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Critique de deidamie


Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui on change ! on va commencer la critique par un faux conte qui fera aussi office de flash-back et de racontage de vie ! Et ouais, je suis comme ça, je fais des trucs de ouf.

« Il y a fort fort longtemps, genre un mois, aux jours bienheureux où nous pouvions flâner entre les rayons, rêver à tous ces ouvrages tout en déplorant de ne posséder ni l'argent, ni la place, ni le temps pour lire tout ce qu'on voudrait, une Gentille Déidamie repéra ce joli livre à la couverture prometteuse : le prince et la couturière, signé Jen Wang.

Gentille Déidamie, avec une fierté toute française, se félicita aussitôt : « Waaaaouh. C'est magnifique. Qu'est-ce qu'on est forts en BD, nous, les Franco-Belges… je suis bien contente d'avoir accès à des oeuvres aussi belles. »

La Méchante Déidamie, jamais bien loin, intervint : « Franco-belge, hein ? Franco-belge d'où exactement ? Laisse-moi voir » et de fouiller le livre jusqu'à trouver : « Traduit de l'américain. »

« Ha ! Elle va un peu loin, d'un coup, ta Franco-Belgie ! » ricana-t-elle pendant que Gentille Déidamie couinait de surprise et prenait un coup sévère dans son chauvinisme artistique et culturel.

Elle ne mit pas longtemps à se remettre cependant et partit avec le livre sous le bras, ce qui est une façon de parler parce qu'il se trouvait avec d'autres congénères dans un sac… »

Le Prince et la couturière, de Jen Wang ! Je suis tombée sous le charme de cette couverture avec ces deux persos qui regardent le lecteur : la frimousse ronde et chaleureuse de la couturière, la chevelure ondoyante et la pose valorisant la féminité du prince… la féminité du prince ? Voilà qui piquait ma curiosité.

Or donc Francès, couturière de son état, fournit une robe de son cru à une demoiselle se rendant au bal du prince. Son travail est remarqué dans tous les sens du terme. Elle est aussitôt embauchée par quelqu'un pour confectionner des robes... et ce quelqu'un n'est autre que le prince lui-même !

Oh, je vous entends, qu'est-ce que vous croyez ? « C'est un prince, gna gna gna, c'est une couturière, gna gna gnière, tu veux nous filer de la niaiserie, gni gni gni… »

Et vous savez quoi ? Vous pourriez être surpris… La relation entre le prince et sa servante ne ressemble pas à celle tracée dans les contes habituels : Francès n'a pas besoin de lui pour exister et elle compte bien s'accomplir par elle-même.

Je parlais plus haut de la beauté du dessin que je trouvais similaire à nos BD franco-belges, n'est-ce pas ? Une ligne claire, des couleurs plutôt douces et bien contrastées… Ben ce n'est pas tout ! Il me semble retrouver dans le découpage des cases une forte inspiration de manga, avec des planches alternant des cases ouvertes et fermées. L'arrière-plan de fruits et fleurs derrière le prince lorsqu'il porte sa robe jaune surtout m'y a fait penser. Lire le prince et la couturière, c'est un peu comme lire un shojo, mais en couleurs, en lisible et en un seul tome ! Je trouve le résultat superbe, à rouler sur le tapis en agitant une patte arrière.

Et pour rester dans le côté esthétique, j'aime beaucoup la façon dont les personnages sont représentés. Pas un seul visage n'est parfait, tout le monde possède un défaut physique, voire plusieurs. J'ai adoré la diversité des physionomies, certaines donnent un côté un peu caricatural, comme Emile, mais je trouve que le trait reste tendre.

L'histoire, quant à elle, célèbre avec finesse les vertus de la tolérance et de la mode. La tolérance, parce qu'on se sent mieux lorsqu'on est accepté pour ce qu'on est, ça, je ne vais pas vous l'apprendre ; la mode pour ce qu'elle peut réussir : vous faire sentir plus fort.e, plus puissant.e en vous mettant à l'aise avec vous-même. En vous embellissant au lieu de vous contraindre. Et là encore, j'adore la portée pleine de positivité de cette histoire. Fan des robes du XIXe siècle, mon petit coeur frivole fut comblé de fanfreluches et de froufrous.

Alors certes, l'on pourrait m'opposer que certaines robes sont improbables, que le vocabulaire parfois ne sonne pas vraiment d'époque… mais quelle importance ? le dessin offre de la beauté, l'histoire procure du bien-être et de la joie, et, en cette année calamiteuse, il serait bien dommage de s'en priver.

Là-dessus, terminons notre conte.

« L'histoire ne précise pas si les deux Déidamie furent heureuses pour toujours. Pour ma part, je pense que c'est plutôt improbable. Ce dont on est sûr, en revanche, c'est qu'elles étaient ravies d'avoir acheté une si belle bande dessinée. Elles la prêtèrent, la relurent, l'offrirent à leurs proches et se réjouirent de pouvoir savourer et partager de bons ouvrages. Bonnes lectures et prenez soin de vous en ces temps troublés. »
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