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Quel bouquin mais quel bouquin !

J'ai fini Les rendez-vous de la clairière hier soir et j'en suis encore toute retournée. J'ai adoré ce livre, il n'y a pas assez d'étoiles pour exprimer mon ressenti.

Robert Penn Warren signe un drame magnifique. Car c'est un drame, un drame antique, où le sort s'emploie à faire plier les protagonistes. Rien ne peut arrêter la roue qui les entraîne tous vers leur destinée fatale.
C'est d'une violence inouie.

La puissance du récit tient autant à ses personnages qu'au style de l'auteur et à sa trame.
Les longues phrases, les mots percutants, les points de vue qui s'imbriquent, tout cela donne une sensation d'inconfort à une histoire qui reste logique et compréhensible.

Je ne connaissais pas du tout Robert Penn Warren et je vous assure que je ne vais pas en rester là avec cet écrivain. D'autant que Les Fous du Roi a été publié dans cette édition.

Ce fut une superbe découverte que je dois à Babelio et aux éditions Les Belles Lettres qui m'ont fait parvenir ce titre dans le cadre de l'opération Masse Critique de janvier.
Merci, merci, merci !


CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018
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LES RENDEZ-VOUS DE LA CLAIRIÈRE de ROBERT PENN WARREN
Cy Grinder vient de tuer d'une flèche un daim devant Angelo, il veut l'emporter mais une femme, Cassie Killigrew, le lui interdit, il est sur sa propriété. Pour Cy, il est sur la route, prend Angelo à témoin mais Cassie tire un coup de fusil à ses pieds, il s'en va. Cassie demande à Angelo de dépecer le daim et lui propose de rester, ce qu'il accepte.
Murray Guilfort est avocat général, veuf, des filles de joie à Chicago de temps en temps, une décapotable, ambitionne la Cour Suprême, rend visite à Cassie qui s'occupe de son mari malade, Sunder. Il lui donne de l'argent régulièrement, il semble gérer leurs affaires.
Plusieurs années se passent, Angelo est resté et rénove la maison de Cassie et Sunder. En forêt il rencontre Charlène, qui le repousse mais il est attiré comme par un aimant, Cassie le surveille, Angelo, qui voudrait bien oublier son passé, ne sait rien des liens qui unissent ou ont uni tous ces personnages.
Un roman majeur qui reprend les thèmes chers à Robert Penn Warren, le côté absurde de la vie, la puissance du destin, la fatalité. Chaque individu dans ce livre, vu de loin, semble manipulé, comme prisonnier dans une toile d'araignée dont le centre est Murray. Mais lui même, ce que les autres ne perçoivent pas, est totalement englué dans un réseau inextricable de pulsions qu'il n'arrive pas à maîtriser. Si Les Hommes du Roi est son roman le plus connu, celui ci est selon moi son plus puissant, son plus abouti, là où il rejoint le plus Faulkner. Amour, haine, vengeance, ambition, Inoubliable.
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Le quatrième de couverture n'en fait pas mystère : une tragédie va survenir dans ce Tennessee rural, où se heurtent les personnages de ce magnifique roman. Les éléments semblent contre eux dès l'ouverture de ce récit. Sous une pluie battante, un ciel gris et une rivière en crue, trois d'entre eux s'affrontent immédiatement. Cassie Spottwood, dans sa maison délabrée observe de sa fenêtre la rencontre sur la route d'un jeune inconnu à l'allure citadine et d'un chasseur, qui vient d'abattre un daim à la limite de sa clôture. Elle qui semble être à peine une ombre, et qui depuis des années s'occupe de son mari, Sunderland Spottwood, devenu grabataire après une attaque, s'arme de son fusil et tire aux pieds du chasseur pour faire respecter son droit de propriété. Il n'est pas un inconnu pour elle ce Cy Grinder, en réalité un amour (non partagé) de jeunesse. Elle propose au jeune homme errant, dont elle découvrira le nom, Angelo Passetto, de l'héberger contre des travaux, malgré le peu de chose qu'elle sait de lui.

Le drame va se nouer dans cette maison et ses environs (la clairière du titre). Bien d'autres personnages très marquants font contrepoint à ce quatuor du début du roman. La nature du Tennessee est à elle seule un personnage essentiel, seule réalité tangible parmi ces êtres qui semblent douter chacun de leur existence, jusqu'à l'angoisse, mais qui pourtant sont violents et cruels entre eux. Malgré le contexte et l'époque (la fin des années 1950 pour l'essentiel du récit) il est peu question de l'existence ou pas d'un Dieu, de la notion de péché ou même de damnation. On est au delà de la morale ordinaire dont pourtant certains de ses personnages se réclament, à commencer par Murray Guilfort, un homme de loi autrefois ami de Sunder Spottwood,. La question centrale reste toutefois celle de l'amour, partagé ou pas.

Il est évidemment difficile de ne pas penser à Faulkner. Mais s'il existe certains points communs, avec notamment "Sanctuaire" ou "Lumière d'août", Robert Penn Warren dans ces "Rendez-vous de la clairière" (une citation d'un poème) a son ton bien à lui, une manière à la fois très crue (dans les scènes de sexes notamment) mais aussi par moments presque floue, d'avancer dans son récit pourtant cohérent jusqu'à la dernière ligne.

Merci aux éditions des Belles Lettres et à Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur dans le cadre de "Masse Critique". Je lirai sûrement bien vite "Tous les hommes du roi", son roman le plus connu.
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Un livre éblouissant de maitrise narrative et de qualité d'écriture.

Un autre roman de Warren (Tous les hommes du roi, éditions Toussaint L'ouverture) a été un de mes livres préférés de 2020… je ne suis pas en reste avec ce livre-ci.

Je conseillerai d'éviter de lire la 4eme de couverture qui dévoile une composante de l'épilogue. Si cela est déjà fait, ce n'est pas trop grave car ce livre est multiple.

Souvent comparé à Faulkner aux USA, RP Warren est injustement peu connu en français. Son style est pourtant bien moins aride et ses 2 prix Pulitzer de poésie expliquent sans doute pourquoi il a une telle qualité linguistique. Un grand bravo d'ailleurs à la traduction.

A lire absolument!!!
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L'univers de Spottwood Valley.
En refermant Les Rendez-vous de la clairière de Robert Penn Warren, on ne peut s'empêcher de se dire qu'on écrit plus ainsi des romans, qu'on ne pourrait plus, qu'on n oserait plus… Et pourtant en constatant qu'il fut publié en 1971, on doit se rendre à l'évidence que ce roman ne date pas du 19ème siècle !! Bien des traits le rapprochent effectivement d'une veine classique (réaliste) de la littérature ; nombreuses descriptions précises et détaillées, des personnages bien définis aux caractères bien trempés et subtilement analysés, une intrigue somme toute simple et conventionnelle construite principalement autour d'histoires d'amour et de passions pas toujours partagées. Mais, à y regarder de plus près, il existe indubitablement une veine beaucoup plus moderne (presque contemporaine) : les personnages sont toujours la résultante de leur histoire personnelle et de leurs actions, leurs pensées apparaissent conditionnées par cet héritage. L'écriture de Penn Warren est elle-même modelée par le rappel incessant de ce passé, de plus l'écriture est elle aussi moderne car le narrateur, celui qui dit « je », varie fréquemment, c'est soit une personne extérieure (l'auteur ?), soit un des personnages qui, grâce au style indirect libre, expose les raisons de ses actes en nous faisant part de ses doutes et de ses réflexions les plus intimes et on passe insensiblement d'un narrateur à un autre (sans s'y perdre, ce qui est remarquable !!). le lecteur devient omniscient. le dernier aspect moderne repose sur la mise en scène discrète mais bien présente de scènes érotiques ou simplement charnelles qui n'auraient pas été exposées avec la même désinvolture cent ans plus tôt.
Au-delà de cette dialectique entre modernité et classicisme, on peut distinguer un deuxième centre d'intérêt : le rapport à l'espace. Ce roman se déroule dans le sud profond des USA, au fin fond du Tennessee dans Spottwood Valley, une vallée perdue, difficilement accessible, inhospitalière et peu peuplée où tout le monde se connaît depuis longtemps. le lieu joue ici un rôle fondamental, c'est pratiquement un personnage. Il s'oppose bien sûr à la ville (Nashville, Chicago) et à ses facilités matérielles, mais aussi à l'anonymat. Spottwood Valley est l'endroit où il ne se passe rien, c'est l'endroit de la solitude et de l'isolement, un microcosme fermé et excluant.
Troisième centre d'intérêt : la relation entre les différents personnages. On aborde ici l'aspect social du roman. Penn Warren met en scène une Amérique pauvre, physiquement et intellectuellement. Les riches habitent les petites villes environnantes mais éloignées, appartenant à un autre monde. On côtoie ainsi une société du racisme ordinaire dirigé contre les noirs et les « métèques » (étrangers), seuls les blancs connus peuvent occuper le sommet de la hiérarchie sociale ou même seulement faire partie intégrante de cette société. On a affaire aussi à des gens qui considèrent comme naturel d'appliquer la peine de mort, qui en éprouve même une certaine fascination morbide. Penn Warren dénonce ainsi en passant tous les travers de cette société qu'il critique sans jamais la mépriser. Sa très grande force, c'est de toujours rester à la même hauteur que ses personnages. Les Rendez-vous de la clairière s'affirme comme un roman du tragique de l'existence humaine, relativement pessimiste où la plupart des personnages finissent mal. Seuls Cy Grinder et l'avocat Leroy Lancaster laissent entrevoir une lueur d'espoir. En effet, contrairement aux autres, ils ne se laissent pas emporter par le destin. Par la recherche d'une certaine liberté individuelle, ils parviennent à échapper, tant soit peu, à l'isolement et au désespoir
Ce roman de Penn Warren me paraît pénalisé par certaines longueurs dans la précision et la description des personnages et de leurs réflexions intérieures. Ce manque de fluidité et de dynamisme se réalise au détriment de la suggestion des faits (ici tout doit être clairement établi) et de l'imagination du lecteur. Ces réserves n'empêchent pas une lecture agréable même si on éprouve, en fin de compte, le besoin de relire ce livre tellement on a l'impression d'être passé à côté de situations essentielles dont on n'a pas mesuré pleinement la portée dans l'instant. En effet, ce roman riche et foisonnant de mille détails exige une attention soutenue. Les Rendez-vous de la clairière donne envie de redécouvrir et d'approfondir l'oeuvre de Penn Warren en commençant par son roman le plus connu: les Fous du roi.
NB: Livre lu dans le cadre de Masse Critique, reçu avec un marque-page de bonnes qualité et dimension, typique des Éditions des Belles Lettres.

Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Ecrit à 65 ans dans une période où sa production romanesque est plus espacée en raison de son activité poétique, ce livre est une perle, un véritable chef d'oeuvre qui, à mon humble avis, montre une maturité dans la composition et l'écriture qui hisse largement Robert Penn Warren au panthéon des grands auteurs du sud, à l'égal de Faulkner ou Caldwell, pour ne citer qu'eux. Ce n'est évidemment pas que Les Fous du Roi, son livre le plus connu, soit d'une écriture quelconque, loin s'en faut, mais là… tout y est, la façon extraordinaire qu'il a de faire correspondre les émotions avec les éléments naturels (à la Tempête de Shakespeare), la tension incroyable qui peut résulter d'une combinaison de racisme typiquement du sud, d'oppression des femmes dans le monde rural qui ont toute leur vie été réduite à leur fonctionnalité au détriment de leur féminité, le fantasme d'une libération qui ne peut venir que d'un élément extérieur (le métèque italien Angelo ici) à ce monde fermé et réactionnaire, il y a tellement de thèmes réunis et tous admirablement traités que j'en perd le fil de ma critique ! Mais peut-être est-ce justement qu'il n'y a pas un fil directeur mais une toile d'araignée dans laquelle se débattent les caractères emblématiques du monde rural du sud qui constituent ce chef d'oeuvre. Personne ne peut se tenir à l'écart des souffrances que provoquent un monde en perdition – car son avenir est bien sur de disparaitre – et Murray ne souffre pas moins que Cassie de la culpabilité de ses actes et de son incapacité à aimer dans cette vie où, au nom des lois et de la tradition, on réfute le sens de la justice. La fin de livre laisse espérer un futur meilleur et apaisé dans une scène magnifique où la nécessité de sortir de l'ombre d'un arbre au clair de lune accompagne la prise de conscience de Cy Grinder… et vous laisse tout ébloui…
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Un roman terrible, dur, brûlant et magnifique, nourri et traversé de rapports de force et de domination (de toutes sortes !) autant que de désir que la « société » ne peut que réprimer.
Une écriture sublime, unique, sensuelle, brute et travaillée tout à la fois, qui dit à chaque instant l'énorme solitude des hommes et des femmes, et la haine qu'ils sont capables de se porter dès lors qu'ils sont trop seuls.
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