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C'est l'histoire d'une jeune fille surprise par son père dans les foins avec un ouvrier agricole noir. Elle fait semblant de ne pas être consentante. L'ouvrier sera lynché avant la tombée de la nuit…
« – Et on ne l'a pas arrêté ? Je croyais que tout individu, quel qu'ait pu être son crime, avait droit à un jugement, je me trompe ? demande Lou Cale au Sénateur.
– le Shérif a déclaré avoir été débordé… Il a flanqué une raclée à son fils (c'est lui qui a lynché le nègre) … le juge l'a convoqué ainsi que le père de la jeune fille… A la suite de cet entretien, il a été décidé de classer l'affaire…
– Expéditif comme justice !
– Nous tentons de changer les choses, Lou, mais ce n'est pas simple. »
Nous sommes en 1942 et Lou Cale est envoyé en reportage photographique à Jacksonville, Arkansas, pour le compte du National Geographic Magazine.
Il vient y passer quelques semaines afin de saisir le rythme particulier du Sud profond… le travail des champs, les cérémonies religieuses, les moments de détente. Lou commence son reportage, et c'est la beauté saisissante du Sud qui vient s'inscrire sur la pellicule.
Ensuite il écoute les gens :
« – Quoi que certains prétendent, il est évident que jamais les nègres, même s'ils suivent le même enseignement que les blancs, ne seront aussi intelligents. Ils seront toujours incapables de prendre en main leur destinée.
– Ça vous surprend ? … Et ce n'est encore rien. Dans trois heures, ils se laisseront vraiment aller. Puis ils rentreront chez eux et, une fois leur femme couchée, ils iront engrosser quelques jeune négresse… »
Enfin, le boulot peinard de Lou pour le très aseptisé ‘Geographic' devient un reportage sur une histoire sordide – car Lou aime plus que tout foutre des coups de pied dans les fourmilières trop bien organisées ; histoire de voir le bordel que ça fait !
« – Mais vous n'avez rien fait pour les empêcher de le pendre ! !
– Tout… tout s'est passé si vite. le docteur m'a fait une piqûre… et… lorsque je me suis réveillée, tout était déjà fini…
– Et puis, vous ne vouliez surtout pas que l'on sache que vous faisiez l'amour avec un nègre !
– Vous ne savez pas ce que c'est que de vivre ici ! »
Cet "étrange fruit" est bien sûr une allusion directe à la grandissime chanson de Billie Holiday "Strange fruit".
Southern trees bear strange fruit,
Blood on the leaves and blood on the root
Black bodies swingin' in the southern breeze
Stange fruit hanging' from the poplar trees
En résumé : Magnifique, le dessin et le scénario, tout est bon.
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« – Et on ne l’a pas arrêté ? Je croyais que tout individu, quel qu’ait pu être son crime, avait droit à un jugement, je me trompe ? demande Lou Cale au Sénateur.
– Le Shérif a déclaré avoir été débordé… Il a flanqué une raclée à son fils (c’est lui qui a lynché le nègre) … Le juge l’a convoqué ainsi que le père de la jeune fille… A la suite de cet entretien, il a été décidé de classer l’affaire…
– Expéditif comme justice !
– Nous tentons de changer les choses, Lou, mais ce n’est pas simple. »
« – Mais vous n’avez rien fait pour les empêcher de le pendre ! !
– Tout… tout s’est passé si vite. Le docteur m’a fait une piqûre… et… lorsque je me suis réveillée, tout était déjà fini…
– Et puis, vous ne vouliez surtout pas que l’on sache que vous faisiez l’amour avec un nègre !
– Vous ne savez pas ce que c’est que de vivre ici ! »
« – Quoi que certains prétendent, il est évident que jamais les nègres, même s’ils suivent le même enseignement que les blancs, ne seront aussi intelligents. Ils seront toujours incapables de prendre en main leur destinée.
– Ça vous surprend ? … Et ce n’est encore rien. Dans trois heures, ils se laisseront vraiment aller. Puis ils rentreront chez eux et, une fois leur femme couchée, ils iront engrosser quelque jeune négresse… »
Raives et Eric Warnauts - Sous les pavés