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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Affinités" est un livre fantastique, mais que je ne me souvenais plus avoir lu (et c'est en repassant devant à la bibliothèque que je m'en suis rappelée avec émotion). Vous pourriez me dire alors, et vous aurez raison, "Est-ce que ce livre est vraiment si bien, puisque tu ne te rappelais même plus que tu l'avais lu ?" (c'est aussi pour ne plus oublier mes lectures, ou en tout cas un peu moins, que j'écris des critiques sur Babelio. Enfin bref, on va stopper ici la narration de ma vie :) ). Hé bien, oui, "Affinités" est un livre fantastique, que je conseille vivement, dont la lecture est vraiment marquante.

Ce roman, dont la parution est moderne (entre 2005 et 2006 pour les éditions grand format et de poche), reprend tous les codes du roman victorien gothique (sauf que l'histoire ne se passe pas dans un château) : il raconte l'histoire de Margaret Prior, une dame patronnesse issue de la haute société, qui visite des prisons afin de tromper son ennui. A l'occasion d'une de ses visites, elle fait la connaissance de Selina Dawes, une jeune spirite qui a été emprisonnée pour avoir tué l'une de ses clientes au cours d'une séance de spiritisme, mais qui ne cesse de clamer son innocence. Celle-ci commence à raconter son histoire à Margaret Prior, qui, au départ juste intriguée par cette histoire qui sort de l'ordinaire, ne se rend pas compte qu'elle tombe dans une fascination dangereuse...

"Affinités" distille tout au long de sa lecture une ambiance doucereuse, intrigante, malsaine. Un parfum de mystère flotte dans l'ouvrage, contamine le lecteur (qui peut alors voir son quotidien différemment le temps de la lecture), et qui correspond parfaitement au rapport que l'on peut avoir avec le spiritisme (quand le sujet intéresse), soit une attirance trouble pour le jeu avec la mort, avec l'indéfini.
"Affinités" est aussi un formidable jeu de manipulation, une orchestration de faux semblant. Qui sont réellement les personnages ? Que veulent-ils vraiment ? le rebondissement final, estomaquant, se chargera d'apporter la réponse.
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Margaret Prior est une jeune femme issue d'un milieu aisé. Après la mort de son père, elle décide de venir en aide aux prisonnières de Millbank, une sinistre prison située non loin de la Tamise, afin de les conseiller et leur apporter son soutien durant leur dur séjour dans cette prison. Contre l'avis de sa mère qui préfère que Margaret accomplisse les tâches réservées aux jeunes filles de son rang, Margaret devient « dame patronnesse » à Millbank : elle rencontre ainsi des femmes condamnées pour toutes sortes de fraudes, comme le vol, la tentative de suicide ou encore le meurtre. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance d'une détenue particulière : Selina Dawes, jeune médium spirite condamnée après la mort de sa protectrice, Mme Brink ainsi que la plainte d'une de ses clientes. Peu à peu, Selina va se confier à Margaret, et celle-ci devient de plus en plus « fascinée » par le médium au point de ne cesser de penser à elle, et de raconter à ses lecteurs la passion qui commence à brûler en elle…

Voici l'histoire d'Affinités, premier roman que je lis de Sarah Waters, romancière talentueuse qui m'intriguait depuis un certain temps. J'ai particulièrement apprécié le choix du « journal intime », car il nous permet de connaître dans les moindres détails les pensées de l'héroïne, un anti-héros en décalage avec son époque, qui veut devenir libre ; Margaret est un personnage intéressant : profondément attachée à son père disparu, elle n'est proche ni de sa mère, ni de sa jeune soeur fiancée avant elle, ni même de son frère, pourtant marié à son amie intime, Helen. J'ai été touchée par sa situation, je l'ai comprise du début à la fin, et j'ai vécu en même temps qu'elle les différents évènements de ce roman.

Selina est un personnage complexe, qui m'a plu par son caractère mystérieux, son passé qui semble atypique et son comportement avec Margaret. Je dois dire que je ne m'attendais pas à une telle fin, j'avoue même qu'elle m'a un peu déçue, et pourtant, elle nous délivre la dernière clé qui nous permet de résoudre l'énigme de la vie de Selina.

Ainsi, j'ai apprécié cette lecture, qui, malgré le peu de gaieté qui y règne, est passionnante. J'espère avoir l'occasion de découvrir plus en détails l'oeuvre de Sarah Waters, et en particulier son roman le plus connu, du Bout des doigts.

A lire !
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Ne vous fiez pas à la couverture car elle n'a rien à voir avec l'histoire, si ce n'est qu'elle raconte l'histoire de deux femmes dans une époque victorienne.

Margaret Prior se sent bien seule depuis la mort de son père. Elle a 29 ans, vit toujours chez sa mère, son frère s'est marié à une amie d'enfance et sa soeur s'apprête elle aussi à se marier et à quitter le domicile. Elle ne s'entend pas très bien avec sa mère et son père lui manque terriblement. Pour échapper à l'ennui elle va devenir visiteuse de prison. C'est une prison de femmes qu'elle a choisit: Millbank. Elle va tour à tour rencontrer plusieurs femmes qu'elle va visiter régulièrement jusqu'au jour où une prisonnière retient son attention: Selina Dawes. Ce qui l'intrigue chez elle et qui la rend différente à ses yeux c'est le fait qu'elle soit spirite, un univers inconnu aux yeux de Margaret. Les faits un peu troubles de son incarcération vont la pousser à découvrir la vérité et à plonger dans ce monde de médium.
A travers un croisement des journaux intimes, celui de Margaret, qui écrit au présent et celui de Selina, qui écrit avant son incarcération, nous allons comprendre les histoires de ces deux femmes que tout oppose jusqu'au rang social. On ne comprend pas tout de suite qu'il s'agit d'un croisement de journal, ce qui rend la lecture un peu brouillon. Les faits intéressants résultent plus dans le procès de Selina. Que s'est-il passé cette nuit-là ? Bien plus que dans les rencontres des deux femmes qui sont monotones et qui s'étirent dans tous le roman. Il reste juste la fascination mystérieuse et mystique de Margaret pour Selina. Fascination dont va jouer avec brio Mlle Dawes. La fin est surprenante et peut laisser perplexe. Ne vous fiez pas aux apparences et entrez dans l'univers carcéral de notre spirite, Selina Dawes.
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Après ma lecture plus qu'enthousiaste de du bout des doigts de cette auteure, j'étais très impatiente de découvrir ce roman dont l'action se situe également au XIXè siècle en Angleterre. Et c'est avec plaisir que j'ai retrouvé tous les ingrédients qui avaient contribué à me faire apprécier Sarah Waters: époque victorienne, ambiance suffocante, situations équivoques, secrets, trahison et amours interdites!

Margaret Prior est une jeune femme de la haute bourgeoisie victorienne qui, à la mort de son père, un brillant historien, se retrouve meurtrie et désoeuvrée. Pour occuper ses pensées, mais également et surtout dans le but d'aider son prochain, elle décide de devenir dame patronnesse à la prison de Millbank. Elle y découvre un univers froid, angoissant, sombre, sale, silencieux, où la nourriture est immangeable, les corridors sans fin et les détenues terriblement seules... Cette atmosphère étouffante et effrayante l'obsède. Très vite, elle s'attache à Selina Dawes, une jeune prisonnière spirite accusée d'escroquerie et de coups et blessures. Margaret se sent attirée par elle, irrémédiablement, alors que Selina lui fait découvrir son monde, le spiritualisme: leurs rencontres amicales deviennent assez vite troublantes, empreintes de sentiments inavouables...

Comme je l'indiquais en préambule, j'ai beaucoup aimé cette plongée dans l'époque victorienne; Sarah Waters est experte dans l'art de décrire les lieux et les personnages. Ainsi, on ressent sans effort l'atmosphère étouffante de la prison de Millbank, on en respire la poussière et les odeurs des corps mal lavés et on entend le bruit des grilles qui se referment sur Margaret à chacune de ses visites, celui des trousseaux de clés des gardiennes et des lamentations des prisonnières qui ne veulent pas qu'on leur rase la tête...
Les personnages de Margaret et Selina sont très intéressants, fascinants même. Et on peut se demander comment deux personnes de milieux si différents (l'une issue de la bourgeoisie victorienne, l'autre, orpheline, évoluant dans le milieu spirite) ont pu si vite et si bien s'entendre... Sans doute, la solitude est un bon stimulant à l'émergence d'une amitié profonde et Margaret, bien que libre et entourée de sa famille, se sent seule, abandonnée dans son milieu où elle ne se reconnaît pas, où ses aspirations et envies ne sont ni écoutées ni entendues "J'ai vingt-neuf ans. Dans trois mois je passerai le cap de la trentaine [...] qu'adviendra-t-il de moi ? Je me dessécherai, je deviendrai cassante, décolorée - telle la feuille qu'on garde, pressée entre les pages d'un triste livre noir, jusqu'à ce que l'oubli la réclame." (10/18 - p.301) alors que Selina se montre compréhensive, à l'écoute et disposée à l'aider à réaliser ses rêves, même si, pour cela, les esprits devront intervenir...

La construction du livre est également très réussie: on suit tour à tour le journal intime de Margaret relatant précisément les événements et nous révélant ses pensées les plus intimes et celui de Selina centré sur les événements passés l'ayant conduite en prison. Ces deux récits sont totalement complémentaires et nous aide à entrevoir la fin même si j'ai été loin du compte...

Néanmoins, et bien que j'aie beaucoup aimé cette lecture, je dois avouer que j'ai passé un bon tiers du livre à attendre le retournement de situation tant espéré ! En effet, après ma lecture de du bout des doigts, j'étais certaine que les choses n'étaient pas aussi transparentes qu'elles en avaient l'air et que, forcément, quelque chose allait arriver et ce quelque chose a beaucoup (trop) tardé... C'est sans doute pourquoi j'ai ressenti un peu de lassitude à certains moments dans ma lecture et que certaines répétitions et longueurs m'ont quelque peu agacée! Mais ceci n'enlève rien à la qualité de l'intrigue ni à l'intérêt du livre et je peux sans aucun doute qualifier cette deuxième rencontre de rendez-vous totalement réussi.
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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Quel est son double?

Margaret Prior, jeune demoiselle de la bourgeoisie anglaise, décide de devenir Dame Patronnesse à la prison pour femmes de Milbank. Elle compte ainsi fuir son quotidien et le mal de vivre dans lequel l'ont entraînée la mort de son père et un amour contrarié. Elle se jette donc, contre l'avis de sa mère qui la sait fragile, à corps perdu dans cette fonction à valeur sociale et découvre non sans effroi la misère de l'endroit et la dureté des conditions d'enfermement de ces femmes. Si certaines l'émeuvent, une en particulier va éveiller en elle un intérêt et un désir particulier, entre fascination et attirance : Selina Dawes, jeune spirite, condamnée pour escroquerie.
Entre emprise psychologique et séduction, il faudra à Margaret trouver son chemin jusqu'à la vérité.

Voici une histoire somme toute assez fascinante, qui plonge le lecteur au coeur d'une ambiance bien sombre et à l'intrigue savamment menée.
D'abord parce que le gros de "l'action" se situe dans un milieu carcéral féminin qui, même s'il peut rebuter par sa dureté, que c'est sordide et que ça donne froid dans le dos, donne aussi une vision extrêmement intéressante d'un tel lieu à cette époque.
Ensuite parce que toute l'histoire repose sur des personnages féminins dont l'une si mystérieuse, inquiétante mais fascinante et, l'autre, si fragile et rebelle à la fois. En tout cas, deux femmes "hors normes" qui vont se trouver... par hasard pense-t-on dans un lieu tout aussi atypique.
Il ne faut pas pour autant oublier ces autres visages dans et hors de la prison qui nous interpellent et suscitent sympathie ou rejet et font aussi le paysage d'Affinités. [...]
Suite de l'avis sur le blog, merci :)
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Mlle Margaret Prior devient dame patronnesse au sein de la prison de Millbank, au grand dam de sa mère. Sa mission est d'inspirer les prisonnières, qu'elles prennent exemple sur une femme de bonne famille afin que, à leur sortie, elles ne récidivent pas et deviennent meilleures aux yeux de la société. Lors de sa première visite à la prison, Mlle Prior est subjuguée et intriguée par une détenue, Mlle Selina Dawes ; son jeune visage est baigné de la douce lumière du soleil, dont les rayons se faufilent péniblement entre les épais murs du bâtiment, et une violette apporte une touche de couleur dans ce sinistre lieu.
Ce n'est pas mon roman préféré de Sarah Waters (je lui préfère Caresser le velours) car je lui ai trouvé un moment de longueur, lors de préparatifs quelques peu euphoriques. En ce qui me concerne, c'est le seul point négatif de ce roman, et il a toutefois son importance dans les événements. le reste est parfaitement maîtrisé : l'ambiance, la narration, les personnages…
Margaret Prior est une jeune femme de bonne famille qui semble avoir du mal à faire le deuil de son père, qui s'accompagne également du deuil d'une certaine liberté. En effet, elle approche de la trentaine et sa mère souhaite la marier – il est grand temps ! Elle l'incite donc à être présente en société, à prendre le thé avec des amis de la famille… Elle ne voit chez sa fille qu'une lubie passagère et plutôt malsaine que d'être dame patronnesse. Pourtant, quand Margaret réalise que, si elle n'avait pas été d'une bonne famille, elle aurait pu terminer comme temps d'autres à Millbank, sa vision sur la prison et ses occupantes va changer. Selina Dawes va également lui faire forte impression ; cette jeune femme a une certaine aura qui ne s'explique pas que par sa beauté. Elle a une bonne éducation et sort donc du lot des détenues mais, surtout, elle est médium, elle permet aux esprits de s'exprimer. Si l'on nous dit dès le début pourquoi elle est emprisonnée, l'affaire semble toutefois très opaque (par exemple, qui est Peter Quick ?). Quoiqu'il en soit, Mlle Prior va en quelque sorte s'enticher de la spirite qui, au sein de la prison, est presque une bouffée d'air frais parmi toutes les autres réclusionnaires. Notons au passage que la couverture n'a rien à voir avec ce qui est narré dans le roman. S'il peut y avoir une part de désir, ça s'arrête là. On n'est pas dans la série télévisée Orange is the New Black dans laquelle les détenues et certains de leurs geôliers ont des rapports charnels plus ou moins consenties. Affinités est une récit subtil et foisonnant, dans lequel les liens se tissent entre rapports de force, amitiés et espoirs.
Vous ai-je dit que l'histoire prend place durant l'époque victorienne ? C'est une signature, pour Sarah Waters (tout du moins, les trois livres de cette écrivaine que j'ai lu se passent tous durant cette période de l'histoire anglaise). Ce contexte a son importance puisque, outre nous signifier que Margaret devrait déjà être mariée, les conditions de détentions ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui : l'emprisonnement est total et silencieux et, en dehors des promenades (qui n'ont pas lieu tous les jours), il se fait dans la plus grande des solitudes. Ainsi la venue d'une dame patronnesse est l'occasion de parler, de casser la morne routine. S'il arrive que le récit prenne place au sein de la demeure des Prior, tous les passages à Millbank s'avèrent donc étouffants ; le résumé parle d'atmosphères étouffées, moi, j'ai vécu des atmosphères étouffantes, au sein de la prison comme en dehors les relations entre les femmes Prior ne sont pas des plus chaleureuses ; beaucoup d'incompréhensions semblent les lier. de même, le passé de Selina paraît bien mystérieux, il semble y avoir quelque chose qui cloche – mérite-t-elle vraiment d'être enfermée à Millbank ?
Affinités est un roman qui joue beaucoup sur l'ambiance et les relations. Il y a peu d'action, comme vous pouvez vous en douter puisque l'un des personnages principaux est cloîtré dans sa cellule. Toutefois, la narration (qui est tout du long à la première personne) alterne entre le présent de Margaret et le passé de Selina. le récit nous apporte alors quelques éléments sur les événements qui ont conduit la médium en prison, étoffant au passage le personnage.
Au cours de notre lecture, alors que nous étouffons malgré les quelques bribes d'air frais que veut bien nous accorder l'autrice, arrive une lueur – pas forcément d'espoir, mais quelque chose qui nous permettrait en tout cas de respirer librement. Alors, quand arrive la fin, quelle surprise j'ai eu ! Je ne vous en dis pas plus mais je tiens à souligner le talent d'écrivaine de Sarah Waters ; savoir surprendre ses lecteurs et lectrices, les surprendre en bien, c'est toujours une bonne chose, pas vrai ?

Affinités est un récit oppressant qui nous offre le plaisir de voir une relation entre une détenue et une femme de la bonne société se construire. le roman en profite pour nous dépeindre les condition de vie et de mort en prison à cette époque, nous offrant des tranches de vie souvent dramatiques ; c'est que l'on s'y attache, à ces réclusionnaires !
Si Affinités ne vous tente pas plus que ça, parce qu'il est vrai qu'un roman carcéral, ce n'est pas ce qu'il y a de plus joyeux à lire, je vous invite grandement à découvrir l'oeuvre de Sarah Waters ; il serait vraiment dommage de passer à côté.
Bonne lecture à vous.
Lien : https://malecturotheque.word..
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Une prison londonienne au milieu du XIXème siècle. Une jeune femme écrasée par sa condition féminine, brimée par la société rencontre une médium... le roman semble se dérouler de manière classique, dans les conventions du genre,sous la forme du journal intime... et puis... la fin est vraiment surprenante et nous fait tout relire avec un nouveau point de vue. C'est très très habile ! J'ai été aussi crédule que la narratrice !
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Au coeur du Londres victorien, fuligineux et humide, au bord de la Tamise, la prison de Millbank se dresse, terrible, avec ses bâtiments pentagonaux dont l'ensemble rappelle avec une ironie sinistre la forme d'une fleur. Car ici, nulle verdure, nul espace, point d'espoir. le costume identique et puant, la surveillance omniprésente, la règle du silence le plus stricte, les travaux rigoureux, la médiocrité de la nourriture, les nuits blanches d'insomnies, les visites parcimonieuses et comptées : le quotidien des détenues est d'un sempiternel et morne ennui. C'est dans ce cadre, aujourd'hui disparu, que Margaret Prior, dont les nerfs ont été ébranlés par la disparition de son père et qui noie l'insomnie de ses nuits dans le chloral et le laudanum, c'est dans ce dernier cercle des enfers, que cette demoiselle de la bonne société que l'âge semble promettre à la condition peu enviable de vieille fille auprès d'une mère quinteuse, aspire à occuper ses heures de désoeuvrement en officiant comme dame patronnesse, non pour chapitrer les détenues qui l'occupent, mais pour les soulager de leur déréliction en leur prêtant une oreille attentive et compatissante. Elle y rencontre une jeune détenue, Selina Dawes, medium spirite, incarcérée sous les charges d'escroquerie et de coups et blessures. Très vite une relation complexe et ambiguë va se tisser entre les deux femmes que tout semblait opposer. La narration prend la forme de journaux intimes que tiennent les deux femmes, Margaret y compulsant son quotidien étouffant, sous le carcan des conventions, ses troubles personnels, ses questionnements et ses visites à la prison, tandis que Selina, dans un journal antérieur au premier, conte les circonstances qui ont entraînées son incarcération à Millbank.

Avec cet opus Sarah Waters laisse libre cours à son talent pour l'intrigue, le suspense et le machiavélisme. Affinités traite du sujet tabou de l'amour saphique dans la société victorienne, pudibonde, patriarcale et rigoriste. L'univers carcéral du Londres de l'époque est excellemment retranscrit avec sa noirceur, son humidité, ses conditions difficiles réservées aux détenues.
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