Ma première rencontre avec la plume d'
Anne Weale dans «
Les nuits d'Antigua » ne s'était pas exactement bien passée. Autant dire que mes attentes étaient basses pour «
Sept fontaines dans un jardin », surtout après le catastrophique « Dans le jardin chinois », blindé du racisme décomplexé des années 70. Sur quoi allais-je tomber cette fois ?
Eh ben en fait, cette lecture a été, globalement, une plutôt bonne surprise.
Pour une histoire d'oie blanche, celle-ci n'est pas mauvaise, en particulier parce que Viviane ne se laisse pas influencer par les uns et les autres. Elle est peut-être jeune et inexpérimentée, mais pas naïve et parfaitement capable de distinguer les fausses amitiés des vraies.
Ses relations avec les différents expats vivant à Mauping sont au coeur du récit. Et oui, il y a bien une légère amorce de triangle amoureux... même si celui-ci se trouve rapidement désamorcé.
Anne Weale s'attarde autant sur les nouvelles relations de Viviane que son nouveau départ et la façon dont elle va décider de prendre sa vie en mains... quitte à s'éparpiller en cours de route.
Outre la romance, déjà bien dense, on a donc droit à une histoire d'orphelinat en déroute, une romance secondaire, le côté médical (qui apparaît surtout sur le fin), le côté paperasses... Sans oublier la longue introduction, où Viviane se perd dans les rues de Rangoon ! Ça fait beaucoup et certains éléments sont clairement survolés. Au moins, on ne s'ennuie pas. On s'attache même assez à Viviane, qui fait de son mieux pour découvrir et s'adapter à la culture malaisienne, contrairement à ses compatriotes engoncés dans leur racisme et leur mépris de classe. Ici, il n'est pas question de le banaliser et encore moins le défendre ; à travers Viviane, l'autrice le condamne clairement. de toutes façons, vu la mentalité de l'époque et le cadre choisi, il était probablement impossible de ne pas l'évoquer à un moment ou un autre. La lecture n'est pas pour autant complètement safe : il y a bien un léger côté « white savior », mais ça n'est pas le sujet de l'histoire et c'est tant mieux.
Finalement, ce qui ressort surtout de tout ça, c'est une volonté de nette d'essayer de « faire bien les choses ». Viviane préfère apprendre la langue plutôt que de se reposer sur l'anglais ; invitée à un mariage traditionnel, elle prend le temps de se renseigner dans des livres afin de ne pas commettre d'impair... C'est peut-être le minimum syndical dans la vraie vie, mais ça n'en reste pas moins appréciable dans un bouquin de 150 pages, les détails ayant souvent tendance à y être rabotés.
Et, finalement, ça gomme une partie des défauts du livre. Car il y en a : les personnages gros sont présentés sous un jour bien peu flatteur, on ne nous épargne pas un certain sexisme concernant le travail des femmes (« celles qui ont un boulot alimentaire sont bien contentes de le laisser tomber pour devenir femme au foyer », en toutes lettres dans le texte) et le comportement des personnages masculins n'est pas toujours irréprochable, bien que Julian, le coureur de jupons local, parvienne à se montrer plus respectueux que le harceleur de rue moyen des années 2000.
Verdict ? Pas si mal. le dépaysement est là, les nombreuses intrigues secondaires, bien que pas toujours développées, donnent une vraie épaisseur au récit et si l'ensemble manque finalement un peu de romantisme, ça se lit sans déplaisir.