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EAN : 9782918148098
Soleils Bleus (30/03/2016)
2.83/5   3 notes
Résumé :
La Chouette effraie, roman noir parodique qui se déroule essentiellement dans le Nord, est le troisième roman de Christian Wasselin, journaliste à Radio France et musicographe.

Alors que la Vieille-Bourse de Lille est le lieu d’étranges complots, le négatif d’un film intitulé Gioconda est dérobé pour le compte d’un cinéaste jaloux. La cantatrice qui interprète l’air principal du film est à son tour enlevée, cependant qu’un riche propriétaire revenu de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je dois bien avouer que je me trouve très déconcertée. Très, très déconcertée.
Dans ce roman, on retrouve tous les éléments des vieux polars, surtout cinématographiques: une ambiance brumeuse et nocturne, des femmes splendides et sensuelles dans des robes fourreaux, des bandits et des voitures chromées le tout sur une bande originale jazzy. L'auteur, musicographe, nous donne les références précises des musiques que les personnages prennent plaisir à écouter. le lecteur peut alors faire de même pour se couler dans l'ambiance. le récit ne se situe d'ailleurs pas dans une époque précise. Il s'agirait d'une sorte d'uchronie, de passé fantasmé et de futur politique étrange. Quant au cadre spatial, le roman nous fait arpenter les rues de Lille et de sa province marécageuse. L'ensemble du roman a un aspect extrêmement visuel et musical, presque cinématographique, ce qui tombe bien puisqu'il s'agit d'un des thèmes du roman: le vol du chef d'oeuvre Gioconda.
Pour moi, plus qu'un polar, il s'agit d'une sorte de roman de genre: il se donne toutes les apparences du polar mais... n'en est pas un. Parce qu'autant vous le dire tout de suite, si vous cherchez une enquête, vous n'en trouverez pas. du moins pas vraiment. C'est là toute l'étrangeté de ce roman. Il vous jette sur une piste, puis sur une autre. Vous essayez vainement d'identifier dans quel univers vous êtes, quels sont les enjeux de l'histoire, quelle est l'intrigue. le roman est à l'image de ce que vivent les personnages: une labyrinthe sans issue. Il faut aussi s'attendre à une certaine forme de violence attachée au genre du polar et du gothique. Et cette violence, essentiellement exercée contre les femmes et le plus souvent gratuite, m'a vraiment dérangée car on y sent une forme de plaisir à la fois chez les personnages et chez le narrateur.
Ce roman s'apparente donc à un pastiche, ou plutôt à un patchwork de pastiches. Certains passages construisent un univers gothique, d'autres un univers de polar, d'autres encore une sorte d'uchronie désenchantée, une critique de la politique, voire une dystopie inquiétante. Or tout cela n'est pas lié par une intrigue solide. Attention, je ne veux pas dire que le roman n'est pas construit. Au contraire, il est rigoureusement construit, comme une mélodie. Les personnages y apparaissent progressivement pour tisser une symphonie jusqu'à l'acmé puis disparaissent aussi progressivement qu'ils sont venus, exactement entre la disparition et la réapparition de Gioconda. D'ailleurs, je me demande si on peut dire qu'il y a un personnage principal. Les personnages ne semblent pas importants. Leur psychologie est ébauchée mais pas approfondie comme s'ils n'étaient que des instruments au service d'autre chose. Et s'il y a une morale à ce roman, qui semble en être bien dépourvu, c'est que l'art triomphe de tout, il est La morale.
Ce roman n'est rien de ce qu'on attend car il est l'expression d'un pur plaisir d'écrire. Il joue de mise en scène, de lieux évocateurs, de scènes attendues. C'est avec une langue joueuse, toujours légèrement ironique qu'il taquine son lecteur à grand coup d'envolées lyriques ou stylistiques.
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Ce qui différencie La Chouette effraie de la plupart des autres polars que j'ai pu lire, ce n'est pas sa galerie de personnages, tous plus dérangés les uns que les autres, ni même son atmosphère nordique. C'est une influence double, qui mêle films noirs (ou plutôt néo-noirs) et romans gothiques façon fin XVIIIe siècle. Il y a des fulgurances dans l'écriture, des moments où le narrateur oublie sciemment l'histoire qu'il souhaite nous conter pour nous plonger dans un paysage de marais, de cimetière ou de château en ruines. C'est peut-être là que le roman est le meilleur : quand il mélange ses influences, en fait un bon gros cocktail dont les saveurs contrastées se conjuguent bien ensemble.

D'autres points ne sont peut-être pas assez développés : l'intrigue se place dans une période indéterminée (mi XXe siècle, dirons-nous) mais son contexte politique est resté assez flou à mes yeux : l'auteur mentionne plusieurs fois l'action de gangs et de milices que je ne sais pas bien situer, si bien que je n'ai pas toujours su si le contexte était d'inspiration historique ou inventé. Cela pose assez peu problème dans tous les cas, sachant que le roman joue sans cesse avec notre suspension de l'incrédulité, jusqu'à plonger, peu à peu, dans une folie de moins en moins douce, jusqu'à une apothéose de violence qui rappellera davantage Tarantino qu'Orson Welles.

Sur fond de chef d'oeuvre perdu/inachevé, La Chouette effraie mérite donc que l'on y jette un oeil. Si le roman conserve à mon sens quelque maladresses (j'ai eu parfois un peu de mal à accrocher à des personnages féminins qui se cantonnaient parfois un peu trop aux métaphores qu'elles devaient incarner), je me suis fort amusée aux divers surgissements de l'imagerie gothique dans un roman moins d'enquête que d'aventure.

A terme, le roman interroge, en creux, sur le devenir de l'art face à l'envie, la violence et aux pulsions destructrices qui dorment en chacun de nous. En un mot : une curiosité.
Lien : https://gnossiennes.wordpres..
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Un roman sombre et déroutant : "La Chouette Effraie", de Christian Wasselin aux éditions Les Soleils Bleus.

Le pitch : Alors qu'elle s'apprête à rejoindre le réalisateur Karol Klaus pour visionner les vingt premières minutes de son film "Gioconda", dans lequel elle chante, la cantatrice Marie-Bal Melbal assiste, sans le savoir, au vol de l'unique copie tirée de cette première partie par deux malfrats n'hésitant pas à semer la mort sur leur passage...

Je ne tiens pas à vous en dévoiler davantage sur l'intrigue afin de vous conserver la pleine et entière découverte de ce roman, pour le moins atypique et surprenant, et à propos duquel je dois bien admettre ma difficulté à vous livrer mon sentiment, tant je ne m'attendais pas à cela... J'en profite d'ailleurs pour vivement remercier Babelio et les éditions Soleils Bleus de m'avoir offert l'opportunité de le découvrir à l'occasion de l'opération Masse Critique.

Alliant avec finesse le roman gothique au roman noir, l'auteur nous livre ici une intrigue particulièrement riche et bien construite. Alors qu'il est question d'un film, c'est exactement l'impression d'un vieux film noir, tourné en noir et blanc, que ce récit a laissé à mes yeux éberlués. Au son de mythiques standards jazzy qui vont rythmer et même servir de décor à toute l'histoire, les péripéties s'enchaînent à un rythme effréné, entraînant son lecteur d'un lieu à un autre, d'une action à une autre, sans la moindre concession.
Traités sans ménagement, les personnages sont certes assez nombreux et peu approfondis mais, à l'instar d'un musicien chargé de jouer sa partition, ils tiennent leur rôle à merveille pour un interprétation pour le moins réussi.
Servie par une écriture particulièrement soignée et savoureuse, le style est aussi ciselé que rythmé, contribuant à faire de ce récit un grand moment de lecture.

En bref, si vous voulez un roman déconcertant, jetez donc un oeil et une oreille à celui-ci !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une fois le portail franchi, ils empruntèrent une allée ponctuée de bosquets à l'abandon, de statues mutilées, de vasques brisées, d'arbres inhospitaliers. A gauche, une rivière : le Crinchon, luisant et assoupi comme un alligator. A droite, plus près, un chemin. Au bout du chemin : l'aile orientale du Clos-Chataignac, délabrée, des pierres tombées, une terrasse en forme de demi-lune éteinte, de la mousse et des plantes sans repères dessinant des chimères sur les murs lézardés. Le domaine n'avait de glorieux que ses deux grandes allées, récemment restaurées par les bons soins du Mouvement pour la République Démocratique, la façcade et trois ou quatre salles très fréquentées depuis quelques mois.

- Des fausses ruines ? demanda Kozaï

- Non, répliqua Mazin, Chataignac n'a pas les moyens qu'on pourrait croire.
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Vidéo de Christian Wasselin
Nouvelle lauréate du Prix de la nouvelle ADAN 2023 Texte : Christian Wasselin / Voix : Thierry Moral https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Wasselin www.thierrymoral.fr
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