Ce roman est presque un récit, une chronique de la pauvreté haïtienne. Jackson et Rodrigue, deux amis pauvres d'Haïti, vont gagner leur vie dans les fêtes, les foires avec leur table de jeu.
L'auteur nous promène avec les deux compères dans les rues de Port-au-Prince, et nous fait découvrir ce pays, sa pauvreté, ses rues défoncées, sales, puantes et la faim permanente, la corruption des élites haïtiennes. Loin de juger les personnages, Watson Charles leur donne au contraire de la fierté et de la dignité. Dans leur cheminement de douleur mais aussi d'espoir, il peint le décor d'une tragédie ordinaire. C'est la mort, toujours à l'affût, et sa rencontre avec la belle Rosemène qui fera de Jackson un autre homme, combattant pour son avenir, et celui de ses frères de misère...
Dans ce pays, un des plus pauvres de notre monde, l'auteur s'attarde peu sur les catastrophes climatiques ou tremblements de terre qui détruisent et martyrisent la population. Par touche, il met l'accent le fléau principal : les méfaits du capitalisme, et l'exploitation humaine qui use, affame les travailleurs haïtiens dans les usines de chaussure. Jackson, comme les autres, fera son chemin dans ce marasme, courageusement, difficilement avec son "vive le peuple" !
C'est un très beau roman, poétique et social, court mais qui en dit beaucoup sur l'état d'Haïti et la révolte qui y gronde. C'est une belle porte d'entrée littéraire sur ce petit pays passionnant. Je recommande ce roman, très en phase avec la situation actuelle des migrants haïtiens, fuyant la misère, aux portes des USA. Je remercie "masse critique" et les Editions Moires de m'avoir fait découvrir de très beau roman de Watson Charles.
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