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Yvonne André (Traducteur)Stéphane Lévêque (Traducteur)
EAN : 9782877308069
676 pages
Editions Philippe Picquier (24/02/2006)
3.51/5   34 notes
Résumé :
Il est des livres qui, par la richesse des liens qu'ils savent créer et la beauté ciselée de leur écriture, prennent dès la première lecture la dimension d'un classique. Tel est le cas du chef-d'œuvre de Wang Anyi, le Chant des regrets éternels. Ce roman est tout entier traversé par la palpitation d'une ville, la mythique Shanghai, dont le destin se trouve intimement lié à celui d'une femme: Wang Ts'iyao, au prénom évocateur. "Pure Jade". Reine de beauté dans le fla... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai constaté que le Chant des regrets éternels n'avait eu aucune critique sur Babelio et cela me peine car c'est un livre empreint d'une beauté mélancolique, d'une nostalgie douce et superbement écrit. Wang Anyi vit à Shanghaï depuis son enfance et Shanghaï est au centre de ce livre dont le titre à lui seul fait rêver, titre emprunté à celui d'un conte ancestral chinois du poète Bai Juyi (IXème siècle).
Le destin du personnage féminin qui porte le nom de T'siyao «Pure Jade» est intimement lié à celui de la ville de Shanghaï qui est comme une partie d'elle-même. «Pure Jade « est une jeune fille de 16 ans au début du livre en 1945 et en a 57 à la fin, dans les années 80.
Nous partageons sa joie de vivre, son insouciance comme celle de la ville grouillante de vie, aux ruelles animées jusqu'en 1948 puis les désillusions, la difficile survie sous le régime maoïste et l'ouverture économique des années 1980 . Tout au long du récit la ville comme l'héroïne survivent à tout et gardent toujours charme et beauté.
Tout cela dans une langue très belle poétique et sensuelle.
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En 1946, Ts'iyao a 16 ans, la beauté et l'insouciance de la jeunesse. Elle fréquente les studios de cinéma, pose pour un photographe et devient "Troisième Miss" de Shangaï. La guerre n'est pas loin mais la jeune fille et la ville s'en moquent. Découvrir la vie, en profiter, c'est tout ce qui importe. Modernes, joyeuses, libres et terriblement vivantes, telles sont Ts'iyao et shangaï.

Entretenue par un haut dignitaire, Ts'iyao est obligée de s'exiler à la campagne quand les évènements politiques s'emballent. Elle goûte aux joies d'une vie plus simple mais, très vite, sa ville lui manque cruellement. Elle y retourne et s'installe dans l'une de ces petites ruelles qui font le charme de la ville. Encore jeune, Ts'iyao n'a cependant plus d'espoir de se marier. Des rumeurs courent sur son passé de courtisane...Elle devient donc infirmière, se fait des amis dans son quartier et tombe même amoureuse. Shangaï a changé avec le communisme mais fondamentalement la ville est restée la même. Seules les priorités se sont déplacées de la recherche du dernier accessoire à la mode à la recherche de nourriture mais la joie de vivre est toujours là. L'ère Mao a bouleversé le quotidien mais les mentalités sont intactes et , les temps ont beau être durs, Ts'iyao reste sereine. Entre parties de mah-jong et goûters improvisés, elle porte un enfant qu'elle choisit de garder malgré l'impasse de sa situation amoureuse.

Dans les années 80, Shangaï semble revivre après des années de plomb. A nouveau, les jeunes filles -dont Wei-Wei, la fille de Ts'iyao- arpentent le Bund, l'artère principale de la ville, pour faire les boutiques et s'afficher dans les dernières tenues à la mode. Ts'iyao n'est pas en reste. de sa jeunesse, elle a gardé le charme, l'élégance et le goût des belles choses. Ses amis font partie de la jeunesse qui fait la ville. Ts'iyao sort le soir et retrouve l'insouciance de ses 20 ans.

En 1986, Ts'iyao a vieilli. Sous les fards, les traits sont marqués par l'âge. Shangaï brille de mille feux mais si on y regarde de plus près, les façades se lézardent, elles aussi marquées par le temps qui passe...

1946/1986: 40 ans de la vie d'une femme, 40 ans de la vie d'une ville.
Un roman magnifique tout en finesse et élégance qui conte le destin d'une femme et à travers elle d'une ville. A l'insouciance succèdent les désillusions mais on ne ressent aucune amertume, plutôt une magnifique aptitude à s'adapter à tout, à accepter son sort et à tirer le meilleur de chaque situation. le style est poétique, le ton n'est jamais larmoyant et les choses sombres sont abordées par petites touches pudiques. Ce livre est un hymne à la vie, et même la survie, à la beauté des choses et à l'espoir doux-amer d'un avenir meilleur.
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Ce livre rend compte de la vie d'une jolie chinoise de Shanghai issue d'une classe modeste qui traverse, comme en apnée, les bouleversements qu'a connu la Chine depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Point ici de réflexion politique mais omniprésence du temps qui coule en charriant les débris des vies et de l'implacable soumission aux codes.

De mon point de vue, l'intérêt principal de l'ouvrage tient dans l'illustration de la condition féminine et des relations femmes-hommes traditionnelles en Chine, au fil des tribulations de l'héroïne Wang Ts'iyao. Par touches successives, Wang Anyi compose un tableau où chaque point, ressortant des situations concrètes créées, est très précisément fixé, l'ensemble constituant in fine une toile assez complexe et plutôt cohérente malgré les paradoxes; réaliste, me suis-je dit a posteriori, s'agissant d'une femme écrivant sur une femme.
On peut éventuellement s'intéresser aussi aux généreuses évocations de la ville et de quelques quartiers, des repas et des mets populaires, des vêtements et de la mode féminine. Très honnêtement, je n'en ai apprécié, et de façon toute relative, que l'enrichissement informationnel que leur mise en scène apporte à la personnalité et au caractère des protagonistes.
L'écriture, plus exactement la traduction en français, est soucieuse de précision et de variété; la finesse de certaines analyses côtoie la naïveté d'autres digressions; le style est fluide et même délayé; il en ressort une impression de souplesse, mais aussi, hélas, de facilité, se manifestant en particulier par de nombreux lieux communs, banalités relevant du "bon sens" mais jamais établies touchant par exemple au caractère des personnages et même métaphores au rebours des connaissances scientifiques élémentaires. Poésie? Soit ...
Le mode de narration choisi privilégie fortement le rapport par l'auteure, observatrice, des réflexions, sentiments, pensées affectant les personnes au détriment des dialogues, quasiment absents. Il s'ensuit, pour le lecteur, un effet de distanciation qui nuit à l'émotion et plus globalement à son implication.
En dépit d'un manque d'intérêt rapidement ressenti et de l' ennui qui en découle, je me suis fait un devoir de finir la lecture par "conscience professionnelle" et respect de l'auteure et son oeuvre.
Je ne doute pas que certaines ou certains, y étant plus sensibles par naissance ou par vocation, l'apprécieront.
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Voici un livre qui a priori n'avait pas grand chose pour me plaire : une vie d'occasions manquées, des grands sentiments contrariés par les conventions sociales, des péripéties somme toute mineures, les petits riens du quotidien, le temps qui file, et au final que reste-t-il ? Les regrets du titre, sans doute.

Mais quelle écriture ! Il suffit de voir le nombre inhabituel de citations que j'en ai tiré, et surtout de les lire, pour constater cette élégance intemporelle qui nous emporte, page après page, sans nous lasser, dans cette nostalgie qui imprègne tout avec douceur et légereté. Oh, j'ai bien eu un petit peu de mal à entrer dans le livre, qui commence par quatre chapitres de pures descriptions, mais ce petit effort en vaut vraiment la peine. Ce livre a en fait deux protagonistes principaux, que l'on va suivre sur une soixantaine d'années : Shangaï, la ville, et Wang Ts'iyao, la demoiselle. Elles traversent toutes deux ces années marquées par la grande histoire (la révolution culturelle entre autres), sont affectées et changées par celle-ci mais gardent l'une comme l'autre leur identité malgré tout. Autour de Wang Ts'iyao gravitent de nombreux personnages, tous soignés, que l'on suit un temps, que l'on perd, retrouve parfois, et qui forment en creux un portrait saisissant de la population de cette ville singulière.

Un grand livre sans nul doute.
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Le roman de Shangai
Portrait d'une ville : Shangai, mais avant tout portrait d'une femme qui en devient presque le symbole. En relatant sa vie de 1945 jusqu'après la révolution culturelle, elle nous montre sa force incroyable et le drame qui la caractérise : toujours vouloir ce qu'elle ne peut obtenir. Ce roman dénote une ambiance fascinante et pleine de poésie, il est aussi d'une finesse psychologique remarquable. Les personnages sont attachants et comme laissés au bord du déroulement de l'Histoire.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Seul le foyer reprenait vie, s'embrasait pour stimuler les corps et les âmes. C'était le moment le plus doux, près du poêle. Tous leurs désirs s'étaient mués en un besoin de réconfort mutuel, rien d'autre n'avait d'importance à leurs yeux. De toute façon, qu'importe que l'univers s'effondre ! À quoi bon penser aux événements d'hier et à ceux de demain ? Ils épluchaient des marrons grillés au parfum entêtant. Ils échangeaient les mots les plus anodins dont chacun, venant du plus profond d'eux-mêmes, exprimait toute la douceur de leur être.
(...)
Ils disaient : "À demain" mais ils ne souhaitaient pas voir la veillée finir, car même si demain devait être mieux qu'aujourd'hui, demain signifiait l'inconnu de l'avenir, tandis que cette soirée, ils la tenaient au creux de leurs mains. Rien n'était plus juste que d'ouvrir ainsi une brèche dans le cours du temps, un temps qui s'écoulait cependant goutte à goutte et dans un instant, ils devraient se résoudre à partir.
(...)
Tous ces petits rien servaient d'engrais aux choses importantes, qui croissaient nombreuses sur les ossements de ces menus riens. Mais ces insignifiances ne méritaient aucun dédain car, bien que poussières de ce monde, elles dansaient dans les rayons du soleil, dès son lever.
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Sous la fenêtre, le vacarme de la ruelle et le pépiement des moineaux parlaient pour eux. Ces menus bruits n'étaient que fragments infimes de regrets éternels et d'amour sans fin, épandus sur eux. Ils exigeaient d'eux tous leurs efforts. Quand l'ombre gagna, plongeant la pièce dans le noir, ils n'allumèrent pas la lumière. Le temps et l'espace abolis ne laissaient subsister que la chaleur et la vérité de leurs deux corps enlacés.
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Si on avait pu soulever le toit de cette résidence, on aurait découvert un gracieux spectacle, formé d'un monde de mousselines, de franges et de velours, où même les meubles irradiaient la douce luisance du brocart. Ce monde doux et chatoyant était orné à profusion de mousseline et de crêpe du sol au plafond. Il se paraît d'une débauche de broderies sur les tapis de bain, les coussins des fauteuils, le dessus-de-lit et le jeté de table. C'était un univers créé de mille points et de dix mille aiguillées de soie à broder, dans une gamme infinie de coloris qui pouvait aller jusqu'à cent nuances différentes de rouges.
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"Les ruelles de Shanghai sont sensuelles, intimes comme le contact de la peau ; fraîches et tièdes au toucher, on les peut appréhender mais elles gardent leur part de secret. "
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Dans les champs, des centaines de fois, on avait semé au printemps et récolté à l'automne. C'est cela qu'on entend quand on dit "vieux comme le monde". Rares sont les hommes capables d'affronter l'angoisse profonde que suscite cette pensée, évocation de vies brèves comme celles des lucioles, qui s'éteignent en un clin d'oeil.
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