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Après l'avoir laissé patienter dans ma PAL pendant 1 an et demi, j'ai eu envie de m'attaquer à ce roman qui ne me tentait pas plus que ça au départ, alors que je l'avais demandé à l'époque en service presse à Robert Laffont. Cette maison d'édition est en effet en train de rééditer l'oeuvre d'Evelyn Waugh, écrivain britannique du milieu du siècle (1903-1966). Hommes en armes est le premier tome de sa trilogie romanesque, qui sera suivie de Officiers et gentlemen puis de la Capitulation. Elle est inspirée de la propre expérience de l'écrivain, qui vécut durement la Seconde guerre mondiale, ayant été mis de côté la plupart du temps. C'est effectivement ce qui arrive au héros, Guy Crouchback, vieux garçon qui veut servir sa patrie et s'engage volontairement dans le corps le plus aguerri de l'armée britannique : celui des Hallebardiers. Or il va vite se rendre compte que l'armée a de sérieux problèmes d'organisation et qu'il y a un fossé entre ses aspirations patriotiques, sa volonté d'en découdre, et la réalité du quotidien de la troupe et des réservistes. "Plus tard, dans sa vie militaire, lorsque Guy eut entrevu cette vaste bureaucratie en uniforme et couverte de médailles, par la seule puissance de laquelle un homme pouvait enfoncer sa baïonnette dans le corps d'un autre homme, et qu'il eut éprouvé un peu de sa force d'inertie démesurée …" De camps de formation à d'autres camps de formation, Guy perd peu à peu la foi avant d'être victime d'une injustice qui fait se terminer le roman sur un coup de théâtre. Introverti, catholique dévot et malchanceux en tout, ce personnage porte le texte et le message désabusé de Waugh sur la société moderne. En effet, ce dernier était traditionaliste à souhait, ce qui ne l'empêche pas de rire de l'armée, certes un rire jaune mais un rire tout de même. Une armée représentée par le fou Ashtorpe, supérieur de Guy, plein d'enthousiasme militaire mais paranoïaque … vraiment très bizarre. Hommes en armes est un texte original et surprenant, plein d'humour, qui parle d'une époque révolue avec verve : une sorte de roman d'initiation totalement décalé, non pas hilarant mais qui fait sourire tout le long tant on se demande comment l'armée britannique a pu venir à bout de l'Allemagne nazie … Une trilogie à découvrir, digne de la veine humoristique anglaise fine et juste, que j'apprécie tant. Lien : http://missbouquinaix.wordpr.. + Lire la suite |
Pour consulter les titres parus dans cette collection : https://www.lesbelleslettres.com/collections/20-memoires-de-guerre
La collection Mémoires de guerre a pour but de publier des textes inédits ou oubliés d'écrivains, de journalistes, de soldats sur les conflits qu'ils ont vécus. Celle-ci a débuté à l'automne 2012 avec la publication de deux auteurs majeurs : Curzio Malaparte avec La Volga naît en Europe récit de son expérience de correspondant de guerre sur le front russe durant le second conflit mondial et Winston Churchill, avec, son tout premier ouvrage, inédit en France, La Guerre de Malakand dans lequel le futur prix Nobel de littérature raconte, en 1897, sa guerre en Afghanistan. .
Si la collection a publié à parts égales ces dernières années les grands classiques du genre, parmi lesquels les écrits de John Steinbeck, Martha Gellhorn, Eugène Sledge, Evelyn Waugh, elle a aussi accueilli des auteurs contemporains. Des militaires français comme le commandant Brice Erbland, pilote d'hélicoptère en Afghanistan et en Libye, Guillaume Ancel et ses témoignages sans concessions sur la guerre en ex-Yougoslavie et au Rwanda, André Hébert, jeune militant communiste parti se battre aux côtés des Kurdes contre Daech, la journaliste Pauline Maucort et ses portraits de soldats victimes de stress post-traumatique ou encore les officiers de la Légion étrangère qui ont témoigné dans un ouvrage collectif. La collection vient également d'obtenir le prix Erwan Bergot 2020 pour le texte du dernier Compagnon de la Libération, Hubert Germain.
Mémoires de guerre est dirigée par François Malye, petit-fils d'un des fondateurs des éditions Les Belles Lettres et grand reporter au magazine le Point. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages historiques : Histoire secrète de la Ve République (en collaboration, La Découverte, 2006) ; Napoléon et la folie espagnole (Tallandier, 2007) ; François Mitterrand et la guerre d'Algérie (avec Benjamin Stora, Calmann-Levy, 2010) ; La France vue par les archives britanniques (avec Kathryn Hadley, Calmann-Lévy, 2012 . De Gaulle vu par les Anglais, Calmann-Lévy, 2020, reédition) Camp Beauregard, Les Belles Lettres, 2018.