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EAN : 9781092364027
Le Ver a Soie (10/06/2013)
5/5   2 notes
Résumé :
Ce livre dit la tragédie et la grandeur du vingtième siècle. Il traite du passage de relais entre un père et sa fille, au plus haut niveau d'action artistique et politique. Échappant à la tourmente nazie, Leo Sirota, virtuose à l'égal des plus grands, forma au cours des années trente l'élite des pianistes japonais. Sa fille Beate, élevée au Japon dont elle possédait parfaitement la langue, rédigea à 22 ans auprès de MacArthur l'article décisif sur l'égalité des sexe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
A la fin de la deuxième guerre mondiale, le Japon, allié des puissances de l'Axe, est laissé exsangue par la défaite. A l'humiliation et la douleur s'ajoute l'installation des forces d'occupation sur le territoire national. Pour ce peuple de tradition guerrière, il est difficile d'accepter la reddition mais, la guerre terminée, il faut préparer l'avenir et assurer la paix. Les alliés, américains pour la plupart, décident de doter le Japon d'une nouvelle constitution, en remplacement de celle qui datait de l'ère Meiji. C'est une page vierge qui s'offre aux rédacteurs qui ont pour mission d'empêcher de nouveaux conflits, de réduire le rôle de l'empereur et de garantir les droits des japonais. Parmi eux, une femme, ou plutôt une jeune fille, s'attache particulièrement à définir le statut et l'égalité de la femme. Soumises à leur père puis à leur mari, les femmes jusqu'alors ne pouvaient décider de rien. Grâce à Beate Sirota et son article 24, elles pourront désormais bénéficier des même prérogatives que les hommes. Mais comment une américaine d'origine autrichienne, âgée de 22 ans à peine, s'est-elle retrouvée aux côtés du général MacArthur dans cette exaltante aventure qui posait les fondements de la nouvelle société nipponne ?


Malgré son titre très poétique, le dernier bateau pour Yokohama n'est pas un roman mais plutôt la somme des travaux de recherche et des connaissances de Michel WASSERMAN et Nassrine AZIMI, le premier s'attachant à évoquer la carrière de Beate Sirota après la guerre, au sein de l'Asia Society, la seconde se concentrant surtout sur l'élaboration de l'article 24, tous deux ne cachant pas leur admiration pour la jeune fille passionnée puis la femme engagée.
Si l'on peut s'étonner de la présence d'une toute jeune fille dans l'équipe de MacArthur, la légitimité de Beate est très vite évidente. Elle a grandi au Japon, elle parle couramment le japonais et surtout elle aime profondément ce pays, amour transmis par son père, le pianiste Léo Sirota qui fut chef de la section piano de l'académie impériale de musique de Tokyo. Si les rapports entre le pays du soleil levant et les Sirota ont beaucoup souffert pendant la guerre, l'attachement n'en est pas moins demeuré intact et ils n'ont jamais oublié l'accueil, la chaleur et la générosité du peuple japonais, à mille lieues de la suspicion et des brimades, seuls faits des militaires. C'est donc tout naturellement que Beate s'est attelée à la tache, forte de sa connaissance du Japon et surtout surtout sensible à la condition des femmes dans la société. Si sa contribution à la constitution nipponne est longtemps restée secrète à l'étranger, au Japon, elle a toujours été connue de tous et particulièrement des femmes, admiratives et reconnaissantes. Après la guerre, les liens qu'elle a tissé avec le Japon continue de dérouler leurs fils et Beate va consacrer sa vie à faire connaître le théâtre japonais aux Etats-Unis. Suivront les arts de la danse, les folklores, du Japon, puis de l'Asie toute entière. Infatigable, curieuse et obstinée, Beate parcourra le continent en tous sens, des grandes villes aux contrées les plus reculées, à la recherche de ses trésors cachés. Mais jamais cette passion pour l'art et son rayonnement n'occultera son engagement pour la cause des femmes nippones et toujours elle viendra à la rescousse de son article 24 pour contester les amendements éventuels que voudraient lui apporter les gouvernements successifs, surtout conservateurs.
Peu connue du grand public, Beate Sirota nous est rendue proche par le travail très complet des deux auteurs. Outre leurs contributions, on y trouve le récit d'Augustine, la mère de Beate, épouse de Léo, au moment où le couple hésite entre rentrer au Japon ou rester en Amérique, alors que le conflit mondial prend de l'ampleur, et, une fois pris ''le dernier bateau pour Yokohama'', leurs difficiles conditions de vie dans un pays où ils sont désormais considérés comme des ennemis, ainsi qu'un entretien avec Beate qui a tenu à participer au livre malgré sa fin proche, et des extraits des constitutions japonaises, celle de l'ère Meiji et celle mise au point par les alliés. Un ouvrage très complet donc qui raconte une famille d'artistes ouverte sur le monde, les autres cultures, la fraternité entre les peuples. Un bel hommage aux Sirota, passionnant et instructif.


Mille mercis aux éditions le ver à soie pour leur confiance.
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[ Livre reçu par l'intermédiaire de Lifly. Je remercie Yomu, Virginie Symaniec, et les éditions le Ver à Soie pour leur confiance.]

Comment résumer en quelques lignes deux parcours de vie extraordinaires ? Où commencer pour être à équidistance de chacun d'eux ?
Peut-être par un titre... Peut-être par ce " Dernier bateau pour Yokohama ". Ce bateau qui sépare pour quatre longues années parmi les plus terribles du XXème siècle une jeune femme de ses parents. Ce bateau qui quitte l'archipel d'Hawaï en novembre 1941 pour le Japon. Juste quelques semaines avant l'attaque de Pearl Harbour...
Un père et une fille séparés par L Histoire. Qui sauront ne pas lui en tenir rigueur...

Le père, c'est Léo Sirota. Grand concertiste autrichien d'origine juive. En 1928, il donne une série de concert au Japon. Il y fait grande impression et accepte un engagement de six mois pour former les jeunes pianistes japonais. La crise financière de 1929 et l'évolution politique de son pays de naissance transformeront ce voyage en un exil de 17 ans.
Devenu professeur reconnu et chef d'orchestre chevronné, il ne pâti pas des lois anti-juives que le régime nazi tente, sans succès, de faire adopter à son allié asiatique. Il en sera autrement à compté de 1941 et de l'entrée en guerre du pays. En résidence surveillée, rationné, malmené par la police politique, la vie sera dure pour cet artiste qui ne pensait pas la guerre si proche quand il monte dans ce dernier bateau pour Yokohama...
Léo retournera au Japon dans les années 60 pour y donner une ultime série de concerts. Lui qui ne s'était senti " qu'offensé " par le traitement qu'il avait subi. Sans haine...

La fille, c'est Béate Sirota Gordon. Petite fille qui passe son enfance au Japon. Japon si familier qu'elle en devient l'interprète pour ses parents. En 1941, elle entame des études supérieures aux USA. Elle y arrive avec ses parents à l'été 1941. A bord d'un autre navire, le Tatsuta Maru, resté dans L Histoire comme le dernier bateau ayant importé de la soie aux États-Unis avant la guerre... Ses parents repartiront en fin d'année pour Yokohama...
Elle retourne au Japon en 1945 dans le sillage du Général Mac-Arthur appelé à diriger le QG des Forces Alliées. Une ambition pour ce service : Rédiger la nouvelle Constitution. Acte fondateur d'une nouvelle démocratie auquel elle participe par ses recherches, ses talents de traductrice et ses convictions. Élaborée dans des délais extrêmement brefs, elle sera, selon le titre de son autobiographie, " la seule femme dans la pièce ". Elle en rédige l'article 24 qui assure l'égalité des sexes. Elle a alors 22 ans.
En 1947, elle rentre avec ses parents aux États-Unis. Jusqu'en 1991, elle deviendra une immense personnalité culturelle. Une passerelle qui organisera et présentera plus de 10 000 représentations pour faire découvrir les traditions artistiques japonaises et asiatiques aux américains. Un travail qui la fera qualifier de légende par le chorégraphe Peter Sellars.

Béate Sirota Gordon est morte le 30 décembre 2012. Presque jusqu'à son dernier souffle, elle participera à des conférences, elle donnera des interviews pour expliquer sa contribution pour l'égalité des femmes et pour son inscription dans les textes fondamentaux de pays comme Afghanistan par exemple...

" Existe-t-il aujourd'hui des gens de son calibre . " Demande l'un des auteurs...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" (...) Les critiques pointent que du fait que des différences culturelles et des coutumes, la Constitution n'est pas suffisamment " japonaise ". L'expérience du Japon a toutefois démontré qu'in fine, les gens autour du monde sont bien plus semblables qu'ils ne sont différents. Tous veulent la liberté, la nourriture, la santé, l'éducation pour leurs enfants et le bonheur. Les droits humains universels ne connaissent pas de frontières. Et ceux d'entre nous qui ont le privilège d'en jouir ont aussi la responsabilité d'aider les autres à poursuivre les mêmes buts. Nous devons faire cela avec idéalisme, passion et le désir de réussir. Les alternatives sont tout simplement trop sinistres pour qu'on s'y attarde "( Beate Sirota Gordon).
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Vidéo de Michel Wasserman
Michel Wasserman : « Le siècle japonais de Paul Claudel » Conférence tenue en ligne pour l'Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise le 11 décembre 2020.
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