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Critique de Melisende


Deuxième titre reçu lors de la dernière opération Masse Critique de Babelio, le premier tome de Rose est sans doute une des plus belles lectures faites ces dernières semaines ; j'ai adoré ! A mi-chemin entre La Petite Princesse de Frances Hodgson Burnett, L'Epouvanteur de Joseph Delaney et A la croisée des mondes de Philipp Pullman, ce premier tome m'a convaincue, d'un bout à l'autre !
Ne vous fiez pas à cette couverture car, derrière ce rose, c'est un univers beaucoup plus sombre et inquiétant qui sommeille ! Je ne sais pas à partir de quel âge les éditions Flammarion conseillent cette lecture, mais, à mon avis, il vaut mieux attendre que l'enfant ait au moins 10 ans… En ce qui me concerne, du haut de mes 24 ans, je suis tellement enthousiaste que je vais tenter de me procurer le second tome le plus rapidement possible, et espère qu'il me plaira tout autant !

Ce que je retiens surtout de ma lecture, c'est l'atmosphère qui s'en dégage, très marquante et particulièrement propice à l'imagination. Grâce à cette histoire offerte par Holly Webb, j'ai eu l'impression de retrouver l'orphelinat anglais du XIXe siècle où les petites filles en robe grise et petites bottines sont éduquées afin de devenir de parfaites petites femmes de chambre, leur seule perspective d'avenir.
Les images du dessin animé Princesse Sarah ou celles de l'adaptation de Jane Eyre avec Charlotte Gainsbourg (au début, lorsque Jane - interprétée par la jeune Anna Paquin [connue aujourd'hui pour son rôle de Sookie Stackhouse dans True Blood] - coupe ses longs cheveux et voit son amie mourir, dans le dortoir triste où tous les lits sont alignés et les bottines cirées installées à leur pied) n'ont pas cessé de me revenir en tête dès le début de ma lecture et plus tard, lorsque la petite Rose parcoure la ville et découvre la misère des rues, pour aller faire les courses de la maison.
A cette ambiance très « historique », ajoutez un soupçon de magie notamment grâce à la présence du maître de la maison et de son apprenti qui étudie les enchantements à domicile. On comprend vite que les magiciens sont redoutés par la population, par les gens « normaux » et assez peu appréciés. En compagnie de Rose, on découvre également que la maison est truffée d'objets étranges - seulement visibles par quelqu'un ayant des pouvoirs - et que les monstres existent. C'est cet aspect qui m'a beaucoup fait penser à la série L'Epouvanteur de Joseph Delaney.
Enfin, parce que l'histoire ne serait rien sans un grand méchant, imaginez-vous une Dame à mi-chemin entre une Marisa Coulter d'A la croisée des mondes de Philipp Pullman et une « mère » tout droit sortie du Coraline de Neil Gaiman
Voilà de nombreuses références, mais je n'ai pas pu lire cette histoire sans faire ces rapprochements. Et, ayant apprécié toutes ces oeuvres citées, vous comprenez mieux maintenant pourquoi le mélange de toutes m'a tant plu ici !

Dans cet univers bien particulier, le lecteur suit la petite Rose, de son départ de l'orphelinat où elle a passé les neuf années précédentes, à ses premiers jours dans sa nouvelle maison, là où elle prend son poste de deuxième femme de chambre. Douce et maternante, la petite fille consolait les plus jeunes à l'orphelinat, mais dans la maison du magicien Mr Fountain, elle se retrouve entourée d'adultes ou presque. Courageuse et déterminée, elle compte bien devenir une femme de chambre exemplaire… mais voilà qu'elle se rend compte qu'elle est capable de voir (et de faire) des choses que les autres ignorent… Rose veut juste être normale et appréciée de ses nouveaux collègues et amis. Elle ne veut pas de ces pouvoirs qui l'empêchent de faire son travail correctement et qui la rendent étrange et détestable aux yeux des autres. Cette petite héroïne, très jeune (dix ans à peine) est particulièrement touchante et attachante. Elle a ce côté très courageux et débrouillard des héroïnes aux destins extraordinaires mais également l'aspect très émouvant de la petite orpheline maigrelette qui n'est encore qu'une enfant. Impossible de ne pas fondre face à Rose !
Autour d'elle, on découvre les autres membres du personnel : la cuisinière qui prend Rose sous son aile (mais a une peur panique de la magie), la gouvernante qui possède le côté un peu pète-sec (mais gentil) d'une McGonagall, la première femme de chambre jalouse et surtout… Bill, garçon à tout faire de 13 ou 14 ans, futur complice de l'héroïne. En plus, alors qu'elle est censée ne pas côtoyer les habitants des lieux, Rose fait la connaissance de Freddy, l'insupportable et méprisable apprenti de Mr Fountain, de Gustavus le chat (avec qui elle parvient à communiquer grâce à ses pouvoirs) et d'Isabella, la petite fille pourrie gâtée du magicien, une vraie peste ! Ce que j'ai apprécié chez ces personnages « secondaires », c'est qu'ils ont tous un petit quelque chose qui les rend unique et que certains connaissent une évolution très intéressante (Freddy et Isabella notamment). Je retiens également la figure de Gus, le chat qui a une vraie présence et beaucoup d'humour (pour rester du côté des références, je l'imaginais bien comme le chat rassurant et gourmand - mais beaucoup moins vieux - qui tient compagnie à la petite Penny à l'orphelinat dans le Disney Bernard et Bianca) !

Je n'ai encore rien dit sur l'intrigue qui - même si elle n'a rien d'extraordinaire ou de très surprenant - est très bien menée et sans temps mort. Il faut attendre un petit moment avant que le côté « enquête » dû aux enlèvements d'enfants soit au centre de l'intrigue. En effet, avant cela, Holly Webb se concentre sur la présentation de Rose, son installation dans sa nouvelle vie et sa découverte - en même temps que le lecteur - du monde de la magie. de toute façon, vous vous en doutez, tout se recoupe finalement. C'est d'ailleurs un des petits reproches que l'on pourrait faire : c'est un peu « évident » (l'identité du coupable notamment) mais ça n'a pas gâché ma lecture et ne m'a absolument pas freinée avant la dernière ligne de la dernière page !
En parlant de dernière page, même si celle-ci propose une vraie conclusion à ce premier tome, elle est assez ouverte pour annoncer une suite. Une fin parfaite en somme : le lecteur peut (il a assez d'éléments en main) se contenter de ce premier opus et s'arrêter là, ou suivre Rose dans une deuxième aventure !

Quant à la plume d'Holly Webb (ou la traduction de Faustina Fiore), j'ai adoré ! C'est évidemment particulièrement fluide et agréable, mais c'est surtout particulièrement imagée. Je n'ai eu aucun mal - et là je me répète - à mettre des images sur les scènes ; personnages, décors… tout était parfaitement clair et l'est encore, quelques jours après (ce qui témoigne, à mon avis, de la force et de la qualité de cette histoire) !
Je ne peux évidemment que conseiller ce premier tome ; peut-être même plus aux jeunes adultes adeptes de littérature jeunesse qu'aux jeunes lecteurs. C'est un régal !
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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