Maîtres spirituels de l'Occident. Vie et enseignement

8. – Carl Gustav Jung
Les archétypes de la psychologie des profondeurs
Les vrais mystères, nous ne les connaissons pas, pas plus que ne les connaissent d'ailleurs les soi disant ésotéristes. Les ésotéristes ne devraient pas – du moins en était-il ainsi autrefois – révéler leurs mystères. Or, les vrais mystères ne peuvent pas être révélés. Avec les vrais mystères il n'est pas non plus possible de pratiquer de l'"ésotérisme " pour la bonne raison, justement, qu'on ne les connaît pas. De tels prétendus mystères ésotériques sont généralement des mystères artificiels, non réels. L'homme éprouve un besoin de mystère et comme il n'a pas la moindre idée de ce que sont les vrais mystères, il s'en fabrique artificiellement. Les vrais, en revanche, l'assaillent depuis les profondeurs de l'inconscient de sorte qu'il dévoile alors des choses qu'il devrait en réalité tenir secrètes. Ici aussi, nous voyons une fois de plus le caractère sacré de la vérité profonde. Nous-mêmes, nous ne possédons pas de mystères. Ce sont les mystères qui nous possèdent.

Rudolf Steiner et l'anthroposophie ont largement pénétré les consciences du fait qu'il émanait de lui des impulsions culturelles d'une grande portée dont on ne peut pas encore évaluer aujourd'hui, à l'aube du troisième millénaire, quels en seront les répercussions futures, et ceci à l'échelle de la planète. Il suffira ici de rappeler des domaines d'application tels que la pédagogie Waldorf et la pédagogie curative, l'agriculture biologique dynamique, la médecine et la pharmacie, les arts et la réforme du corps social. L'influence fécondante de l'anthroposophie s'est aussi parfois fait valoir dans des domaines où l'origine de ces impulsions n'apparaît pas nécessairement aux consciences. Mais quelle que soit la portée et les applications concrètes des idées anthroposophiques, elles ne doivent pas faire oublier qu'au départ, elles n'ont pu exister qu'au terme d'un long processus de recherche et que l'anthroposophie (du grec anthropos = "homme" et sophia = "sagesse") est avant tout, selon la conception de son créateur, un chemin de connaissance "qui voudrait conduire l'esprit qui vit en l'homme vers l'esprit qui vit en l'univers".

Jiddhu Krishnamurti était devenu un rebelle, un révolutionnaire. Désormais, son message n'était plus conciliable avec les dogmes de l'idéologie théosophique dont il faisait éclater au grand jour l'absurdité. Il ne choisit pas de s'en confesser dans un entretien en tête-à-tête mais ouvertement en public, lors du traditionnel "Star-Camp" à Ommen, en Hollande (1927). Au grand effroi de ceux qui tiraient les ficelles de cette gigantesque entreprise de tromperie, le voile tomba définitivement. Krishnamurti prononça sa déclaration d'autodétermination:

"L'esprit de notre temps n'est pas compris si nous ne prêtons attention qu'aux lieux en constant développement de la recherche et à la course effrénée que se livrent les scientifiques en quête de nouvelles découvertes et d'une efficience technique toujours plus rapide. Notre temps est aussi celui d'un travail silencieux, d'un travail de création de la part de quelques êtres isolés dont l'œuvre apparaît à un regard superficiel soit comme en dehors de notre temps, soit comme à contre-courant. Mais celui qui pénètre plus en profondeur s'aperçoit que ce travail caché apporte un complément nécessaire aux lignes considérées comme en phase avec leur temps que trace l'esprit.