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Critique de Cath36


Voilà un texte magnifique ! Ernst, le conteur, "l'affabulateur", séduit les gens qu'il rencontre tel le joueur de flûte d'Hamelin, au fur et à mesure des histoires qu'il invente, qui expriment à travers la tradition du conte et l'inconscient collectif dont il est porteur, toute la beauté et la richesse de la vie humaine. Malheureusement pour lui il tombe entre les mains de l'Inquisition, qui voit en lui un suppôt de Satan, parce qu'il oppose la sagesse, la liberté et la connaissance de l'imaginaire aux superstitions et au fanatisme. Mais où est donc la vérité ? Dans une vision du bien statique et définitive que nous pensons devoir défendre jalousement, où dans ce mouvement de vie toujours en évolution où le bien et le mal se confrontent sans cesse à travers nos émotions, nos pensées et nos actes ? N'est-ce-pas le mensonge du conte, l'affabulation, (comme en toute oeuvre issue de l'imagination) qui nous disent le plus profondément les vérités qui sont les nôtres ?
Ce livre qui raconte l'histoire d'un conteur est lui-même un conte, un peu comme dans ces mises en abîme où on voit une image reproduite dans une autre image etc. Par ce jeu habile de miroirs où le vertige ainsi crée donne au récit une profondeur de sens troublante, la réalité n'est décrite que par les remous qu'elle provoque, un peu comme ceux d'une pierre jetée dans l'eau.
S'ouvre alors un profond questionnement sur le respect de l'autre, la tolérance et la nécessité d'un regard autre que celui de la raison pure.
Et c'est ce regard qui, parce qu'il perçoit plus que l'apparence et qu'au-delà de la simple réalité il entrevoit quelque chose de plus grand, c'est ce regard quasiment prophétique du conteur (sauvé par tous ceux qu'il a aidé à vivre en leur offrant rêve et beauté) qui, ouvrant l'avenir, sortira vainqueur des forces de la mort :
"Je vais vous raconter une histoire... l'histoire du damoiseau Ernest d'Ehrenberg. Mais pas aujourd'hui, peut-être dans un an, dans deux ans peut-être. Ayez juste un peu de patience, je ne vous demande que cela, juste un peu de patience...

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