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On l'oublie souvent de ce côté du Channel, mais sous les liens pragmatiques unissant la Grande-Bretagne à son enfant rebelle qu'est les Etats-Unis, il existe des sentiments ambivalents, marqués par la conscience aigüe d'un gap culturelle entre deux peuples en apparence si proches. La perception en est variable, allant de l'attrait pour le léger exotisme au franc mépris. On se souvient de Sting Chantant « I'm a legal alien, I'm an englishmen in New-York », des GI en route pour le Débarquement décrits par les Britanniques comme « overpaid, oversexed and over-here », de l'attrait pour le chic et l'accent anglais dans les films américains. C'est ce de ce décalage dont traite ici Evelyn Waugh, avec tout son humour et son ironie subtile.

Une jeune fille américaine bien sous tous rapports et légèrement cruche, travaillant dans un funérarium de grand standing, se trouve prise entre deux amours. D'un côté, il y a ce thanatopracteur du service d'à côté. Plus âgé qu'elle, mais un bon américain respectable, le genre futur bon père de famille, et qui donne de si beaux sourires à ses cadavres ! de l'autre, il y a ce jeune anglais, élégant, cultivé, irrévérencieux, qui lui écrit des poèmes et la désarçonne autant qu'il la fascine. Mais oh scandale ! Il travaille dans une entreprise de pompes funèbres pour animaux de compagnie !

Les enfants de l'oncle Sam se prennent quelques flèches de long-bow dans leurs parties charnues. Leur puritanisme, leur goût pour le blingbling et leur capacité à aseptiser tout ce qu'ils touchent, y compris la mort, sont autant de magnifiques cibles. Avoir placer l'histoire dans le monde on ne peut moins connu des thanatopracteurs accentue ces tendances jusqu'au ridicule, le macabre le disputant au grotesque involontaire.

L'écriture d'Evelyn Waugh, célèbre pour son élégance, a cela de particulier qu'elle possède à la fois un charme suranné et une étrange jeunesse. Il n'est pas toujours aisé d'y rentrer, mais la visite vaut qu'on en cherche la clé.
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Je ne sais plus pour quelle raison, ce livre était dans ma bibliothèque mais maintenant qu'il est lu, il va quitter cette bibliothèque, je n'ai pas envie de le garder. Je m'étais sans doute fiée à la quatrième de couverture qui nous promet une irrésistible satire des rites funéraires américains mais s'il y a, il est vrai, un ou deux passages qui font sourire, on est loin d'une satire irrésistible.
Les personnages sont toutefois hauts en couleur et je pense qu'une BD pourrait être sympa.
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Evelyn Waugh écrit le cher disparu e 1948. Il nous transporte à Los Angeles, nouveau centre économique mondial de l'Après-guerre, qui marque sa puissance par sa capacité à arroser le monde de ses productions cinématographiques. Dans ce lieu, nous suivons Dennis, un anglais comme l'auteur, qui travaille dans les pompes funèbres pour animaux. Avec la mort de son logeur, Sir Francis, qui s'est pendu après son renvoi de l'entreprise cinématographique, la Mégalopolitan, Dennis découvre également le marché des pompes funèbres pour humains.

Avec beaucoup de cynisme et d'humour noir, Waugh critique l'émergence d'une société consumériste où tout se vend, même la mort, que cela soit pour animaux ou pour les humains. Peu importe la nature du défunt. Ces derniers, lors de leur dernière exposition publique, doivent être beaux, présentables. le mort est réduit à l'état d'objet.

Comme nous sommes à Hollywood, il y a beaucoup de factices, tel un décor de carton pâte. C'est l'hypocrisie et le faux qui font façade. Les personnages ne partagent que des sentiments sans profondeurs. Ils ne croient en rien. Pas même en l'amour pour lequel les attachements ne sont pas sincères et laissera froid les protagonistes à tout drame. Qu'il soit anglais ou américain, les gens sont fats et superficiels. Cette estime de soi ou de sa nation se trouve ainsi décrite : « Il n'est pas du tout cultivé […] beaucoup de nos plus grands auteurs [américains] ont l'air de lui être inconnus. » [p.112]

Le cher disparu est une critique de la société occidentale à une période où elle adopte une attitude très matérialiste. Les personnages sont psychologiquement laids. Ils pensent que la vie est une période de possession, alors que la mort, faisant de nous des corps inertes, n'a d'intérêt que pour se donner bonne conscience en offrant un bel enterrement.

Waugh jette donc, dans ce roman, un regard désabusé en cette fin des années 40. A-t-il eu tort dans son analyse, soixante ans plus tard ? Je me le demande.
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Dites-moi, comment exprimez-vous la tristesse ? Contemplez-vous des nénuphars sur un étang ? Construisez-vous des châteaux de cartes ? Ou êtes-vous simplement assis dans un bar avec une expression triste sur le visage ?

Peu importe à quel point vous êtes triste. Mais si la dignité est importante pour vous dans le deuil, "Le cher disparu" d'Evelyn Waugh est pour vous.

Il est très approprié pour vous accompagner, comme une musique douce, à condition d'aimer la satire grinçante. Nous savons que ce monde se dirige vers l'enfer, (le pire est toujours sûr…) mais amusons-nous malgré tout ! Au bout du compte vous et moi sommes des gens agréables qui faisons partie du club des personnes partageant les mêmes idées qui n'aiment pas dévoiler leur âme. Et peu importe que ce "Cher disparu" soit une employée d'entreprise de pompes funèbres à l'esprit peu brillant qui voulait pragmatiquement organiser sa vie et qui s'est tuée, incapable de supporter le lourd fardeau du doute. Tout est grotesque dans ce monde fou, même l'amour (surtout l'amour…). Que reste-t-il à notre protagoniste et poète Dennis Barlow ? Trouver quelque chose à faire, par exemple feuilleter un roman moderne cliché pendant que son "Cher disparu" est en train de brûler, de se calciner.

Et qu'importe si les autres n'ont rien compris ni dans le livre ni dans la vie ? Laissez tout aller comme ça doit. Nous ne contemplons que la plaine sous des vagues de lumière changeante.

The Loved One (1948) - (sous-titré An Anglo-American Tragedy) - le Cher Disparu, traduit par Dominique Aury, satire sur les excès financiers des croque-morts de Californie. Plusieurs rééditions.
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Dennis Barlow, jeune expatrié britannique, obscure poète, officie dans une entreprise de pompes funèbres pour animaux à Los Angeles. Il découvre un jour son colocataire pendu à une poutre de leur bungalow; l'homme âgé, - unique spécimen d'aristocrate anglais travaillant pour des studios hollywoodien, n'ayant pas supporté d'avoir été évincé de son job. La communauté britannique locale l'incitant à prendre en charge les formalités d'inhumation du cher disparu, Dennis est amené à découvrir l'univers paisible et enchanteur des Célestes Pourpris, paradis céleste de carton-pâte des défunts fortunés, et à faire la rencontre d'Aimée Thanatogenos, naïve jeune femme travaillant comme thanatopracteur dans ce cimetière de prestige.

Dans cette comédie grinçante et satirique, Evelyn Waugh illustre l'aspect férocement mercantiliste de la société américaine avec sa standardisation et le côté factice des attitudes professionnelles. L'humour réside entre autre dans la litote permanente qui entoure l'univers particulier des pompes funèbres et dans le parti pris un peu sarcastique et cynique de la narration.
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Ce roman désenchanté, teinté de cynisme et de misanthropie, est une critique acerbe d'une société qui fonde ses valeurs sur les seules apparences. Cette critique, Evelyn Waugh la soutient dans un style humoristique très noir en plaçant avec audace et délectation sur le même plan, le monde du cinéma et celui de la thanatopraxie. Sans pitié aussi bien pour ses compatriotes expatriés que pour les californiens qui les accueillent, il dénonce l'hypocrisie, la lâcheté et la bêtise d'un univers qui ne laisse pas de place à la poésie, à la fantaisie et à l'amour. Un livre détonnant.
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Assez déçue par la lecture de cet auteur.
Sujet original puisqu'il s'agit d'une critique des rites funéraires aux Etats-Unis mais cela est très daté et désuet.
Le personnage principal travaille dans une société de pompes funèbres pour animaux et un de ses compatriotes anglais s'étant suicidé, il est chargé d'organiser son enterrement. Il s'adresse alors à la société "les célestes pourpris" et l'embaumer Mr. Joyboy et tombera amoureux de sa collaboratrice Aimée Thanatopenos. Les noms des personnages sont drôles, il y a un peu d'humour noir, mais ça reste caricatural et pas d'actualité. BOF !
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L'écrivain britannique de sexe masculin, contrairement à ce que son prénom – faux ami – pourrait laisser croire, Evelyn (Arthur St. John) Waugh né à Londres en 1903 est mort à Taunton dans le Somerset le 10 avril 1966. Il se convertit au catholicisme en 1930 et ses idées religieuses se manifesteront de manière de plus en plus visible au fur et à mesure de sa carrière, jusqu'à constituer le principal élément thématique de ses dernières oeuvres, coexistant avec un profond pessimisme. L'écriture de Waugh se caractérise par sa pratique très pure et raffinée de la langue anglaise et par son style sarcastique. le critique américain Edmund Wilson voyait en lui « le seul véritable génie comique paru en anglais depuis George Bernard Shaw ».
Avec un tel pedigree et au vu d'une critique élogieuse de la réédition de son bouquin le cher disparu écrit en 1948, je n'ai pas hésité à me jeter dans sa lecture. Ma déception n'en a été que plus grande. Mais revenons d'abord sur le sujet du roman.
Nous sommes dans le Hollywood des années 40 au coeur d'une communauté Anglaise qui tâche d'y faire bonne figure et représenter son pays dignement, « Il ne faut pas d'Anglais pauvre qui traîne à Hollywood ». le jeune Dennis Barlow se voit charger de l'enterrement de Francis Hinsley, son ami, qui vient de se suicider après avoir appris son licenciement. Dennis travaille, pour gagner sa vie, dans une entreprise de pompes funèbres animalière, les obsèques de son ami l'amènent à fréquenter une entreprise de pompes funèbres plus traditionnelle, mais gérée à l'américaine. C'est ce « gérée à l'américaine » qui est sensé donner tout le sel à ce roman.
Evelyn Waugh y trouve matière à se rire des travers de la civilisation moderne. Que tout le livre repose sur les rites funéraires était assez audacieux, qu'il nous en décrive tous les aspects poussés à leurs limites les plus extravagantes dans les moindres détails pouvait certainement choquer et faire son effet à l'époque où le livre a été écrit, mais de nos jours, la fiction elle-même dépassée par la réalité nous a habitué à pire et/ou à plus amusant. Tout le côté incongru du propos de l'auteur paraît bien banal, ou déjà lu ou vu ailleurs, maintenant. Je reconnais que c'est assez injuste pour l'écrivain, il était pionnier mais ne lisant son ouvrage que maintenant, j'ai été très déçu.
Je devine que ce livre a été féroce et drôle, doté d'un certain humour noir, mais à notre époque il est dépassé et s'il est dépassé c'est qu'il ne doit pas être aussi bon que cherche à nous le faire penser le texte au dos du bouquin. Heureusement le roman est court. Quant à Evelyn Waugh, il faut très certainement l'aborder par un autre opus que celui-ci.
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LE CHER DISPARU d'EVELYN WAUGH.
Présenté comme une satyre j'avoue avoir été bien déçu malgré une écriture plaisante. J'ai bien dû sourire 2 ou 3 fois mais pour un écrivain aussi encensé et comparé parfois à Shaw le compte n'y est vraiment pas. Après si vous voulez tout savoir sur l'incinération des animaux domestiques et des gens à Hollywood ça se laisse lire.
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Un peu d'humour, oui, mais pas assez pour faire avaler l'inconsistance des personnages et l'intrigue pas assez développée. de surcroît, l'édition que j'ai empruntée à la bibliothèque municipale était truffée de coquilles et d'erreurs de traduction manifestes. Une lecture peu reluisante et un auteur que j'aurai de la difficulté à aborder une seconde fois.
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