Interminable.
C'est dingue le temps qu'il m'aura fallu pour venir à bout de ce bavardage de 520 pages. Laissez-moi vous raconter : Sonny (le narrateur) est comédien de théâtre à Broadway. Il doit sa carrière à une ancienne gloire des planches, Sidney Castleman, qui lui mit le pied à l'étrier en l'embauchant comme doublure.
Vingt ans après, les rôles sont inversés. Sidney, l'ex-monstre sacré, fait fuir tous les metteurs en scène avec sa grandiloquence has been, qui fait de lui un acteur grotesque et pathétique. C'est désormais lui qui est la doublure (notez que le titre original « The understudy », contrepied du titre français, se traduit littéralement par « la doublure ») de Sonny, dont la cote ne cesse de monter. Celui-ci, que ce soit par gratitude, sentiment de culpabilité ou de responsabilité envers ce père spirituel vieillissant, se sent obligé de faire l'aumône à Sidney, en lui offrant ces doublures ou des billets de 20 dollars. Mais Sidney, loin d'être reconnaissant, est un emmerdeur de première, exigeant, capricieux, ingrat, moqueur et égoïste. Sonny, coincé entre sa femme, qui trouve Sidney bien encombrant, et ce dernier, qui reste malgré tout son ami, décide de prendre l'air quelque temps et part, seul, en safari en Afrique.
Au cours de ce voyage improbable, Sonny, victime d'une étrange fièvre, aura une conversation hallucinée avec un vieux lion (un vrai), dont il sortira transformé, même si le lecteur n'y a rien compris. Bref, il rentre à New York, retrouve sa femme que l'insécurité et la violence de la ville rendent hystérique, et Sidney, toujours aussi imbuvable, qui a enfin trouver un « mécène » pour financer la pièce qu'il rêve de monter depuis des années. Sauf que ledit « mécène » s'avère faire partie de la pègre locale, et que voilà donc Sonny embarqué dans des affaires louches, aux prises avec la police et des truands de seconde zone qui veulent sa peau (là non plus j'ai pas tout compris). Avec le paradoxe que c'est au moment où Sonny a les pires ennuis (et qu'il se montre donc plutôt négligent dans son travail) qu'il connaît la gloire et les contrats à cinq chiffres. Et avec le mystère que c'est aussi à ce moment qu'il place sa loyauté envers Sidney au premier plan, quitte à mettre sa famille et sa propre vie en danger.
Elia Kazan était peut-être un grand metteur en scène et réalisateur, mais un grand écrivain, je n'en suis pas sûre... Dans ce roman foutraque, on capte bien qu'il s'apitoie sur la disparition de la grande époque du théâtre de Broadway, crache sur Hollywood et la télévision et critique la violence croissante à New York. A part ça, je n'ai pas compris où il voulait en venir, ce monstre sacré...
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Un extraordinaire récit du monde artistique (théâtre) ainsi que des réflexions sur la politique empreintes d'un humour cinglant.
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J'ai découvert un grand avec ce roman fantastique il a vraiment le sens de l'humour qui nous fait chérir les auteurs Grecs et leur romantiques ouvrages.Ce roman m'a beaucoup plu.
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Quand vous critiquez une seule réplique de Tennessee Williams, vous avez l'impudence d'un enfant qui devrait être fessé parce qu'il est trop jeune pour être fusillé.
C’était dans les journaux,presque tout.
-O.K Frank Scott,me déclara Boruf ,est venu nous voir i y a quelque mois.Il se peignait que Kaso le soumettait à des procédures d’extortion de fonds,le menaçait s’i n’acceptait pas un nouvel arrangement favorable à Kasko.Scott disait que s’il se pliait aux exigences de Kasko,i ne pourrait pas gagner sa vie.
Qu’est-ce qu’il faisait?
Des surprenantes.Loteries clandestines.
Et il est allé se plaindre à vous,à la police?
Oui.Il savait que nous voulions en savoir davantage sur Kaslo et son opération.Scott nous a dit que si nous lui promettions l’immunité il témoignerait devant le grand jury.
Sidney est mort là-haut,dans les tranchees.Une des raisons pour lesquelles j’ai survécu,la voici:
Je pouvais jouer n’importe quoi,jeune premier ou père noble.J’étais né avec une figure de petit vieux mais encore aujourd’hui j’ai une taille de jeune homme.Un Souvenir:Un jour j’étais dans la loge de ma mère,je la regardais se maquiller et j’ai vu qu’elle m’observait dans la glace en souriant.
demandai-je car,même à douze ans,j’étais plutôt susceptible.
Elle l’embrassa avant de répondre:
Ta figure de petit vieux,Sonny,et je l’adore.
Sonny était mon surnom,et il m’a collé à la peau.
On aurait dit le chaos que laissent des pompiers après avoir éteint un petit incendie sans gravité avec cette énergie féroce qui leur vient d'avoir joué aux cartes toute la journée à la caserne.
C'est facile d'être communiste à plein tube quand papa est là pour payer la casse.
Elia Kazan : la mort de Tennessee Williams (1983)