Ce livre, un classique de la littérature jeunesse que je découvre seulement maintenant (il n'est jamais trop tard !) je viens de le dévorer en une journée ! (c'est dire...) et c'était peut-être trop rapide, au vu des nombreuses subtilités et des détails à côté desquels j'ai dû probablement passer !... (pas grave : je le relirai !)
Par quoi commencer ? Par où commencer ? Par qui ? Par Judy, bien sûr, héroïne et narratrice hilarante pleine de finesse de ce roman qui, à travers ses lettres (ceci est un roman épistolaire, il est important de le noter) nous délivre les grandes joies et petites peines de sa jeune vie, depuis qu'un mystérieux bienfaiteur décide de prendre son destin en main et de l'envoyer à l'université. Car Judy Abbott est une orpheline élevée dans un établissement bien sombre pour une jeune fille aussi imaginative et délurée qu'elle ! Son avenir ne s'annonce pas très gai jusqu'à ce que la directrice la convoque dans son bureau et lui explique sa nouvelle situation. Remarquée par l'un des bienfaiteurs de l'institution, Judy va pouvoir bénéficier d'une éducation supérieure à condition de rendre compte chaque mois des menus détails de son nouveau statut d'étudiante.
Qu'à cela ne tienne : Judy va s'empresser de remplir cette condition avec joie sur plus de trois années, au cours desquelles elle découvre les plaisirs de l'instruction, de la lecture, de l'amitié et surtout une liberté toute récente qu'elle ne se lasse pas d'évoquer à son mystérieux
Papa-Longues-Jambes appelé ainsi en raison de sa silhouette entraperçue un jour au seuil d'une porte. Car Judy - comme toute bonne orpheline qui se respecte - n'a ni famille ni amis lorsque débute son apprentissage dans le "monde", et c'est avec un plaisir naïf et déstabilisant et une grande générosité de coeur qu'elle livre ses moindres ressentis et les mille et un détails de sa nouvelle existence où tout a saveur de nouveauté et de découverte. A la joie, d'abord, d'avoir quitté l'orphelinat dans lequel elle a vécu jusqu'à ses dix-sept ans, écartée des plaisirs simples de la vie, succèdent bien vite le bonheur d'apprendre, la révélation de la littérature à travers de grands auteurs anglais et américains qui vont peu à peu la pousser vers l'écriture, la naissance d'une grande amitié avec Sally, et le goût de l'indépendance.
Quoiqu'on devine très vite l'identité de son bienfaiteur, on ne peut pas s'empêcher d'apprécier les situations et de rire face aux exigences incompréhensibles qu'il impose à sa protégée - motivées vraisemblablement par la jalousie et un terrible besoin de surprotection.
Le plus frustant, c'est de n'avoir de cette histoire qu'un aperçu assez réduit depuis le point de vue exclusif de la jeune fille. Presque aucune réponse ne lui parvient de cet homme - uniquement quelques informations par le biais de son secrétaire - et les seuls mots qu'il adresse à Judy ne figurent pas dans l'histoire, elle se contente de les évoquer brièvement. On partage donc une part du mystère avec elle, et on est plus à même de comprendre sa frustration et son incroyable besoin d'amour et de reconnaissance qui ne suscitent que très peu de réponse tout au long de cette curieuse correspondance.
Les lettres sont émaillées de dessins cocasses qui illustrent certaines des situations les plus drôles que Judy est amenée à vivre - que ce soit lors de son séjour dans une ferme pendant l'été, ou tout au long de ses années d'études à l'université, entre activités sportives et réunions étudiantes.
En tout cas, j'ai aimé et vibré avec Judy ; j'ai ri, j'ai tremblé et tempêté avec elle - surtout lorsqu'elle décide de s'assagir mais se laisse finalement submerger par son côté taquin et sa nature bouillonnante - et c'est peut-être parce que j'ai trop rapidement dévoré ce livre pour en apprécier toute la finesse que je ne le défini pas (encore) comme un coup de coeur.
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