J'attendais avec impatience un nouvel opus de
Sarah Waters, et j'ai été, je l'avoue, un peu déçue. Mais que cela n'arrête personne, le livre reste très bon. C'est seulement qu'après les autres (
Du bout des doigts,
l'Indésirable-mon préféré- ...) il fait un peu plus pâle figure...
Difficile de parler sans spoiler. Les personnages sont, comme d'habitude, multifacettes, insaisissables...
Frances et sa mère, d'un bon milieu, ruinées par la guerre et un patriarche impécunieux, tentent de conserver leur belle maison qui se délabre (cf
l'Indésirable...) en louant quelques pièces à un jeune couple un peu vulgaire, un peu bruyant, mais troublant, tout au moins à travers les yeux de Frances, car c'est par ses yeux que nous voyons tout.
Frances elle-même, et c'est amusant, implicite, apparaît aux yeux du jeune époux comme une jeune (26 ans) vieille fille coincée, victorienne, qu'il pense choquer par quelques remarques un peu salaces ...Le pauvre, s'il savait...
Frances, de toutes façons, complexe et paradoxale, ne "calcule" que sa mère, et Lilian, la jeune épouse...
Lilian, difficile à calculer pour le lecteur, car vue uniquement par le prisme déformant de Frances.
A partir de là, c'est
Sarah Waters qui joue aussi avec nous, nous entraînant d'abord vers une histoire d'amour interdite ...pour nous lâcher ensuite brutalement dans un roman policier d'Ann Perry, mais côté suspects.
Bon, il faut s'arrêter là, pour le suspens.
Quelques rebondissements mais pas de grands cris de stupeur, une réflexion sur la morale et la peur, un dénouement en demi-teinte qui nous laisse un peu dans le flou.
Franchement, par rapport aux dernières pages hallucinantes de
l'Indésirable, on reste un peu sur sa faim...