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Au XXème siècle, la littérature américaine a connu son explosion, comme pour les autres disciplines artistiques, fournissant au monde un très grand nombre de romanciers aux talents protéiformes. En établir la liste exhaustive relève de la gageure ; preuve en est : une liste des 100 plus grands postée sur notre site ; très vite, elle s'avère incomplète, sans qu'il soit évident d'y remplacer l'un par l'autre…
À ce jeu, Robert Penn Warren fait souvent office d'oublié-idéal (comme Richard Brautigan…) ; toute comparaison avec son illustre aîné William Faulkner apparait vaine, bien que leur terroir commun la justifie.
D'un classicisme de grand conteur, sa plume est belle sans avoir recours à de grands effets ; elle sonne juste.

Dans ce roman, il assemble une histoire avec des éléments à priori difficile à réunir sans que cela semble tiré par les cheveux : un roman d'apprentissage, au déroulé picaresque, avec un héros qui tient lieu d'expérience symbolique, d'hypothèse farfelue et humaniste, celle de catapulter un juif-allemand handicapé d'un pied bot au milieu de la Guerre de Sécession afin de, prétend-il, « combattre pour la liberté » ;
prenez le parti un peu voyant de l'affubler du nom du tout premier homme ; ajoutez à cela quelques dilemmes entre tradition et modernité, universalisme et communautarisme, et vous obtiendrez un mélange sur le papier assez difficile à tenir, promettant entre de mauvaises mains une accumulation de poncifs, voire un relativisme de bon ton avec sa possible construction en thèse-antithèse-synthèse.
Pourtant, le miracle a lieu : malgré ce garçon que parfois l'on aimerait rouer de coup — qui ferait passer Candide pour un amiral-vétéran, ou le prince Idiot Mychkine pour le père Karamazov — l'histoire s'épanouit sans jamais tomber dans le ridicule ou dans l'impression de « forcée ».

Les descriptions de nature viennent considérablement enrichir le récit, allant même jusqu'à lui donner une âme romantique, résonnant avec celle de notre héros.

On ne peut que s'incliner devant la facture « classique » de ce roman, au sens de sa grande justesse, venant enrichir les éternelles réflexions du lecteur de Dostoïevski, ainsi qu'apportant une contribution limpide aux interrogations racialistes essentielles à la civilisation étasunienne.
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Grosse déception avec ce roman, présenté comme un grand roman sur la guerre de Sécession et l'idéalisme du jeune Adam Rosenzweig, jeune allemand avec un pied-bot parti pour se battre pour les droits des Noirs ; entre les nombreuses coquilles et les lourdeurs de la traduction (et pourtant ils étaient deux !), la lecture de ce roman a été pénible. La seule chose que je retiens est la construction assez originale par petites saynètes qui reconstituent au final l'image complète.
Mais je suis loin de recommander cette lecture, très dispensable...

Coquilles :
p70 : Les gens qui ont maltraité les Noirs avaient immobile... au lieu de "un mobile"
p 162 : S'il l'avait craint, il aurait décroché des mûries deux pistolets de cavalerie... au lieu "des murs"
p 181 : Même à cette heure - l'heure du repos - il y avait moins départies de cartes... au lieu "de parties de cartes".
p 256 : Puis, sans transition, sapeur disparut... au lieu de "sa peur".
p 280 : Une savait pas ce qu'il lui faudrait faire... au lieu de "Il ne savait pas ce qu'il lui"...

Lourdeurs de traductions :
Il fit un temps au lieu de : il fit une pause...(faire un temps au marathon je comprendrais...)
p 203 : Sur cette pensée, Adam Rosenzweig se sentit rasséréné . Il se sentit rendu à un commencement d'espoir.
p 214 : Et pendant qu'Adam remuait ces réflexions, une nouvelle pensée commença de croître sous son crâne.
p 229 : Une étrange exaltation le visita. Il se sentit trembler au bord d'une révélation.
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Roman intrigant car très loin de celui attendu: la guerre de Sécession n'est pas visible, pourtant elle est là, à la fois si proche et si lointaine. Eclate seulement ce qu'elle fait des hommes qui l'approchent et en fond ce qu'il restera vraiment en eux une fois qu'elle entrera dans L Histoire et y sera "adoucie". Et là, l'exercice est magistral, le choix non conventionnel des personnages et des situations est remarquable et l'écriture sobre sur les faits et les personnages prend des allures lyriques sur les descriptions.
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Adam Rosenweig veut se battre pour la liberté des hommes. de TOUS les hommes. Étant lui-même juif et handicapé, il subit la discrimination au quotidien, mais ce n'est rien face à ce qui arrive aux Noirs de l'autre côté de l'Atlantique. Il décide de rejoindre l'armée glorieuse des États-Unis, afin de faire cesser la rébellion confédérée. Un parcours qui s'annonce noble, épique et avec une immense récompense à la fin : celle d'avoir servi la plus merveilleuse de toutes les nations du monde. Attendez une seconde.
La réalité qui attend le jeune immigré en Amérique est bien plus prosaïque : Robert Penn Warren nous dépeint une guerre de Sécession sclérosée, raciste des deux côtés, où les soldats attendent des mois dans la crasse avant d'aller se faire tuer. La Bavière dont Adam vient n'est pas reluisante non plus, avec sa xénophobie mesquine et ses religieux ombrageux. Des hommes et des femmes brisés sillonnent ainsi un monde sans prestige ni héroïsme. de forêt et même de nature, il ne sera finalement que peu question (on ne saura même pas pourquoi diable on a mis un dada sur la couverture), mais toujours avec un lyrisme élégiaque contrastant avec le prosaïsme ambiant.
Adam erre en tentant de trouver un sens à sa vie. le jeune homme au départ sûr dans ses convictions bascule peu à peu dans un parcours initiatique doublé d'une descente aux enfers. Tentant de faire triompher son humanisme, il va se dresser contre la volonté divine qui semble interdire aux vivants la justice ; sans doute le plus humain de tous les hybris. Mais ses idéaux extrêmement nobles (se battre contre des idées plutôt que des hommes, offrir à tous l'égalité) se heurtent à la bêtise et la méchanceté de ses contemporains, et au fait que lui-même finisse par y prendre goût. On veut aider tous les êtres humains, et au final on ne parvient pas à regarder dans les yeux quelqu'un de plus mal en point que soi. Parce que la misère est trop grande. Parce qu'on préfère vivre dans nos idées.
Où trouver la grandeur morale, finalement ? Peut-être la liberté n'est-elle qu'illusoire, ainsi que le clame un chapitre final mystique. Et peut-être aussi qu'il nous faut accepter notre condition. Même quand elle est inacceptable ? le livre se conclut sans véritablement proposer d'éthique sur comment aider son prochain, mais il punit sévèrement l'orgueil et rappelle à l'Homme sa petitesse malgré ses hautes aspirations.
La grande forêt n'est pas un livre facile, ni même agréable. Il frappe autant par le sublime qu'il fait naître dans de simples paysages que par la bassesse de ses personnages. Comme le désert des tartares, il conte une désillusion existentielle ; comme Walden, il faut le lire dans le monde sauvage après une longue marche pour réellement l'apprécier. Ce que je n'ai que trop peu fait et qui demandera peut-être une relecture dans un futur lointain. En attendant, ça fait toujours un plus à ma culture…
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Ayant adoré 'Tous les hommes du roi' (édité par Toussaint Louverture), je me suis donc lancé dans un 2ème livre de Robert Pen Warren.

Tout autre roman, mais j'ai retrouvé le même plaisir à lire cet auteur sudiste.

Ce livre parle de l'abolition de l'esclavage, de la guerre civile, des juifs d'Allemagne émigrant dans le nouveau monde, ... mais surtout, il parle de la liberté de chacun. J'ai trouvé beaucoup de plaisir dans ce livre, mais qui reste cependant nettement un cran en-dessous de 'Tous les hommes du roi', prix Pulitzer 1947.

Je vais poursuivre ma découverte de cet auteur qui reste relativement peu connu en Europe, mais est considéré comme un auteur classique aux USA.
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Quelle est la puissance qui gouverne les pages de la Grande forêt, un roman de Robert Penn Warren publié en 1961 ? Cette puissance n'est pas Dieu puisque, comme l'explique au héros de notre roman, Adam Rosenzweig, l'un des anciens amis de son père décédé, le riche Aaron Blaustein, Dieu s'est retiré du monde.
Sans Dieu pour gouverner nos existences, point de salut bien sûr, non seulement spirituel mais aussi temporel, puisque Sa volonté est incarnée par une puissance elle-même souveraine, tout du moins qui le deviendra une fois le Dieu oublié, mort ou éclipsé.
La puissance vicaire ne peut donc être, toujours selon ce même puissant personnage se faisant l'interprète du romancier, que L Histoire.
Lien : http://stalker.hautetfort.co..
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À l'été 1863, Adam Rosenzweig quitte la Bavière et part aux États-Unis pour se battre pour la liberté pendant la guerre civile. Poussé par un idéalisme révolutionnaire hérité de son père, il espère aider une cause qu'il croit aussi simple qu'il sait qu'elle est juste. Mais son pied-bot va l'empêcher d'être engagé dans l'armée de l'Union. Il n'aura pas le droit de combattre. Il va vivre la guerre hors champs et devenir témoin d'un monde dont la complexité ne se conforme pas facilement à ses idéaux de liberté.

L'intrigue - s'il y en a une - réside dans la recherche d'Adam de «ce qu'un homme doit savoir pour être un homme» et dans sa vision utopique de la liberté. Mais le propos n'est vraiment pas évident à saisir. La plume de Warren baigne dans une métaphysique déconcertante qui n'aide pas à percer les personnages complexes qu'il a créé. de Robert Penn Warren je n'avais lu que « Tous les hommes du roi », livre que je place dans mon panthéon littéraire. Je ne m'attendais donc pas à ramer autant avec ce roman. Ce fut à la limite du pénible pendant toute la première partie et même si mon intérêt c'est enfin réveillé vers la fin, je suis passée à côté, tout comme le héros passe à côté de la guerre. L'écriture est parfois assez « ordinaire » dans le premier quart du livre (et on ne dira rien des coquilles). Les choses s'améliorent après, le livre devient plus captivant et l'intention de l'auteur s'éclaire jusqu'à une conclusion qui concentre tout l'intérêt du roman.

Même si la rencontre ne s'est pas faite avec ce livre, je suis contente d'avoir pu me faire une deuxième impression sur cet auteur et je ne compte pas rester là, bien décidée à lire les autres titres.

Traduit par Jean-Gérard Chauffeteau et Gilbert Vivier
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Un roman qui peut paraître un peu suranné mais qui dit toute la fragilité, la faiblesse et la grandeur humaine.

Un style très soutenu, métaphorique, qui nous fait connaître, au siècle dernier, un héros épris d'absolu, découvrant toutes les atrocités de la guerre mais aussi quelques empreintes du Bien, au fil de sa pénible aventure.
J'ai souvent plaisir à relire ce roman, acheté il y a quelques années déjà. Il est empreint de philosophe et de consolation. Il dépayse aussi.
Il est plus que jamais d'actualité, ce qui, en définitive, peut le faire considérer comme un chef d'oeuvre littéraire.
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Une jeune homme juif quitte sa Bavière natale pour émigrer aux Etats-Unis durant la guerre de Sécession. Son objectif ? Combattre pour la liberté et participer à l'émancipation des Noirs, honorant en cela la mémoire de son père ayant lui-même combattu pour des idées avant de les renier. Jeune idéaliste plongé au coeur de la folie des hommes, ballotté au gré des rencontres il va devoir affronter à la fois les faiblesses de son corps et celles de sa volonté pour savoir s'il est devenu un homme.

Alors c'est un bouquin pas facile, un peu tortueux, coincé entre lyrisme et cynisme, les descriptions d'une nature somptueuse et celles d'un esprit en déroute... J'ai beaucoup aimé les descriptions des voltefaces intérieures du personnage, de sa petitesse et de ses aspirations. J'ai observé la construction circulaire du récit ayant la guerre pour axe sans que jamais le personnage n'y participe et tournant grâce au sentiment de honte du personnage.
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Un livre extrêmement puissant, bien écrit, profond au coeur de la guerre de Sécession mais tellement au delà. Des coquilles de traduction n'empêchent pas le plaisir de cette oeuvre à méditer et qui accompagne après lecture bien longtemps à mon avis
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