours en automne".
Je dirai d'emblée que je me suis procurée ses autres livres traduits et publiés en France (sans les avoir lus pour le moment).
"Trois jours en automne" est une introspection, sans être nombriliste ni égotiste. Un regard sur à la fois les trois derniers jours de la vie professionnelle d'une femme, médecin, gynécologue, qui a décidé de prendre sa retraite, et un regard sur les trente ans de sa carrière.
Une vie qui prend fin, qui s'éparpille, et qui se termine, comme les feuilles des arbres en automne.
La métaphore à la fois poétique, tendre et tragique est magnifiée par l'histoire de cette femme, qui en tant que gynécologue aurait dû donner la vie, mais qui n'a servi qu'à donner la mort. Certes, à la demande de ses patientes. Ainsi au cours de ces trois derniers jours de vie professionnelle, elle n'a qu'un désir, celui de donner la vie.
La force de ce roman et de son auteur est qu'elle met en parallèle cet automne professionnel (retraite) mais aussi personnel (âge), et la destruction d'un quartier "historique" de sa ville, pour laisser place à la modernité des constructions type HLM.
C'est à la fois une forme d'hymne à la vie, et aussi une longue lettre d'adieu.
Belle écriture, épurée.
Belle lecture qui fait venir beaucoup d''émotions quant à cet automne de la vie.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les yeux que j'ai mis à mort, les yeux de la taille d'une graine qui n'ont jamais et ne seront jamais allumés de l'éclat d'une conscience, semblent transpercer d'un coup mon passé et mon présent, et je frémis. Éclairée dans les plus petits détails par ces yeux qui me fixent, ma vie est plus pathétique que celle d'un mendiant, et mes mains sont tachées de sang.
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J'ai cherché de la sorte à alléger l'injustice dont j'ai été victime en imposant sans fin à d'autres, par tous les moyens, le souvenir d'un martyre que j'ai dû vivre parce que je suis une femme. Jamais cependant le sentiment d'injustice que je ressens n'a diminué. Plus je rends les autres viles et paumées, plus je deviens moi-même paumée et vile.
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Le sens commun suppose que le sexe d'une femme vertueuse est propre et que celui d'une prostituée est sale. Toutefois, un examen rapproché de leur intimité vous prouverait le contraire. Le sexe de certaines prostituées est aussi propre que le visage d'un idiot. D'un autre côté, plus une femme se croît vertueuse, moins elle est honteuse de la saleté de son sexe. Il y a peut-être une analogie avec le fait que le salon où l'on reçoit les invités soit la pièce la plus propre de la maison.
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Je plaçais aussi une table d'examen qui permettait aux femmes de dévoiler leurs parties intimes comme si c'était leur visage. Avant de s'y étendre, on pense que c'est tout simplement un appareil médical confortable conçu le plus scientifiquement du monde. Après y avoir pris place, on comprend cependant combien c'est un instrument d'oppression déshonorant pour les femmes. Je grinçais des dents en me souvenant du sentiment d'humiliation gratuite que j'avais ressenti.
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Son visage était serein, et il avait l'air de vibrer de plaisir aux revirements qu'offrait la vie.
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Videos de Wan-seo Pak (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Wan-seo Pak
Présentation de la novella "Trois jours en automne", de la romancière Pak Wan-seo, traduite en français par Benjamin Joinau et Lee Jeong-soon.
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