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La belle histoire de l'art. La Naissance de Vénus et le Printemps de Sandro Botticelli. À l'aide d'un vaste matériau documentaire (peintures, gravures, dessins, archives, ouvrages imprimés), Warburg part sur les traces des figures de Botticelli. Les identifier toutes, en retraçant leur iconographie au travers des sources dont disposait le peintre. Tracer le programme de ces deux oeuvres, en identifiant l'intellectuel qui a conseillé l'artiste. Comprendre les ambitions et les contradictions à l'oeuvre. Il s'attache particulièrement à la figure de la nymphe dansante, cheveux et vêtements au vent. Plusieurs essais s'intéressent à ces très riches familles de Florence, appartenant au cercle des Médicis, marchands et banquiers, dont les affaires les amenaient à la puissante cour de Bourgogne, dans les Flandres et même à Londres, et qui ont commandé leur portrait aux peintres du Nord (Van Eyck, Memling). Il est également question des portraits des peintres florentins. Warburg sort d'une stricte histoire de l'art centrée sur l'artiste ou sur les styles. En introduisant dans son analyse tout une gamme de documents et de considérations diverses (un testament, un jeu de cartes…), il s'intéresse aux interactions qui s'incarnent à un moment donné dans un tableau. Sociologie, psychologie, économie, il restitue tout un monde, l'agitation d'une rue de Florence ou les préoccupations d'un banquier. Winckelmann a dressé de l'Antiquité une image de sérénité et de dignité, louant le Laocoon pour exprimer la terreur, tout en conservant sa grandeur. Warburg reproche à Winckelmann de ne pas avoir entendu crier Laocoon. Pour lui, les artistes de Florence ont puisé dans l'Antiquité des modèles de personnages pathétiques, dont les mouvements du corps traduisaient l'agitation de l'âme. Il nuance fortement l'image d'une Renaissance en marche vers la raison, armée de sa perspective mathématique, de ses grandes silhouettes sereines, peignant la richesse d'une région et d'un temps assurée de conquérir l'Occident. Sinon, pourquoi un marchand florentin ferait-il figurer des centaures sur son sarcophage ? Comment la figure païenne de la sauvagerie peut avoir sa place dans un imaginaire pleinement chrétien ? La Florence dont il s'agit est celle d'avant Savonarole, celle qui intègre les démons anciens dans un solide christianisme médiéval. Ici l'énergie individuelle permet le compromis entre des polarités qui pourraient être contradictoires. Plusieurs essais portent sur l'astrologie (notamment sur les fresques du Palazzo di Schifanoia de Ferrare ou les gravures circulant en Allemagne à l'époque de Luther). Ici une érudition très fine permet à Warburg de tracer son chemin parmi les divers almanachs et traités d'astrologie (et de me laisser totalement sur le bord du chemin), afin de retrouver l'origine de représentations qui, pour nous, ont perdu toute signification. Un essai porte sur la façon dont l'Antiquité est parvenue à Albrecht Dürer et ce qu'il en a retenu, sur la façon dont Dürer a aimé puis rejeté la gestuelle baroque de l'Antiquité (et oui). Il y a aussi un essai qui raconte tout le délire au sujet de la date de naissance de Luther. L'auteur ne se concentre pas uniquement sur les beaux-arts (fresques, peintures, marbres) et considère qu'il existe une culture de l'image qui inclut les gravures, les tarots, les tapisseries, les bijoux. C'est de la belle érudition ! Lien : https://chezmarketmarcel.blo.. + Lire la suite |