Bien que ce roman soit sensé être contemporain, il y règne une ambiance de début de vingtième siècle avec des influences aussi diverses qu'
Agatha Christie et le roman Rebecca ( d'ailleurs cités ).
Mrs Westaway, une vieille dame, vient de mourir, laissant un héritage plus que conséquent, et le livre démarre avec Harriet (surnommée Hal) , qui, alors qu'elle se croyait orpheline et très seule, apprend qu'elle est nommée dans le testament au titre de petite-fille de Mrs Westaway. Ce ne peut être elle, elle en est sûre , sa date de naissance ne correspond pas, mais comme elle est fauchée, qu'elle a un usurier menaçant aux fesses, elle décide de jouer le jeu, s'attendant à peu d'argent. Qui mieux qu'une tireuse de tarots, qu'une "menteuse professionnelle" , pourrait escroquer cette famille ?
Mais très vite Harriet se rend compte qu'elle ne joue pas pour une petite somme, que ça la dépasse. Oui, mais voilà : l' usurier et ses hommes de main guettent...
Alors, que faire ?
Entre précarité, usurpation d'identité, menaces, scrupules, peur, hésitations, Harriet fera un pas en avant, un pas en arrière, troublée par cette famille qui lui tombe du ciel, troublée par la domestique qui ne veut pas d'elle et qui a tout d'une madame Denvers, troublée par sa méconnaissance du passé de sa mère, troublée par son criant besoin d'argent, troublée par les secrets qu'elle préssent.
La maison est un vrai personnage à elle seule : lugubre, décrépie, suintant le malheur, immense, avec sa pièce qui se ferme de l'extérieur, sa cave, son lac, son labyrinthe...
Mrs Westaway, fantôme absent, mais tellement présent grâce au testament, grâce aux enfances de ces trois oncles dont hérite Harriet et grâce surtout à cette domestique, vieille, usée, mais terriblement méchante , qui "sert" toute cette famille et qui lui est fidèle.
Et puis, il y a les tarots, les cartes que tire Hal, les anecdotes, les réflexions autour de ce jeu divinatoire, les espoirs placés sur les cartes, l'interprétation qu'en fait la jeune diseuse de bonne aventure. Je ne suis pas sensible à ce métier, mais là , ça apporte un mystère, du charme, des idées philosophiques et de la poésie qui m'ont beaucoup plu.
C'est un roman d'ambiance, en cela , il est extrêmement réussi, les pages se tournent toutes seules, mais il est très lent, très introspectif (on est dans la tête d'Harriet et on est confronté à ses hésitations). Et si les pages se tournent toutes seules, il ne fait pas vraiment peur (ou plutôt, la peur est sourde, tapie...).
Un roman original, qui a une vraie "gueule d'atmosphère."..