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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un moment singulier, un cadre au charme aujourd'hui désuet. Mais une intensité de vie et de littérature provoquée par les menaces et les incertitudes. Un monde est en train de s'écrouler et la fameuse compagnie réunie dans la ville balnéaire belge d'Ostende le sait fort bien. Elle est composée d'exilés allemands, juifs et anti-nazis, et n'ont pas beaucoup d'illusion sur l'enchaînement inexorable qui mènera à la guerre.
Le sous-titre allemand porte "Un été de l'amitié" (Sommer der Freundschaft), mieux adapté que le bandeau en français: "Un été avec Stefan Zweig". L'amitié principale est celle qui unit les romanciers Stefan Zweig et Joseph Roth, juifs tous deux. Ils vivent une amitié littéraire de longue date, non exempte d'orages et d'ambiguïtés. Par ailleurs, leurs amours sont compliquées. Zweig est en train de quitter son épouse et est à Ostende avec sa secrétaire et future deuxième épouse, Lotte Altman. Roth aussi est en instance de rupture. Il est alcoolique à un degré avancé. Et il entame une improbable liaison avec Irmgard Keun, jeune et jolie romancière anti-nazie, dont les livres sont interdits en Allemagne. L'auteur fait vivre tout un petit monde d'auteurs et d'éditeurs allemands en exil dont les possibilités d'activité sont bien réduites hors d'Allemagne. Mais on écrit, et on se retrouve aux terrasses des restaurants, on trompe l'angoisse par une gaieté excessive. Car, pour couronner le tout, la guerre d'Espagne vient d'éclater. C'est un petit livre bien vivant, qui invite à des découvertes d'auteurs, et qui nous plonge dans une époque intense et lourde de menaces.
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Dommage que l'édition française de ce livre n'ait pas gardé le sous titre de l'édition allemande : l'été de l'amitié. Un sous-titre qui dit tout pour les protagonistes de cet été là.
On pourrait aussi l'intituler : Portrait de groupe, car en exil dans la station belge d'Ostende on retrouve là des écrivains chassés d'Allemagne et d'Autriche par le régime nazi.
Stefan Zweig bien sûr qui a espéré longtemps pouvoir être encore édité en Autriche, qui va devoir se résoudre au départ et au divorce, il faut dire qu'à Ostende ce n'est pas sa femme mais c'est Lotte Altmann qui est à ses côtés.
Joseph Roth que les abus d'alcool n'empêchent pas d'être le plus lucide sur la situation de l'Allemagne.
Mais dans cette station balnéaire ils ne sont pas seuls et viennent s'ajouter des noms comme celui d'Arthur Koestler qui ne va pas tarder à « virer sa cuti » communiste, et des artistes et écrivains qui sont aussi dans le collimateur nazi : Irmgard Keun, Hermann Kesten.
C'est un petit livre tout à fait intéressant sur cette période, on y voit l'amitié mais aussi les heurts entre Zweig et Roth, l'atmosphère de déliquescence qui règne et qui présage d'une fin difficile pour certains d'entre eux.
C'est un récit empreint de tristesse bien sûr mais aussi d'éclat de rire, de fêtes au champagne, tant il est bon de lutter contre la mort à venir et l'extinction des voix qui furent celles d'une Europe cosmopolite et si riche. Il y est question de perte, de poésie, de politique et c'est tout à fait captivant.
Cette ville refuge est à la fois idyllique et terrible, la fin d'un monde s'inscrit déjà dans le sable de la plage.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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J'ai de très bons souvenirs de la ville d'Ostende qui nargue la Mer du Nord comme une chanson de Jacques Brel et traîne le désespoir du genre humain depuis la chanson Ferré et Caussimon. Sur cette côte flamande se retrouvent Stefan Zweig et Joseph Roth, les deux immenses et si différents écrivains autrichiens. D'autres intellectuels aussi avant leur partance goûtent les derniers feux de la belle saison avant la longue nuit. Il y a aussi Hermann Kesten, Egon Erwin Kisch, le dramaturge Ernst Toller, Arthur Koestler, tous écrivains ou journalistes juifs. Quelques femmes aussi dont l'écrivaine Irmgard Keun, seule aryenne, qui partage quelques mois la vie de Joseph Roth et son goût pour l'alcool. Tous plus tout à fait en villégiature et pas encore vraiment en fuite.

Ostende 1936 de Volker Weidermann, directeur littéraire du Franfurter Allgemeine Zeitung, croque ainsi quelques moments au bord du gouffre. Chacun à sa manière sait à peu près l'inéluctable et ils ont déjà pas mal erré, ces dégénérés, Zurich, la Côte d'Azur, Amsterdam, plus ou moins interdits de publication. L'amitié de Zweig et Roth (photo), si dissemblables quoiqu'issus tous deux de l'Autriche-Hongrie, était assez explosive, l'un célèbre auteur de nouvelles raffinées, l'autre dans la dèche et la déprime et qui ne serait reconnu que bien après sa mort. Critiquant parfois vertement et réciproquement leurs oeuvres ils s'appréciaient néanmoins, Zweig acceptant volontiers les conseils littéraires de Roth, celui-ci acceptant encore plus volontiers l'aide financière de Zweig.

Roth

En juillet 1936, tous ces réfugiés partageaient encore un apéritif sous le ciel de la mer du Nord. Koestler allait couvrirr la Guerre Civile Espagnole. Berlin allait avoir ses Dieux du Stade. Expression consacrée, l'Europe dansait sur un volcan. Thanatos planait déjà sur la côte belge, qui devait conduire au suicide Ernst Toller, à New York, Stefan Zweig et sa jeune femme Lotte Altmann, au Brésil. Alcoolisme terminal et déprime maximale firent de la mort à Paris de Joseph Roth plus qu'un simulacre de suicide. Ce court roman-vrai de Weidermann est très intéressant, une saison à la plage en compagnie de sces écrivains "massacrés" qui restent des hommes, Dieu merci, et non des icônes. J'aurais aimé peut-être quelques éléments biographiques d'accompagnement car si j'ai beaucoup lu Roth (La marche de Radetzky est un de mes chocs littéraires) et un peu Zweig pourtant plus connu (c'est vrai que le cinéma y est pour beaucoup), les autres figures importantes de ce livre demeurent assez ignorées en France. Dominique partage cet avis. Ostende 1936 - Voker Weidermann


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