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EAN : 9782868696625
600 pages
Actes Sud (28/12/1993)
4/5   42 notes
Résumé :
Dans ce livre où l'invention du récit, les retours de la mémoire et l'intrusion des événements font comme un tourbillon, les aventures et mésaventures de Jed Tewksbury sont toutes dominées par l'arrachement au Sud, la traversée de la guerre et la furieuse mais impossible liaison avec Rozelle. C'est qu'avec Un endroit où aller (1977), composé quand il avait déjà plus de soixante-dix ans, Robert Penn Warren, inoubliable auteur des Fous du roi (1946), n'a pas seulement... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Publié en 1977, Un endroit où aller est le dernier des romans de Robert Penn Warren, dernier-né (en 1905) d'une génération de géants d'auteurs américains originaires du Sud. Penn Warren y décrit l'itinéraire – la vie, finalement – de Jediah Tewksbury, originaire de Dugton, Alabama. L'évènement fondateur de cette vie est la mort du père, rapportée comme suit : ivre sur sa charrette, il tente d'uriner sur ses mules et bascule, chute et se tue de façon ridicule. Toutefois, ceux qui rapportent cette histoire ajoutent que le père Tewksbury n'urinait pas, mais se masturbait tout simplement, ce qui n'enlève rien au comique tragique de la situation.

Dégoûté par les moqueries de ses camarades à propos de cet événement, poussé par sa mère hors de ce Sud qui ne fabrique rien de bon, Jed vit une dernière soirée dans le Sud où, invité au bal par Rozelle Hardcastle, véritable princesse du lieu, il tourne le dos à cette dernière au moment de la première danse. Il ne se rendra compte que bien plus tard qu'il fut, cette soirée, utilisé par ladite Rozelle.

Homme de science, Jediah échoue à Chicago où il suit les cours d'un professeur de littérature médiévale d'origine allemande dont il partage la vie. La guerre survient et Jed s'engage. Il sert en Italie où il lutte contre les nazis. L'expérience est violente, traumatisante : Jed abat à bout portant un officier nazi qui se drape de son orgueil. de retour aux Etats-Unis, Jed devient professeur d'université. Respecté dans sa vie professionnelle, c'est toutefois dans sa vie personnelle – et amoureuse notamment – que se joue sa vie.

La langue dont use Penn Warren se veut à la fois simple et savante. Simple quand elle se fait le reflet de ce vieux Sud, notamment à travers les lettres de la mère de Jed. Savante quand Jed se fait l'écho de références culturelles majeures, notamment européennes, issues de la peinture et de la littérature. Dante, notamment, occupe une place majeure dans le roman, puisqu'il est le thème d'étude de Jed dans sa thèse (Dante et la métaphysique de la mort : tel est le titre de la thèse, écrite dans un état d'excitation morbide alors que sa première épouse, Agnès Andresen, se meurt).

Le récit de Penn Warren est en fait une imbrication de plusieurs récits. Ceux-ci sont parfois violents, non dénués d'humour, et l'ensemble forme un puzzle qui ne forme qu'image unie à la fin du récit. En cela, le roman de Penn Warren est un roman de la mémoire, fait des souvenirs du narrateur, et dont l'assemblage est une tentative pour trouver un sens à la vie.
Un endroit où aller, c'est donc l'histoire d'un homme qui fuit le Sud et erre, sa vie durant, à la recherche d'un endroit où aller. le roman interroge aussi le rapport fondamental de l'homme à la terre, sa terre natale, qui n'est pas forcément la terre où il peut s'épanouir.
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Robert Penn Warren est l'auteur des "Fous du roi", deux fois lauréat du prix Pullitzer, il a été un 'grand' de la littérature de la littérature américaine,au même titre qu'Hémingway,Faulkner,Steinbeck et pourtant, sans que l'on comprenne vraiment les raisons du pourquoi, son nom en France n'a pas eu le succés escompté.
Son livre"Un endroit où aller" est largement autobiographique. Il relate une histoire d'amour passionnelle et passionnée qui aurait pu durer éternellement si elle n'avait pas été construite sur une suite de rendez vous manqués.
A qui la faute?
A Jed, le héros et narrateur,issu d'un milieu modeste, né dans le sud à Dugton en Alabama, dont le père ivrogne et coureur notoire est tombé de charette 'sans lacher sa queue'; dont la mère hargneuse l'a poussé aux études pour le maintenir dans le droit chemin et le sortir de "c'te saloperie d' trou" ?
A Rozelle, d'un milieu social pas tout à fait identique, qui a voulu à tout prix sortir du 'dit trou' et s'élever socialement?
La rencontre a pourtant été fulgurante. Un amour d'adolescence est toujours unique. Jed plane, subjugué, car Rozelle le fait planer:"la herse de ses cils, déjà incroyables, abritait du monde les yeux baissés dont je ne savais pas encore qu'ils avaient un incroyable éclat d'améthyste, une couleur qui allait de l'eau en plein soleil à ce bleu-gris en demi teinte qui apparait quand les nuages d'été s'amassent au dessus de la falaise, mais que la pluie n'a pas encore commencé". Elle est folle de lui.
Mais, il y a la mère, la veuve du 'salaud' qui casse le nez de Jed (surnommé par la suite 'Vieux nez cassé') pour qu'il parte faire de hautes études, professeur d'université, c'est pas rien ça ! Et puis, il ne va tout de même pas fréquenter une "miss Fanfreluches".
Alors il part, froidement.
Et, elle, Rozelle, part de son côté, froidement aussi, pour monter des échelons cliquetant d'argent. Chacun se marie et se croise parfois ou se retrouve avec la même quête passionnée, jusqu'à la fin, celle du non retour, celle de la petite goutte d'eau, celle de l'enfant de salaud (pardon Monsieur Penn Warren, du haut de votre ciel, je me laisse emporter par mes mots) car c'est bien lui ce salaud dans l'histoire celui du tout début, cet ivrogne sur sa charette, mort sa 'queue à la main' (là c'est de vous, un peu de cru mais jamais de vulgaire, votre écriture est toute en finesse, j'ai adoré) cet enfoiré qui a tout fait foirer !
Bon, voilà amis 'babéliothécaires' vous comprendrez, vu mes implications successives que "Un endroit où aller" est un endroit fantastique, où l'on a envie de se poser un moment. Un long moment même ( 600 pages!!!) , mais un moment superbe et en plus à tout petit prix 11 euros 50, c'est dérisoire. Et en plus je fais la pub pour Actes Sud!
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Mon 4eme roman de cet auteur que j'affectionne tout particulièrement.

il s'agit du dernier roman écrit par Robert Penn Warren, et considéré comme une sorte de testament philosophique de la quête du gnôthi seauton (cfr Las Vergnias).

il se rapproche par certains aspects du Stoner de John Williams, mais avec un côté bagatelle et tragédie grecque supplémentaire.

Un magnifique roman à nouveau, et qui se lit d'une traite… ou presque vu les 600 pages!
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Moins connu et plus tardif que ses deux plus grands succès Les fous du roi et L'esclave libre tous deux portés à l'écran Un endroit où aller virevolte dans le Sud américain,cette terre qui colle à l'oeuvre de Robert Penn Warren(1905-1989).Mais le Sud de Warren ne suffit pas à son héros en tant que pays natal.Il agit au long de la vie de Jed Tewksbury comme un personnage récurrent à part entière.Parti d'une misérable bourgade d'Alabama il deviendra un brillant universitaire cotoyant le beau monde et Rozelle,l'amour de sa vie,qu'il retrouvera à plusieurs reprises.

Il ya de très beaux passages dans Un endroit où aller,parfois drôlatiques quand Jed se remémore la mort rocambolesque et grotesque de son père.Parfois émouvants:les lettres laborieuses de sa mère qui lui avait ordonné de quitter ce bled de Dugton,au risque de ne jamais le revoir.La guerre en Italie,l'université de Chicago,les amours compulsives avec Rozelle,la naissance de son fils parsèment la progression de Jed dans cette "vita americana" que le lecteur peine quelquefois à bien pénétrer.C'est que la Terre d'Amérique cèle toujours une part d'elle-même à des yeux européens.

C'est l'un des derniers livres de Robert Penn Warren et il aurait gagné,me semble-t-il,à être un peu resserré.Une grande plume américaine parmi tant d'autres.C'est aussi ça l'Amérique,foisonnante et,quand il s'agit d'auteurs de cette trempe,pas loin d'être au meilleur de sa forme.Penn Warren est aussi un très grand poète deux fois Prix Pullitzer.


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L'histoire d'une vie ,de l'enfance jusqu'à un âge adulte non précisé ! Un travail sur la mémoire et les origines qui vont déterminer toute cette vie .
Les lieux ( le sud des Etats-Unis ) , la famille très modeste : une mère responsable mais un père ivrogne , L Histoire ( la guerre de sécession reste dans les esprits et la seconde guerre mondiale marquera à tout jamais le héros du livre ), les rencontres (celle répétitive de la femme aimée ), le choix des études (les langues anciennes ) , tous ces éléments vont décider de l'itinéraire de cet enfant du Sud , qui ne songe qu'à le quitter mais où il reviendra sans cesse .Une fine analyse psychologique des personnages avec cependant pas mal de redites et de longueurs .
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je me retrouvai dehors, dans le hall, puis de l'autre côté des grandes portes, sur le trottoir, au milieu du campus, sans savoir comment. Le soleil d'automne jouait de ses rayons dorés sur toutes les magnificences qui m'entouraient. Ici et là, autour de moi et plus loin, s'agitaient des silhouettes humaines. Chacun avait un endroit où aller.
Je m'immobilisai. Je n'avais aucun endroit où aller. Aucun endroit au monde.
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Elle marchait, la tête légèrement penchée, comme une bonne petite pensionnaire de couvent - dirais-je maintenant -, et la herse des cils déjà incroyables abritait du monde les yeux baissés dont je ne savais pas encore qu'ils avaient un incroyable éclat d'améthyste, une couleur qui allait du brillant de l'eau en plein soleil à ce bleu-gris en demi-teinte qui apparaît quand les nuages d'été s'amassent au-dessus de la falaise mais que la pluie n'a pas encore commencé.
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J'étais le seul parmi tous les élèves, garçons et filles, de l'école secondaire de la ville de Dugton, comté de Claxford, Alabama, dont le père ait jamais trouvé la mort parce que, debout à l'avant de son chariot au milieu de la nuit, il avait voulu pisser sur l'arrière-train d'une de deux mules de l'attelage ; ivre, il était tombé sur la tête, sans lâcher sa queue, pour atterrir sur la chaussée dans un tel état et une telle position que les roues gauches avant et arrière du chariot étaient passées très précisément sur son cou inerte, son état comateux étant sans doute la raison initial du plongeon fatal. Et pendant tout ce temps, pas une seconde, il n'avait lâché sa queue.
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Quelque chose se passe qui refuse de s'arrêter. De l'extérieur vous êtes témoin que quelque chose se passe, mais en même temps, de l'intérieur, vous participez. Le passage des choses, en fait, c'est vous, c'est votre vie. Si vous n'avez pas compris que les choses sont différentes sans cesser d'être les mêmes, vous ne connaissez rien à la nature de la vie. Voilà ce que je proclame.
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Ce n'était pas une femme aux proportions imposantes ; elle était plutôt petite, et elle avait le don de rester assise immobile, les yeux fixés sur un objet : un clou dans le mur, une pierre sur le sol, un arbre à l'horizon ou le corps de mon père sur le lit, sans jamais détourner son regard, voyant et ne voyant pas ; et pendant tout ce temps-là on savait qu'il passait quelque chose au fond d'elle-même comme un cours d'eau dans les ténèbres d'une grotte. Mais quand elle bougeait, ne fût-ce que pour se lever de son siège, on avait toujours la sensation d'une énergie brusquement libérée, d'une volonté en marche, d'un dessein précis en action. Et quand elle regardait quelque chose - même un rocher ou un arbre, ou quelqu'un, n'importe qui, mais particulièrement mon père ou moi -, on avait le sentiment qu'elle regardait à l'intérieur de cette chose, ou à travers. Et parfois elle éclatait de rire.
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