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Critique de Sharon


Sharon
24 septembre 2011
La date de publication de ce roman est importante : 1993. En dix-huit ans, des auteurs se sont imposés, et surtout, des séries policières ont considérablement changé la manière dont le roman policier était construit. Place aux enquêteurs quasi-insensibles, aux profilers, aux preuves scientifiques inattaquables, aux scènes d'autopsie interminables, aux recherches internet qui, en deux clics, nous disent tout du suspect. La dimension humaine s'en trouve considérablement diminué.
Nous n'en sommes pas là en 1993 et l'une des victimes, au lieu d'être autopsiée sous toutes ses coutures, a survécu. Autant dire qu'il n'est pas fréquent de trouver une histoire de tueurs en série où la victime ne soit pas qu'un individu perdu au milieu d'une liste interminable ou une personne effrayée et surprotégée à cause de ce qu'elle vient de vivre. Paul Garret ne correspond à aucun de ces portraits. Il est bien décidé à comprendre et à faire arrêter le coupable.
Comprendre. Comprendre comment un homme devient un tueur cruel et sadique. Comprendre comment le système judiciaire de son pays permet à un tueur d'être libéré au bout de huit ans pour "bonne conduite". Comprendre pourquoi sa femme est morte.
Il agit avec détermination, mais pas en franc-tireur. de son côté, il a un policier, l'inspecteur Canderro, qui sait ce qu'il ressent, puisque lui-même a perdu sa femme et sa fille dans des circonstances tragiques. Ils constituent un duo inattendu, le journaliste d'investigation et l'enquêteur officiel.
Très vite pourtant, l'intrigue se gâte. Les rebondissements sont nombreux mais se résument en une phrase : comment arrêter William Meade grâce aux nombreux indices qu'il nous livre, ou plutôt comment nous le laisseront échapper à chaque fois. Plus que les déficiences du système judiciaire, ce sont l'aveuglement et l'incompétence de la police qui sont pointées du doigt. Bien sûr, les victimes (passées et présentes) s'entassent et le mode opératoire ne sera pas forcément très varié : William Meade a trouver une méthode qui lui procure le maximum de jouissance, il s'y tient. Être dans la tête du tueur n'est pas dérangeant - si tant est que ce qui se passe dans sa tête soit intéressant. Sa propension à se confier à n'importe qui, ou plutôt à susciter de l'intérêt chez ses victimes en sursit m'a franchement dérangée.
C'est d'ailleurs le lien tissé entre William et Paul qui m'a semblé le plus malsain. J'ai eu l'impression que Paul voulait garder ce meurtrier "pour lui", et que finalement, c'est lui qui éprouvait ces "obsessions mortelles", et non William Meade. En dépit de ce qui lui est arrivé, je n'ai plus ressenti d'empathie pour Paul. Son volte-face sans nuance au sujet de ses opinions (sur la peine de mort, entre autre) m'a choquée parce qu'il était sans aucune nuance et sans aucune évolution au long de l'intrigue. Même, j'ai trouvé qu'il comprenait et justifiait presque trop bien le tueur, comme si certains de ses crimes n'étaient pas si graves, tant qu'on avait la vie sauve.
L'image des femmes n'est guère positive, du coup. Les femmes aiment la violence, les femmes aiment être violentées, les femmes sont infidèles, elles ont bien cherché ce qui leur arrive, les femmes sont gentilles, tout de même, elles pardonnent tout. Seules Emily et Kate, la défunte épouse de Paul et la compagne de Canderro, sont différentes - à croire que ces messieurs ont rencontré des femmes d'exception.
Bref, Obsessions mortelles est un thriller très prévisible, aux personnages principaux peu attachants. Même le face à face final entre le tueur et sa victime m'a donné un sentiment de déjà lu comme si l'auteur n'avait pas su se renouveler.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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