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Critique de gatsbi


Une lecture agréable et assez prenante, mais je reste déçu au final.

Sur le plan de l'écriture, pas grand-chose à redire. le style est propre, du début à la fin. du moins pour ce que le passage de la traduction laisse en percevoir. Si j'avais un seul reproche : la surabondance des figures de comparaison, de personnification et autres métaphores. Ian Watson est-il un maître de l'analogie ? Peut-être. Un mordu ? Sans doute. Un extrait sera plus parlant : « Sur son passage, les mottes de terre tordaient en sourires de gargouilles leur visage de nains contrefaits. le bleu du ciel à travers les branches décharnées était le vitrail d'une cathédrale, l'éventail de plumes d'un paon qu'on aurait déployé pour courtiser le néant ». Et c'est comme ça tout le roman ! Au-delà de la prouesse et du talent purement littéraire, cette accumulation a fini par peser sur ma lecture, la rendant un peu plus lourde et plus difficile qu'elle n'aurait dû l'être.

Côté scénario et personnages, pas de réel problème, là non plus. Comme on l'apprend dans le quatrième de couverture, nous suivons deux trames – parfois trois – en même temps, et l'action s'enchaîne naturellement. Les personnages, sans être marquants, sont relativement crédibles.

C'est sur le contenu et le thème annoncé que je suis resté sur ma faim. Ayant quelques connaissances en linguistique et en Traitement du Langage Naturel (une spécialité de l'IA), j'étais assez curieux du tour qu'allait prendre l'histoire ! Malheureusement, les développements m'ont paru un peu trop légers. Peut-être est-ce dû à l'idée maîtresse du roman, l'enchâssement, qui se trouve être un concept relativement classique et basique, bien que puissant, dans la théorie des langages. J'aurais aimé davantage d'illustrations concrètes : en dehors de l'exemple des comptines ou celui des poupées russes, peu de choses. le narrateur-spécialiste décrit bien quelques liens en rapport avec la structuration de la mémoire (temporalité et spatialité), mais à ce niveau cela reste un peu abstrait pour un lecteur lambda à mon avis. Il aurait été utile de décrire quelques expériences concrètes. D'autant que l'univers – avec son laboratoire de recherche – s'y prêtait particulièrement. le développement le plus poussé apparait lors de la dernière envolée, mais son revêtement spirituel et métaphysique m'a déplu.

Alors, plutôt que d'exploiter en profondeur cette notion d'enchâssement du langage, on comprend assez vite que l'auteur a préféré une approche plus indirecte, créant plusieurs trames concomitantes qui, toutes, explorent à leur façon ce concept. Pourquoi pas après tout. Cette approche a le mérite d'apporter dynamisme, suspense et questionnements en s'appuyant sur des mécanismes scénaristiques éprouvés. C'est bien fait d'ailleurs. Seulement, alors, j'aurais souhaité que les trames se rejoignent davantage à la fin, que les unes soient des clés pour les autres en quelque sorte. Peut-être est-ce le cas… Je laisse les futurs lecteurs se forger leur propre opinion !

Autre aspect qui m'a interpellé : le message. Si, au cours de la narration, on perçoit peu à peu des idées que développe l'auteur, toutes finissent par perdre en valeur, au fur et à mesure que les personnages qui les portent sont discrédités par sa plume. Et cela se produit jusqu'à la toute fin, c'est assez amusant ! Rétrospectivement, ce roman m'apparait comme un rouleau – une vague déferlante pour rester dans l'univers – de critiques n'épargnant rien ni personne ! Pour le coup, c'est très bien fait (par exemple le point de vue sur/de plusieurs personnages évolue). Mais que reste-t-il alors comme message clair en dehors de l'intérêt en soi de la notion d'enchâssement ?

Enfin, j'ai relevé quelques défauts de moindre importance : situations ou comportements parfois peu crédibles ; femmes peu mises en avant (et quand elles le sont, le résultat n'est pas particulièrement valorisant à leur endroit) ; quelques personnages parfois trop détaillés alors qu'ils sont délaissés par la suite.


Note sur l'édition (Le Bélial) : elle incorpore une préface de l'auteur et une postface très intéressantes, une vraie valeur ajoutée ! Apparemment cette édition bénéficie également d'une nouvelle traduction, qu'on peut supposer meilleure. L'illustration de couverture est certes jolie, mais son évocation un peu trompeuse...
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