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Florence Lévy-Paoloni (Traducteur)Geneviève Brisac (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070787326
224 pages
Joëlle Losfeld (11/01/2007)
3.79/5   31 notes
Résumé :
A la mort de son père, Laura Willowes quitte sa campagne du Somerset pour vivre chez son frère à Londres. " Loura, qui avait un peu l'impression d'être un morceau du patrimoine que l'on aurait oublié dans le testament était toute prête à admettre que l'on disposât d'elle au mieux des besoins de la famille.

" Ce qui bien entendu fut fait. Elle n'a que vingt-huit ans, mais devient rapidement pour tout le monde la docile, l'insoupçonnable, l'immuable ta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Laura Willowes ou la voix des femmes.


Laura Willowes a presque trente ans quand son père décède. Son existence jusque là tranquille et douce est bousculée. Elle quittera la demeure familiale pour Londres : elle va désormais vivre chez son frère aîné.

S'ensuivent vingt années d'une vie "ordonnée" et non décidée, une vie dans l'ombre des autres, belle-soeur brodant pour l'une, tante patiente avec les enfants pour les autres... Laura s'efface, disparaît, acquiesce, toujours présente mais éternellement perdue ailleurs, dans ses rêves...

Et voilà, qu'un jour, les neveux, nièces ayant grandi, le désir de décider de ses journées la taraudant, elle exprime à son frère son désir de quitter Londres, d'aller s'installer à la campagne, loin de tous, dans un cadre de nature qu'elle rêve et idéalise...



Laura Willowes, c'est le récit de la liberté à une époque où les femmes n'en disposent que très peu, dans une certaine classe de la société. de l'enfance au mariage, de la maternité à l'éducation des enfants, tout est codifié, écrit, inscrit dans le fait même d'être femme.

Laura , finalement, intuitivement davantage que de façon délibérée va s'échapper de ce carcan, et devenir une femme libre de choisir sa demeure, de remplir sa vie comme elle l'entend, de penser par elle-même, de n'être à l'écoute que d'elle-même, tout simplement de vivre sa condition de femme sans entrave, ni injonction.

Qui d'autre que la figure de Satan aurait pu lui permettre d'assumer une telle transgression ? Quelles autres femmes que les sorcières ont acquis de tout temps, le libre choix à disposer d'elles-mêmes ?


Un très beau portrait de femme dans une nature finalement toujours complice !
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J'ai entendu parler de ce livre il y a un petit moment déjà, au détour d'un entretien de [[Geneviève Brisac]] à la radio, qui disait que l'héroïne de ce roman était l'une de ses figures littéraires féministes préférées. Mais il est épuisé en français et j'ai même eu du mal à le trouver en anglais, heureusement le Père Noël a ses entrées dans des librairies connues de lui seul et il a gentiment déposé ce livre dans mes petits souliers à Noël dernier, et je l'ai lu dans la foulée.
Lolly Willowes, donc, est une jeune fille de la bourgeoisie rurale anglaise. Légèrement postérieure mais très similaire aux héroïnes de [[Jane Austen]. Sauf qu'elle ne semble pas du tout intéressée par les hommes et le mariage et qu'elle laisse passer ses années de jeunesse sans chercher à séduire et sans susciter aucune demande en mariage. Alors, quand son père meurt, elle est traitée par ses frères au même titre que les meubles de l'héritage, et on décide pour elle qu'elle s'installera à Londres chez son frère aîné, où elle deviendra l'inamovible Tante Lolly, toujours serviable, toujours traités comme une pièce du décor. Mais un jour, sans crier gare, Laura (son véritable prénom) fait tout voler en éclat et, pour la première fois, émet un souhait et se met en devoir de le réaliser.
C'est cette notion de volonté propre de la femme qui est au coeur de ce court roman. La volonté de choisir sa vie, même si dans le cas de Laura Willowes cela signifie ne rien faire d'autre que des thés et des promenades solitaires. La volonté n'est pas forcément de faire des grandes choses, juste de vivre pour soi. Et cette réflexion à laquelle nous convie Sylvia Townsend Warner à travers ce personnage est vraiment intéressante, finement menée et originale. Etre féministe, ce n'est pas que vouloir avoir accès aux positions usuellement dévolues aux hommes. C'est juste exister pour soi, quoi que cela veuille dire. Et si Lolly Willowes est le personnage principal, l'incompréhension qu'elle suscite auprès de sa belle-soeur, femme mariée ou de ses nièces, d'une autre génération, permet d'enrichir la notion de féminisme.
La dernière partie du livre tranche avec les deux premières et je ne sais toujours pas si je dois la lire au sens littéral ou pas. Elle m'a un peu déstabilisée, mais elle n'enlève rien à la force du personnage, qui trouve sa voie propre pour conquérir sa liberté personnelle.
Cette découverte d'une autrice peu connue en France est une réussite pour moi, et j'espère continuer à explorer son oeuvre, oeuvre qui a l'air riche en femmes fortes car Laura Willowes l'est, forte, à sa manière.
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Le style de Sylvia Townsend Warner est limpide et poétique.
J'ai adoré suivre la vie de Laura, cette jeune bourgeoise anglaise vivant au début du 20 ème siècle. Juridiquement et financièrement dépendante, comme l'étaient les femmes de son temps (début 20 ème siècle) elle dût vivre jusqu'à sa maturité ( 47 ans) dans l'ombre de son frère marié. Elle n'acquit le droit de suivre sa voie propre que de haute lutte et au prix de la solitude.
J'ai trouvé très convaincant que ce soit la personne la mieux aimée d'elle qui ait failli provoquer sa rechute dans la dépendance et la soumission ; et convaincante aussi la période d'errance et de germination qu'elle a traversée au sein d'une campagne isolée parmi des villageois taiseux mais sans hostilité.
La dernière partie du roman évoque son pacte avec Satan, un Satan qui, comme celui de Faust, n'est autre que le démon de la connaissance, connaissance de sa propre nature féminine enfouie sous le corset social.
Si la volonté d'exister pour et par soi-même semble légitime pour un homme, il n'en est pas de même pour une femme car il subvertit l'ordre social fondé sur les relations hiérarchiques entre les sexes, les classes (maîtres/domestiques), les âges...
Pour ne pas être clivée en deux et parvenir à la sérénité, la candidate à l'émancipation doit accepter et même revendiquer sa nature de sorcière. La sorcière est celle qui sait interpréter la nature sauvage des plantes et du coeur humain.
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Voilà une quinzaine de jours que j'ai terminé ce livre et mon billet est resté en souffrance… comme souvent quand je ressors d'une lecture un peu déçue. J'ai beaucoup aimé les deux premières parties mais j'ai décroché à la troisième. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi.

Nous sommes en Angleterre au début du siècle, dans une famille bourgeoise. Laura est une jeune femme de vingt-huit ans qui n'a pas voulu se marier. A la mort de son père, que la jeune femme aimait beaucoup, la famille décide qu'elle vivra désormais chez son frère et sa belle soeur à Londres. Docile, Laura s'exécute sans grand enthousiasme, mais sans le faire savoir. Elle devient la « tante Dolly », gentillette, serviable, un peu excentrique parfois, mais si peu… Vingt ans plus tard, soudainement, elle s'affirme enfin en décidant de quitter le domicile de son frère pour aller vivre de ses maigres rentes à la campagne. La famille s'offusque mais c'est peine perdue, Laura est déterminée.

Je me réjouissais de voir Laura voler de ses propres ailes et j'avais hâte de voir ce qu'elle allait faire d'une liberté enfin conquise (à quarante-sept ans, il était temps...) mais la déception m'a vite gagnée car le livre change de dimension en basculant dans le surnaturel, au pays des sorcières et du diable. Je n'ai pas réussi à faire équipe avec cette nouvelle Laura mi-femme, mi sorcière et j'ai fini ma lecture en diagonale, assez déçue je dois dire. Je m'attendais si peu à ce que l'histoire prenne cette tournure que le charme s'est rompu brutalement, c'est dommage. Que la sorcellerie mène à l'émancipation me laisse perplexe. La métaphore me dépasse, sans doute...

Il me restera toutefois de cette lecture la découverte d'une plume très élégante. Je garderai aussi en mémoire le portrait assez piquant d'une jeune personne qui ne rentre pas dans le cadre étriqué et codifié de la bourgeoise britannique de l'époque.

Laura Willowes est le premier roman de l'écrivain et musicienne anglaise Sylvia Townsend Warner (1893-1978). Il a été publié pour la première fois en 1926.

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Lorsque son père meurt, Laura, jeune femme toujours célibataire à vingt-huit ans, quitte la maison familiale du Somerset et est accueillie à Londres, dans la maison de son frère et de sa belle-soeur. Très rapidement, elle n'est plus que la Tante Lolly, autant pour son neveu et ses nièces que pour tout son entourage. Les années passent, dans le tourbillon de la vie citadine, loin des plaisirs de la campagne qui étaient si chers à Laura. Au bout de vingt ans, alors que neveu et nièces sont devenues adultes et ont quitté la maison, à la surprise de ses proches Laura prend son indépendance, s'établit dans un village des Chilterns. Là, elle loge chez l'habitant, fait la connaissance du voisinage et s'intègre parfaitement dans la petite communauté, participant aux réjouissances locales et aux commérages. Et surtout, elle satisfait son amour de la nature par de longues promenades dans les environs et s'initie au travail de la ferme grâce à M. Saunders, qu'elle aide à s'occuper de son poulailler. Et puis un jour, elle se découvre sorcière et pactise avec le diable.

J'ai beaucoup aimé ce livre, même si j'ai un peu été surprise par la fin qui qui vire vers le fantastique et l'imaginaire. Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman mais l'auteur a un pouvoir d'évocation tel que j'ai eu souvent l'impression d'être aux côtés de Laura dans ses pérégrinations, tant à Londres que dans la campagne de Great Mop, le village où elle est venue s‘installer.
Le retour de Laura à la campagne est comme une résurrection, après tant d'années où son besoin de liberté a été brimé, sa fantaisie étouffée et ses rêves muselés.
Sans être revendicateur, le propos de Sylvia Townsend Warner est teinté de féminisme, lorsqu'elle décrit l'état de minorité où est encore maintenue Laura, la quarantaine bien avancée. J'ai trouvé très positive l'attitude de Laura lorsqu'elle découvre que son frère, par de mauvais placements, a fortement diminué le montant de sa fortune personnelle. Elle se contente alors de réduire son train de vie mais ne renonce en rien à son projet d'indépendance, faisant face avec beaucoup de détermination.
Est-ce pour contrebalancer l'effet que pourrait produire l'expression de cette volonté sans faille que l'auteur imagine la transformation de son héroïne en sorcière, comme si une jeune femme normale, issue du milieu bourgeois de Laura, ne pouvait pas, raisonnablement, n'en faire qu'à sa tête ? Où peut-être n'y a-t-il pas d'explication rationnelle, juste l'envie de laisser libre court à une plume créative et rêveuse ?
Lien : http://ruedesiam.blogspot.fr..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Cette nouvelle année était en train de bouleverser sa conception du printemps tout entière. Elle l'avait considéré jusqu'alors comme le reniement de l'hiver, un aiguillon vert transperçant l'armure rouillée d'un tyran. Elle le voyait désormais comme un enfant venant doucement détacher le casque du vieux guerrier et caresser ses joues rugueuses; En février, il y eut une courte période de beau temps. Elle passait des journées entières assise dans les bois où les ramiers roucoulaient de plaisir dans les arbres.
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Elle avait changé, et elle le savait. Elle était plus humble, plus simple. Elle n’éprouvait plus le besoin de triompher mentalement de ses tyrans et ne tirait plus satisfaction du sentiment de les avoir outragés en venant vivre à Great Mop. L’amusement que lui avait procuré leur réprobation n’était plus qu’un souvenir d’esclave en fuite, une danse moqueuse loin derrière elle. Il n’était pas question de leur pardonner. De toute façon Laura n’était pas encline au pardon, et ils n’étaient pas responsables du préjudice qu’ils lui avaient fait subir. Pour commencer à pardonner, il faudrait qu’elle pardonnât à la société, à la loi, à l’église, à l’histoire de l’Europe, à l’Ancien Testament, à l’arrière grand-tante Salomé et son livre de prières, à la Banque d’Angleterre, à la prostitution, à l’architecte d’Apsley Terrace et à une bonne dizaine d’autres piliers de la civilisation. La seule chose qu’elle pouvait faire, c’était de continuer à les oublier. Elle était désormais capable de le faire sans chercher à se moquer d’eux.
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Etre adulte était facile, bien plus facile qu'elle ne l'aurait cru. Il était facile d'avoir les idées claires et de faire attention, de se déplacer calmement et de réfléchir avant de parler.
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Ils allèrent ensemble au verger, où Emmy ramassa les pommes que le vent avait fait tomber et les croqua avec l'avidité propre aux exilés de retour chez eux.
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Le sommet de la colline était parsemé de toutes petites fleurs à l'odeur de miel, et ce parfum, associé aux contours austères du paysage, paraissait délicieusement doux et inattendu.
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