Une veine de pendus

C’était un détective-né, doué de facultés d’observation et de déduction extraordinaires, ses interrogatoires étaient menés de main de maître, il avait une mémoire d’éléphant, et personne n’avait d’aussi bons contacts dans le milieu. Avec des états de service comme les siens, il aurait dû être commissaire divisionnaire. Mais, pas de doute, si Raven n’était toujours qu’inspecteur et si, comme c’était probable, il en restait là, ce serait bel et bien sa faute. Voilà un homme qui n’avait aucun tact, qui n’arrêtait pas de vous lancer des piques, qui savait fort bien ce qui allait de travers dans la maison, et qui le disait, mais pas de façon raisonnable, en privé, en confidence, mais ouvertement, et à la face de ceux qu’il critiquait.

C’était un personnage à la fois coriace, malin et sentimental. Il avait une connaissance encyclopédique du peuplement de son secteur, en fait de filles, de frappes, de cambrioleurs, de casseurs, de durs et de truands de toutes sortes, et il tenait sa documentation à jour.

On n’est plus méchant, maintenant, on a des complexes. Tout ça, c’est Freud et tout le bazar. Il ne faut surtout pas corriger les gosses, ça leur donnerait des complexes. Alors, on se demande pourquoi ils se priveraient de faire ce dont ils ont envie.

Elle l’avait gardé toute son enfance. Maintenant qu’il était un homme, elle aurait dû comprendre qu’il avait ses occupations à lui. Elle ne pouvait tout de même pas espérer qu’il allait passer sa vie dans ses jupes !

Des policiers aussi capables, ça ne courait pas les rues, l’espèce avait toujours été rare.