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Chaque publication de Truman Capote était attendue, tant pour ses qualités littéraires que pour l'humour caustique ou sa critique de la société dont il faisait preuve. Dès la publication de Petit-déjeuner chez Tiffany, ce court roman attise les convoitises des producteurs pour l'achat des droits, des scénaristes, des réalisateurs, et des acteurs....Et ce sont toutes ces tractations et surtout les dessous de l'industrie cinématographique américaine que Sam Wasson nous dévoile dans 5e Avenue 5 Heures du Matin. Après la lecture de Petit-déjeuner chez Tiffany, une amie m'a conseillé de revoir Diamants sur canapé et de lire 5e Avenue 5 Heures du Matin. un très bon conseil et un trio gagnant... Par petits chapitres, on découvre toutes les petites histoires qui entourent l'élaboration du film....à commencer par le choix d'Audrey Hepburn, toute jeune, repérée par Colette selon la légende pour interpréter Gigi au théâtre et n'ayant tourné qu'un seul film Vacances romaines où elle représente la petite jeune fille tout juste sortie de l'adolescence.......Un choix qui n'est pas validé par Truman Capote qui voyait Marilyn Monroe, sa grande amie, dans le rôle de Holly Golightly. Convaincre Truman Capote de céder les droits du roman réputé inadaptable sur grand écran, sera affaire un peu plus corsée et ce sont deux producteurs qui, pratiquement sur un coup de bluff enlèveront l'affaire. Reste à trouver le réalisateur, plusieurs sont approchés, certains déjà sous contrat avec les grandes sociétés cinématographiques, le choix va se rabattre sur un deuxième choix, Blake Edwards peu connu à l'époque... Au fil de la lecture, on plonge dans un monde de rivalités, de marchés donnant-donnant, on y découvre une Audrey Hepburn sous le contrôle de son mari Mel Ferrer qui la tyrannise et l'humilie lors de repas en présence des collaborateurs du film, un George Peppard qui commence à peine sa carrière mais se croit la vedette du film, le véto d'un producteur sur le choix de Mancini pour la BO du film........ 5e Avenue 5 Heures du Matin est donc une immersion complète dans les tractations pour l'élaboration d'un film qui se transforme en comédie romantique hétérosexuelle pour satisfaire la censure, où la fille légère et les passes furtives dans les toilettes sont à peine évoquées et où le confident homosexuel se transforme en gigolo, une situation plus acceptable pour la censure omniprésente et pour le spectateur américain puritain. Une version transformée par la magie du cinéma, pour plaire à la bonne société blanche américaine mais aux antipodes de l'esprit du roman de Truman Capote. Une lecture très intéressante et surtout très instructive sur le cinéma américain. + Lire la suite |