De la famille Bellini, peintres vénitiens de la Renaissance, l'histoire a surtout conservé le prénom de Giovanni. Son ainé Gentile a néanmoins été peintre officiel du Doge et fut assez téméraire pour partir vers Constantinople, afin d'y produire un portrait du sultan Mehmed II, le conquérant de la ville en 1453.
C'est dans ce contexte de tensions diplomatiques qu'
Olivier Weber situe la trame de son roman, entre aventures romanesques et réalité historique. La chute de l'empire byzantin a déséquilibré le monde chrétien. Et la paix signée entre Venise et l'Empire Ottoman est fragile. L'invitation du sultan turc est d'autant plus inédite que la représentation de l'homme est interdite en terre d'Islam. Mais le sultan est vainqueur, érudit et éclairé, et se voit comme un nouveau conquérant. Il veut donc poser pour la postérité.
Le lecteur est entraîné dans la Venise du 15ème siècle, cité où se côtoient des peuples de toutes origines méditerranéennes, puis dans les palais à moucharabieh et odalisques, où intrigues, complots de janissaires, et fanatiques religieux font une sarabande de dangers et de violence. L'auteur transcende par son écriture imagée et poétique la beauté de la ville lacustre comme celle de l'orientale Istanbul, cité de tolérance refuge des juifs européens persécutés.
Un livre qui, en nous faisant découvrir un portrait magnifique de grand dignitaire, se positionne comme un beau message de tolérance religieuse et d'humanisme.