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Arlette Ounanian (Traducteur)
EAN : 9782330149130
256 pages
Actes Sud (07/04/2021)
2/5   1 notes
Résumé :
Une jeune femme dans son bain s'immerge volontairement et ne sort le visage de l'eau qu'au dernier moment. Niña Weijers pose les deux questions fondatrices du livre : "Que savons-nous de cette femme ? Que sait-elle d'elle-même ?" Dans une succession d'événements juxtaposés que relie une forme de quête de soi, Chambres, antichambres pose la question de la frontière poreuse entre l'écriture et la vie. L'une des grandes révélations littéraires des années 2010 avec son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai visité la maison de Nina Weijers pendant environ une semaine, marchant de chambre en chambre, à la fin un peu perdu dans le labyrinthe. Certaines de ces chambres étaient finement meublées, dans un style raffiné, d'autres assez clairsemées; certains avec de belles vues, d'autres plutôt nus sans fenêtres. J'ai écouté intensément les histoires racontées par les gens dans ces chambres, dans diverses tonalités, parfois trempé dans des références littéraires et pseudo-philosophiques, parfois des gémissements sans fin sur des relations. J'ai été frappé par le fait que certaines chambres semblaient refléter ce que j'avais vu ou entendu dans d'autres (chambres-anti-pièces), avec des références croisées constantes à ce que j'avais vu ou que je verrais plus tard. Réalité et fiction étaient constamment imbriquées, dans un jeu ingénieux, dans lequel le narratif était décisif et semblait être la seule réalité vraie. Ce roman plaira sans aucun doute aux amateurs des puzzles post-moderne. Moi, j'ai quitté la maison de Weijers avec un sentiment assez vague et frustré.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Les étudiants avaient très envie d’apprendre à écrire de façon critique, mais lire, c’était une autre paire de manches. Ce n’était pas une franche aversion qu’elle décelait chez la plupart d’entre eux, plutôt de la méfiance. La littérature n’était pas un invité de marque, c’était un intrus qu’on tolérait chez soi mais à petites doses et sous certaines conditions : si l’intrus avait un comportement déviant, il était réprimandé ou, du moins, condamné à voix basse pendant la vaisselle – une analogie qui s’était imposée à elle un jour, après avoir traité Cathedral avec ses étudiants, une nouvelle de Raymond Carver qui était beaucoup plus sentimentale que dans son souvenir, même si, autrefois, à la première lecture, elle avait pleuré à la fin, des larmes chaudes et sincères sur une plage de Croatie, avec le petit copain aux cheveux bouclés, aux épaules mollassonnes et aux ambitions mal définies, qui l’entourait de ses bras comme si elle avait besoin d’être consolée.
Bien sûr, c’était la peur qui provoquait leur mé­­fiance. Ils avaient peur du flou de ce qu’on leur donnait à lire, le terrain gris des nuances qui s’étalait sur les pages, la signification fragmentée. Ils pensaient que le rôle du critique, c’était d’infléchir les ambiguïtés vers un oui ou un non, un bon ou un mauvais. Les premières questions portaient toujours sur la moralité des personnages et, en conséquence, de l’auteur.
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Elle parlait d’échecs et d’humiliations, de désir et de rejet, et bien que son engagement fût total, qu’il s’apparentât souvent à une dissection de sa propre vie et à une exploration approfondie des vies et des réalités des autres, le plus époustouflant, c’était que ces choses, toutes ces choses qui, dans la vie comme dans la fiction, auraient fait basculer à peu près n’importe quelle femme dans l’abîme, avec la perte de soi comme unique perspective, trouvaient dans son œuvre des issues, se frayaient des passages qui ressortaient de l’autre côté du gouffre et – glorieusement ! – poursuivaient leur chemin, même si c’était vers le gouffre suivant. Patiemment, ses livres avaient attendu dans une semi-pénombre que l’air du temps leur soit favorable, que les rideaux s’ouvrent violemment pour laisser passer la lumière. La liberté que l’auteure avait cherchée et trouvée deux décennies auparavant, qui concernait la passion et le rejet des compromis ainsi que le refus d’avoir honte en cachette, ressemblait à une carte géographique qu’on aurait pu étendre telle quelle sur le territoire du XXI e  siècle. Ça lui donnait l’aura d’une visionnaire, d’un oracle, d’une Cassandre qui renaît de ses cendres et que l’on croit enfin.
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Toute sa vie, elle avait été l’élève la plus appliquée de la classe jusqu’à ce que brusquement, au grand étonnement de tous et d’elle-même, elle cessât de l’être. Du jour au lendemain peut-on dire, l’université avait cessé de l’intéresser. Elle se baladait comme une étrangère dans les bâtiments qui lui étaient pourtant devenus familiers au fil des ans, et son envie constante d’être appréciée des profs avait débouché sur un dégoût de leur appréciation, qui se traduisait pour elle par de très bonnes notes et le soulagement sans équivoque qu’on pouvait lire sur leurs visages dès qu’elle prenait la parole dans un groupe de travail. L’université lui était soudain apparue comme un système fermé qui n’avait rien à voir avec le monde. La vie qu’elle se préparait, avec ses bonnes notes et sa bonne conduite, se déroulerait dans un bureau avec son nom sur la porte, dans des locaux confinés ou alors extrêmement stériles, dans les couloirs sans fenêtres d’hôtels sans fenêtres avec des moquettes bordeaux et des salles de conférences miteuses.
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J’ai compris, après coup, qu’à une certaine époque de ma vie, j’étais bien près de l’atteindre, ce bonheur calme. J’étais jeune, plus jeune que vous, même, et pendant quelque temps, j’ai habité à Berlin-Ouest avec mon premier mari. C’était une sorte d’amour de jeunesse, un garçon sain qui rougissait facilement et qui prenait la vie et sa carrière universitaire très au sérieux. Il avait des mains magnifiques. Quand je suis tombée enceinte, je n’arrêtais pas de penser à la reproduction de ces mains, j’étais sûre que notre enfant aurait ces mains, et j’ai failli le garder, rien que pour voir ce miracle se reproduire sur une autre personne.
Le chauffeur d’Uber avait réussi à manœuvrer son véhicule au milieu du carrefour où nous étions maintenant coincés derrière un tram, lui-même coincé derrière une benne à ordures qui venait de pénétrer dans la rue en marche arrière.
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Ces dernières années, d’obscure auteure culte, suivie par un groupe de fans restreint mais dévoué, elle était devenue une sorte de rock star, portée aux nues par une nouvelle génération, essentiellement de femmes écrivaines et d’artistes en tout genre, elle était traduite en vingt-neuf langues, et des magazines comme The New Yorker, Vanity Fair, Vogue brossaient d’elle des portraits dithyrambiques. Son livre le plus célèbre avait entre-temps été filmé par le plus avant-gardiste des réalisateurs de cinéma mainstream et un groupe indie assez connu avait fait un hit modeste bourré de références sur son travail.
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