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1938. Thomas revient dans les Ardennes belges après 8 ans passés au Congo. La Belgique est alors essaimée par les rexistes qui entendent éradiquer les communistes. Charles, le frère de Thomas qui soutient l'idée d'une Belgique forte capable de faire respecter sa neutralité, adhère aux idées pro-rexistes de Léon Degrelle. Thomas bien qu'antifasciste, n'aspire quant à lui qu'à refaire tranquillement sa vie. Mais sa rencontre avec Assunta, une séduisante espagnole qui a fui la guerre d'Espagne en rejoignant les Brigades internationales pro-républicaines, bouleverse ses molles convictions. Pendant ce temps, la montée de l'antismémisme coïncide avec l'ascension de Hitler. La signature des accords bidons de Munich (10/09/1938) pour l'annexion des Sudètes , les terribles événements de la Nuit de Cristal (09/11/1938) et l'arrivée des Franquistes au pouvoir excitent les vélléités des rexistes et menacent de plus en plus la paix de la Belgique. Dans le village ardennais paisible en apparence, se trament avec complexité les actes de l'avant-guerre... Ce premier tome des Temps nouveaux (Le retour), récit teinté de sensualité sur fond d'intrigue historique et politique et mis en scène dans de superbes décors bucoliques, appelle inévitablement la lecture du second tome...

Malgré la faible épaisseur de l'album (quelques 60 pages à peine), la rédaction du résumé des Temps nouveaux m'a été difficile : mêlant récit historique et romance, Éric Warnauts et Guy Raives m'ont donné l'impression de n'avoir pas su concilier les deux genres. D'un côté, les événements historiques nombreux et complexes sont éludés en à peine quelque pages. de l'autre, les détails sur relations entre Alice (amour de jeunesse de Thomas à présent mariée à Charles) et les rivalités entre les deux frères qui en découlent, occupent tant de place dans l'album qu'on a du mal à garder en tête la dimension historique du récit. La chronologie en fin d'ouvrage n'a d'ailleurs à mon sens que très peu d'intérêt car la bande-dessinée passe trop vite sur les événements. Peut-être est-ce dû au travail à 4 mains ? Il ne manquait pour ma part qu'un meilleur équilibre des genres pour que cet album me séduise complètement...

D'un point de vue graphique, Les temps nouveaux est un album très esthétique : le réalisme des décors, les ambiances champêtres, la minutie des traits, les expressions des personnages mais surtout la colorisation des planches, est très réussie. La couverture en témoigne : elle a d'abord attiré mon regard grâce à ses couleurs. Malgré cela, et c'est le danger lorsque le dessin est réaliste, les traits des personnages sont parfois inégaux et c'est bien dommage car la bande-dessinée reste un très bel objet. Ceci dit, ce récit ne manque pas d'intérêt. C'est donc avec plaisir que je lirai le second tome. A découvrir donc...

Je tiens encore à remercier les Éditions le Lombard et Babelio pour ce beau partenariat qui s'inscrit dans le cadre du Club des Chroniqueurs Signé et je suis encore navré pour cette publication tardive de la chronique.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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"Les temps nouveaux" de Warnuts et Raives est une histoire parue en 2011 et il s'agit d'une histoire en deux tomes. Dans un village de l'Ardenne belge, en 1938 un homme Thomas revient après avoir vécu huit ans au Congo belge.

Il retrouve Alice, son amour de jeunesse ; elle est maintenant la mère des enfants de son frère Charles. Si Thomas craint la montée du fascisme, par contre Charles notable catholique respecté est favorable au rexisme. C e mouvement dirigé par Léon Degrelle est favorable aux régimes autoritaires et nombre de ces militants tomberont dans la collaboration.

Thomas a une vie sentimentale bien complexe, il renoue avec Alice et par ailleurs entretient des relations avec une Espagnole rouge réfugiée. Par ailleurs une personnalité comme le curé, ami de Thomas, est croqué de façon bien sympathique.

L'esprit de mystère et de ruralité qui plane toujours dans d'autres BD qui choisissent le massif de l'Ardenne pour décor est bien rendu (voir en particulier les albums de Servais/Dewamme et Comès). le graphisme est très réaliste et il prend ponctuellement des tonalités sensuelles, si nombre de BD historiques ont une illustration de ce type, ici se rajoute une dimension onirique.

Liège, en particulier ses charbonnages et son palais de justice, constituent la dimension urbaine du récit. le tome 2 démarre aux jours de la Libération de la Belgique, si le lecteur n'a pas suivi l'évolution des personnages au présent entre 1939 et 1944, il va découvrir qui et comment paye à tort ou à raison le prix de ses engagements apparents ou de celui de ses proches. Par ailleurs l'arrivée des troupes américaines entraînera des histoires d'amour nouvelles. En la matière de représailles contre les collaborateurs de surface (résistants dans l'âme), on pourrait bien revoir des situations très semblables à celles que vécurent certains personnages de la série de BD "Les maîtres de l'orge" au sortir de la Première Guerre mondiale.

Des similitudes existent, entre la montée des mouvements d'extrême-droite dans les années 1930 et le solde des années d'occupation, avec la Belgique et la France, le lecteur de l'hexagone revisitera avec intérêt cette période ici déclinée outre-quiévrain.
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C'est une approche originale de l'époque "avant-Seconde Guerre mondiale" qui nous est proposée ici. du côté belge, on découvre Alice, une jeune femme pour laquelle deux frères se divisent. Alors que l'un (Thomas) vit d'amour et d'eau fraîche, l'autre (Charles) aspire à une carrière politique et à une vie de famille posée. En quittant la Belgique pour le Congo, Thomas règle ces querelles. Mais quand il revient 8 ans plus tard trimbalant à son bras une réfugiée espagnole, toujours aussi insouciant malgré son paludisme, Alice ne peut s'empêcher d'être attirée par lui. Elle ravive du même coup les anciennes rivalités.

Il y a plus qu'un simple arrière plan historico-politique à cette histoire, c'est toute l'intrigue qui se base sur l'engagement politique et les convictions. Dans le fond, il y a ceux qui se préoccupent de la guerre par conviction, et ceux qui s'en occupent pour pouvoir "pécho" (il a la classe le Thomas, j'vous dis !) Difficile à vrai dire de définir quel personnage est le détestable. Thomas le je-m'en-foutiste, Alice l'indécise ou Charles l'égoïste: les auteurs nous ont trouvé un trio sacrément peu moral. Assunta par contre, l'immigrée, et la gérante du petit restaurant sont nettement plus attachantes!

Le traitement des personnages ainsi que les décors sont agréables à regarder. Si le concept du dessin à quatre mains est original (Eric Warnauts au scénario et Guy Raives à la couleur), il ne se ressent pas du tout, ce qui est un peu dommage ... Car le tout donne une bande-dessinée historique somme toute assez classique.

C'est sympathique. Sans plus.

A voir surtout ce que ça donnera dans le seconde volet !

Merci à Babelio et aux éditions le Lombard pour cette BD !
Lien : http://mariae-bibliothecula...
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Nous sommes en 1938, dans les Ardennes belges.
Thomas revient de plusieurs années passées en Afrique.
Alice, son amour de jeunesse a épousé son frère Charles qui a lui-même épousé les idées nationalistes de Rex : "Je veux une Belgique forte, unie et déterminée à faire respecter sa neutralité. Je ne pense pas que cela puisse se faire sans un réveil nationaliste.".
Il ne reste que son meilleur ami, Joseph, un curé, pour lui servir de confident et de soutien, et Assunta, une jeune communiste ayant fui l'Espagne, qui partage sa vie et essaye de lui ouvrir les yeux sur l'embrasement qui guette l'Europe : "Ouvre les yeux, regarde autour de toi, les fascistes progressent partout ! Et ils se soutiennent.".
Mais Thomas ne sait pas, il hésite, il se laisse porter par la vie et continue son quotidien : "Moi, je n'ai que des doutes … et des interrogations. Aucune certitude !".

Cette série en deux volumes propose un concept intéressant.
Ici, il n'est question que de l'avant guerre, de certaines personnes comme Assunta qui ont des idées bien précises et d'autres qui ne savent pas encore comment se positionner.
Mais c'est aussi une histoire de famille, de rivalités entre deux frères, d'un homme qui fuit son passé proche pour une raison mystérieuse et qui revient à ses racines.
Ce récit contient volontairement une part de mystère que le lecteur doit imaginer par lui-même, mais là ne repose pas le coeur de l'intrigue.
J'ai surtout découvert la situation de la Belgique d'avant guerre que je ne connaissais pas trop.
A ce titre, les repères historiques en fin de volume sont instructifs.
La construction de cette bande dessinée est également originale.
Eric Warnauts a fait le scénario, Guy Raives les couleurs, pour les dessins c'est du quatre mains, ce qui est plutôt un concept original.
Pourtant, cela ne se ressent pas à la lecture, je n'ai pas trouvé de "cassure" dans le graphisme, même si parfois je n'aime pas la morphologie de certains personnages : Joseph le curé par exemple, il a des traits tellement discrets qu'il donne l'impression d'être en retrait par rapport à Thomas.
Les couleurs sont par contre très bien choisies et j'aime voir Assunta porter du rouge vif, c'est d'ailleurs le personnage le plus fort qui reste fidèle à ses idées et se bat pour elles : "La lutte continue … Jusqu'à la victoire finale !".

Ce premier tome des "Temps nouveaux" met en place des personnages forts qui très vite se trouvent aspirés dans le tourbillon de la guerre et que le lecteur a hâte de retrouver par la suite.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Premier tome d'un diptyque sur fond d'histoire de famille et se déroulant en Belgique quelques semaines avant le début de la seconde guerre mondiale et la mobilisation.
La rivalité de deux frères qui dure depuis des années va ressurgir au retour d'Afrique du cadet.
On les quitte à la fin de ce tome alors que l'un doit servir son pays et que l'autre en est exempté pour cause médicale.
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Les Temps Nouveaux est un titre qui résonne un peu comme le fameux film de Charlie Chaplin. C'est un peu trompeur car l'action se passe en 1938 dans les Ardennes belges autant dire dans un coin paumé où le destin du monde n'est pas en jeu. Ce titre évoque une époque charnière où les nationalismes vont prendre le pas et entraîner le monde dans une logique de guerre. C'est cela la nouveauté ?

Nous n'en sommes pas encore là puisque la bd traite du retour prodige d'un frère libertin aux idées révolutionnaires. Quoi de mieux que le Congo belge pour se refaire une santé ! Bref, la bd va jouer sur la rivalité de deux frères qui semblent être opposés aussi bien politiquement que pour le coeur d'une femme. Il est également question d'un parti rexiste tenu par un clone d'Hitler qui aurait d'ailleurs eu les sympathies d'un certain Hergé. On constate que la Belgique était toujours aussi divisée.

Il ne se passera finalement pas grand-chose tout le long de ce premier tome qui semble poser les personnages. Cependant, on pourra admirer les beaux paysages wallons avec ses petits villages et son côté forestier qui fleure bon les produits de terroir. Cette bd ressemble un peu à celle de Gibrat à savoir « Mattéo » mais sans en atteindre la force et le dynamisme. Cela reste une lecture sympathique et intéressante sur la Belgique pendant ces temps troublés. Je précise qu'il s'agit d'un diptyque.

Le second tome viendra clore cette histoire où l'action va littéralement piétiner. Il est dommage d'avoir fait un grand bon en avant de 5 années pendant lesquelles on occulte la guerre ce qui aurait pû être intéressant. On découvre que le héros n'est que le témoin de la grande Histoire. Il y aura tout juste une révélation dans cette période trouble de la libération des Ardennes belges où l'heure est au règlement des comptes. Bref, c'est une chronique de guerre ni plus ni moins qui met l'accent sur la reconstruction psychologique après toutes les destructions physiques.
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Il s'agit du premier tome d'un diptyque, le second étant Les Temps Nouveaux, tome 2 : Entre chien et loup réalisé par les mêmes auteurs. Il est paru en 2011. le scénario est écrit par Éric Warnauts, les couleurs sont réalisés par Guy Raives, et les dessins sont le fruit d'une collaboration entre ces 2 créateurs. Ce diptyque est le premier d'une série consacrée à la vie de 2 frères, se poursuivant dans le diptyque Après-guerre, tome 1 : L'espoir, puis dans le diptyque Les jours heureux, tome 1 : Expo 58. Raives & Warnauts ont collaboré sur de nombreux albums et sur plusieurs séries comme L'Orfèvre, tome 3 : KO sur ordonnance, Les suites vénitiennes.

Le récit se déroule en Ardenne Belge et commence en 1938 dans le village de la Goffe. Thomas Deschamps est en train de déguster un verre de vin dans l'Hôtel des Roches, en compagnie de son ami curé Joseph. Alors qu'il fait nuit, ils sortent à l'extérieur pour se livrer à la chasse aux papillons, en espérant attraper un bombyx buveur. Ils papotent en évoquant les années passées par Thomas au Congo, et Alice la femme de Charles, le frère de Thomas. le lendemain, Alice Deschamps se présente au restaurant de l'hôtel et salue Rose qui s'occupe du comptoir. Elles évoquent la présence d'Assunta Lorca, une émigrée espagnole qui loge à l'hôtel et qui travaille au sein du syndicat socialiste à Liège.

Après cet échange, Alice Deschamps sort retrouver Thomas Deschamps dans le jardin et elle évoque le passé, sa décision de se marier avec son frère plutôt qu'avec lui malgré leur idylle. La discussion est aigre-douce, et elle interrompue par l'arrivé de Rose. Alice indique à Thomas que ses filles attendent que leur oncle du Congo vienne leur dire bonjour, et que son frère Charles veut lui parler. Dans la journée, Thomas et le curé vont chercher de la viande chez le boucher Palisse. La radio diffuse des informations sur la position du premier ministre Spaak, et son avis sur la fragilité de l'union nationale. Sur le chemin du retour, ils évoquent la montée du parti rexiste, avec Léon Degrelle à sa tête, la position de l'église catholique, les convictions socialistes de Thomas, et le parti pris conservateur de Charles. Assunta revient à l'hôtel pour le week-end.

La couverture de ce tome dégage une impression un peu étrange, un peu vieillotte, comme si les personnages posaient pour regarder le lecteur dans une situation bien artificielle qui permet de les voir tous ensemble. Toutefois, le lecteur retrouve la magie de la mise en couleurs de Guy Raives, avec ces aquarelles qui apportent une vie incroyable, une sensation d'image croquée sur le vif. Dès la première page, cette impression de photographie posée disparaît, et le lecteur (re)trouve les cases si évocatrices du tandem d'artistes. La mise en couleurs constitue une oeuvre d'artiste à part entière. Elle ne sert pas simplement à rendre compte des couleurs des objets, des personnes, et des différents éléments visuels. Bien souvent, Guy Raives apporte des éléments d'information visuelle supplémentaire. Il peut s'agir des pavés sur la voie qui passe devant l'hôtel, des reliefs dans le feuillage des arbres, du courant de l'eau dans un ruisseau, la texture du bois du comptoir, des motifs imprimés sur une robe, des ombres portées à l'intérieur d'une pièce, de la forme des mottes de terre, des couleurs dans le ciel, des peintures décoratives dans une brasserie, du teint maladif de la peau, etc. L'aquarelle a pour don d'inclure de petites variations de teinte qui rendent les surfaces plus organiques, moins lisses et froides.

Dès la première page, le lecteur peut se projeter aux côtés des personnages, et avoir l'impression d'évoluer dans les mêmes endroits qu'eux. Il peut voir la façade de l'hôtel, l'auvent abritant la terrasse, les arbres de petite taille fournissant de l'ombre, les 2 poubelles remisées contre la façade latérale, la clôture en fil de fer, les bâtiments à coté, et le panache du chauffage s'échappant par les cheminées. Tout au long de ce tome, il peut contempler les tenues vestimentaires des dames et des messieurs, variées et conformes à la mode vestimentaire de l'époque. Il peut également laisser son regard s'arrêter sur les modèles de voiture, sur les ustensiles de cuisine, sur les affiches publicitaires en arrière-plan, sur le porte-jarretelle d'Assunta, ou encore sur les uniformes des gendarmes venus annoncer l'ordre de mobilisation générale. Plusieurs scènes se déroulent à Liège, et là encore et lecteur peut apprécier la qualité de la reconstitution historique en admirant les façades. Cette reconstitution passe également par les activités dans ce petit village de campagne, que ce soit le bal du village, la procession portant la statue de la Sainte Vierge, ou encore le braconnage dans les champs pour attraper des lapins. Page 21, il peut même voir les paysans glaner les foins et les ramener à la ferme sur une charrette tirée par un cheval.

Les auteurs mettent en scène des personnages dans cette reconstitution, à la fois pour les faire vivre, réagir, évoluer, à la fois pour faire s'incarner les enjeux politiques de l'époque. le lecteur regarde des acteurs se comportant comme des adultes, avec des visages portant tout une palette d'émotions diversifiées, du franc sourire en savourant un bon cru, à la colère explosive en acquérant la certitude d'être cocu. le lecteur peut voir les personnages se livrer aux occupations du quotidien, très diversifiées puisqu'elles recouvrent plusieurs métiers, comme tenir un comptoir, découper de la viande, ou forger des pièces métalliques. Il y a également de longues promenades calmes, mais aussi des séquences plus violentes, comme un discours en pleine rue qui finit par une agression de la part du parti rexiste. À chaque fois, le lecteur apprécie le sens de la mise en scène des auteurs qui ne se contentent jamais de montrer des têtes en train de parler, car ils choisissent des cadrages qui permettent de voir les postures des personnages, les endroits où ils se trouvent selon des points de vue différents.

Raives & Warnauts mettent en scène des adultes, avec leurs défauts et leurs qualités. Dans un premier temps, la sympathie du lecteur va à Thomas Deschamps pour son comportement bohème, sa liberté, et sa façon d'en profiter, son succès avec les femmes, la franchise de ses échanges avec le curé Joseph. S'il est bien le personnage principal du récit, les auteurs n'en font pas un héros sans faille. Certes il représente l'indignation face à une idéologie totalitaire et excluante, mais son comportement vis-à-vis des autres manquent pour le moins d'égard et de respect. En outre, afin de rentabiliser son hôtel et augmenter le taux d'occupation, il n'hésite pas à y installer des prostituées pendant la semaine. À l'opposé, dans un premier temps, son frère Charles Deschamps apparaît comme le vilain capitaliste, prêt à se rallier au parti politique dont les actions apportent la plus grande assurance que les affaires pourront continuer et fructifier. Mais petit à petit il apparaît surtout comme un individu pragmatique, attaché à sa famille, et pas si rancunier que ça. La fière Assunta assume son engagement politique, rejetant toute forme d'attache, sans ressentir de devoir vis-à-vis de ceux qui la côtoient. Même la belle Alice présente un comportement complexe, et regrette d'avoir choisi la sécurité, la facilité, et de ne pas avoir tenu tête à son père. Petit à petit le récit prend une forme de comédie dramatique, mettant en scène de vrais adultes complexes et incarnés, pas de simples coquilles vides représentant une idéologie.

Non seulement les personnages sont complexes, mais en plus leur vie est effectivement façonnée en grande partie par le contexte social et historique. L'engagement politique d'Assunta provient de sa fuite d'Espagne après l'attaque de Guernica le 26 avril 1937. La vie de Thomas Deschamps subit l'influence de son séjour au Congo Belge, et de la maladie qu'il en rapporté. La vie de Charles Deschamps est soumise aux aléas de la politique. Tout le monde voit sa vie bouleversée par la mobilisation générale. Éric Warnauts intègre la dimension politique de l'époque par le biais de différents vecteurs, comme la radio, les discussions entre personnages, et les activités militantes d'Assunta Lorca. Les auteurs ont ajouté en fin de tome, une chronologie des principaux événements entre le 13 mars 1938 et le 3 septembre 1939. En fonction de sa familiarité avec cette période de l'Histoire, le lecteur peut s'y référer ou non, mais cela vient comme un supplément qui n'a pas de caractère indispensable pour la compréhension du récit. Par contre le lecteur peut éprouver un ressenti différent concernant les événements s'il connait déjà le sort de la Belgique pendant la seconde guerre mondiale.

Cette première partie du diptyque constitue avant tout une comédie dramatique enlevée et très vivante, avec des pages magnifiques permettant au lecteur de se projeter à cette époque, et à cet endroit du monde, dans une reconstitution de haute qualité, sans être pesante ou académique. Il fait connaissance avec des individus étoffés et attachants, quels que soient leurs choix dans la vie, et la manière dont leur environnement modèle leur vie. En fonction de ses connaissances, il découvre un pan de l'Histoire belge, ou il la voit prendre chair sous ses yeux. 5 étoiles pour une reconstitution épatante et émouvante. Certaines phrases prononcées en réaction aux événements de l'époque sont encore d'une terrifiante actualité : Les démocraties ont prouvé leur incapacité à lutter contre cet affairisme sans scrupule qui a conduit à la crise financière dont nous subissions encore aujourd'hui les effets.
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1938 : après huit ans passés au Congo, Thomas revient dans les Ardennes belges. Alice, la femme qu'il a aimée autrefois a choisi la sécurité et s'est mariée à son frère Charles. Ce dernier est sympathisant des Rexistes le mouvement d'extrême droite dirigé par Léon Degrelle. Thomas rencontre une jeune Espagnole réfugiée qui lui ouvre les yeux sur les dangers du nationalisme et une probable guerre prochaine.
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Une série qui tourne autour de la seconde guerre mondiale, en Belgique. Un contexte qui change un peu malgré qu'il s'agit d'un pays voisin et très fournisseur en BD.
Petit problème, pour moi en tout cas, je n'y connais strictement rien en politique Belge des années 30. Alors il n'a pas toujours été facile de suivre le fond. car c'est quand même assez présent et important dans la relation entre les personnages. Enfin on comprend les grandes lignes, le principal.
Il est très agréable de naviguer dans ce cercle fermé de ce village, entre politique, amitié, affaires et amour. Une fresque sympathique avec une certaine gravité. Des relations entre les personnages avec un passif, ce qui leur donne de la profondeur. Il y a juste l'histoire de Assunta que je n'ai pas entièrement saisi.
Ca se détermine avec la déclaration de mobilisation. On a hâte de découvrir comment tout ce petit monde va évoluer.
Les dessins ont une très belle colorisation à l'aquarelle. le trait est fin, les paysages nous donnent un gout de l'ancien, les visages sont précis de près et en perdent un peu sur des cases à vue plus large.
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La Belgique n'est pas épargnée par la seconde guerre mondiale, pourtant dans le petit village de la Goffe il règne surtout une guerre sentimentale.
Thomas revenu du Congo retrouve son meilleur ami, devenu curé, comme s'il ne l'avait quitté qu'hier. Mais il retrouve aussi son ancien amour désormais marié à son frère, rexiste, parti que combat Assunta belle espagnole qui a fuit son pays et qui ne laisse pas Thomas insensible.
Bref malgrè la guerre se sont surtout les affaires de coeur qui fait battre la petite bourgade belge.
De beau dessins en aquarelle qui révèle sentiments et beautée des paysages.
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