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Citations sur Nos mères (34)

Par conséquence, plutôt que de parler des animaux tués dans des conflits humains, ou des cadavres offerts à la vermine et entassés sur le rebord des routes, en pile, en tas, sous un soleil de plomb, Charbel préfère parler de notre grotte, évoquer son climat et sourire tout doucement.
Mona, en revanche, préfère citer les espèces d'arbres les plus caractéristiques. Elle pense que dire les mots manguier, citronnier, bananier, voire même éventuellement abricotier, n'exclut pas de localiser un jour le bonheur.
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Voilà ce qu'elles disent. L'orphelinat. Un point c'est tout.
Et, disant ça, d'éviter soigneusement de regarder dans la direction des falaises, qui semble les attendre avec, à l'arrivée, quelque chose qu'elles doivent prendre pour les bras grands ouverts de papa et des promesses de retrouvailles. Oui, d'en détourner soigneusement la tête, de ces falaises pourries, de surtout ne pas montrer comme - PAN ! - comme elles les rejoindront dès après notre départ.
Mon enfant, mon amour.
Elles osent encore crier malgré tout ça.
Ma brebis, mon hibou, Jean.
Elles ont, sur la terrasse, des larmes sincères sous leurs pieds nus.
Mon amour, mon fardeau d'amour.
Elles font état de leur tristesse, de leur folie, de tout ça qui les mine aussi.
Jean, ma brebis.
Tout ça qu'elles font rouler à notre endroit, sur nous, sans le vouloir. Tout ça dont elles nous couvrent, brûlant nos coeurs.
Ma fleur. Mon carnage.
Vraiment, pense-t-on alors pour la toute première fois, ces femmes sont irrécupérables. Et plus elles parlent, plus on se dit qu'elles sont séparées en deux, carrément, avec d'un côté l'amour qu'elles ont pour nous et de l'autre, le désespoir.
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Vivre vite.
Dans ce pays c'est comme ça. Les voitures roulent vite, tellement d'ailleurs qu'on ne peut pas traverser les rues sans risquer de se faire couper en deux - ce qui ne nous empêchait pas, mais avant, de traverser quand même. Les gens parlent vite, de peur que le ciel et son lot de ferraille leur tombe sur la tête avant d'avoir rien eu le temps de dire. Vite, de nouveaux quartiers poussent. Vite, ils s'effondrent. Mais on mange lentement, des figues, de la purée de pois chiches et des dattes et du mloukhiyé et on en passe et des meilleures, on prend des forces pour le combat et pour l'éternité, on a beau dire, ça n'est pas rien.
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Mon enfant, mon amour.
Elles osent encore crier malgré tout ça
Ma brebis, mon hibou Jean
Elles ont, sur la terrasse, des larmes sincères sous leurs pieds nus.
Mon amour, mon fardeau d'amour.
Elles font état de leur tristesse de leur folie, de tout ça qui les mine et nous mine aussi
Jean, Ma brebis.
Tout ça qu'elles font rouler à nos endroit, sur nous, sans le vouloir. Tout ça, dont elles nous couvrent, brûlant nos cœurs.
Ma fleur. Mon carnage.
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Nous demeurons.Nous disons nous mordons, et nous mordons. Aveugles. Nos pieds nus caressés par les crocs de bêtes noires.Des araignées peut-être. Nous portons des pelisses, des gilets de fine laine, mais le plus souvent nous allons nus. Nos mères, elles nous aiment, c'est évident. Orteils nus sur la terrasse, face à la Méditerranée, elles racontent l'épisode de l'homme de leur vie mais entre leurs dents, tout bas, toujours entre leurs dents.
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Ne voulant pas nous voir souffrir, ni nous montrer qu'elle souffrent, elles nous retirent ni plus ni moins du monde, nos mères, elles nous coupent l'horizon.
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Dieu ce que ces femmes nous aiment ! et Dieu
ce qu'elles comptent pour nous !
Oui.
Dieu ce qu'on compte pour nos mères ! et
Dieu ce qu'on les aime !
Voilà la vérité, dit Charbel. La stricte vérité ajoutons-nous ensemble.
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Au vrai, nos mères n'ont plus la force de manger, ni de prendre soin des fleurs, ni de sourire ni de se faire belle, alors qu'il suffirait d'un rien pourtant et aucun doute là-dessus.
N'ayant plus que septembre en tête, elles nous auscultent sur la table de la cuisine, car nous serions couverts de poux.
Quelques mots.
Quelques baisers.
On voudrait tant que nos mères nous parlent.
Quelques minuscules mots.
Quelques tout minces baisers.
On voudrait tant parler à nos mères, les rassurer, les consoler, juste.
Mais quand nous nous mettons en tête de communiquer avec ces femmes, elles enferment nos langues dans des bouches pétrifiées qui ne savent plus, à force, comment les joindre.
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Vraiment pense-t-on alors pour la toute première fois, ces femmes sont irrécupérables. Et plus elles parlent, plus on se dit qu'elles sont séparées en deux, carrément, avec d'un côté l'amour qu'elle ont pour nous et de l'autre, le désespoir;
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Mais il en est toujours ainsi chez nous : on nous cache les horreurs du monde, rien ne s'est jamais passé et personne personne n'a jamais rien vu.
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