Quant au moyen âge, les moments brillants du moyen âge ont été ceux ou la culture orientale est venue de nouveau féconder l'Europe, par l'intermédiaire des Arabes et aussi par d'autres voies mystérieuses, puisqu'il y a eu des infiltrations de traditions persanes. La Renaissance aussi a été en partie causée par le stimulant des contacts avec Byzance.
Le préjugé raciste, qu'ils n'avouent pourtant pas, leur fait ainsi fermer les yeux à une vérité bien claire ; c'est que ce qui, il y a deux mille ans, ressemblait à l'Allemagne hitlérienne, ce ne sont pas les Germains, c'est Rome. Entre les peuplades décrites par César et Tacite et les Allemands actuels, il n'y a aucune ressemblance. On veut en trouver une dans le fait que ces peuplades aimaient guerroyer. C'est un goût assez général chez les peuples primitifs, libres et plus au moins nomades. Hitler et les siens n'aiment pas la guerre ; ils aiment la domination et ne rêvent que de paix, une paix, bien entendu, soumise à leurs volontés ; c'était aussi le cas de l'ancienne Rome.
Notre époque n'est pas la première dans l'histoire où le sentiment dominant soit le désarroi, l'anxiété, l'attente d'on ne sait quoi, et où les hommes se croient le douloureux privilège d'être une génération promise à un destin exceptionnel. Comme l'histoire est passée, qu'elle ne se trouve plus que sur le papier, on a facilement l'illusion que toutes les périodes antérieures ont été paisibles à côté de celle qu'on est en train de vivre ; tout comme les adolescents de vingt ans se croient toujours les premiers qui aient jamais éprouvé les inquiétudes de la jeunesse.
On doit à la vérité de noter que Simone Weil n'approuvait plus dans les dernières années de sa vie le pacifisme extrême qu'elle avait soutenu, comme on le verra dans ce livre, jusqu'au printemps de 1939 (invasion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne hitlérienne).
L'analogie entre le système hitlérien et l'ancienne Rome est si frappante qu'on pourrait croire que seul depuis deux mille ans Hitler a su copier correctement les Romains. Si elle n'est pas tout d'abord évidente à nos yeux, c'est que nous avons presque appris à lire dans Corneille et dans le De Viris ; nous sommes habitués.
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Pouvons-nous vraiment réclamer des droits si nous n'acceptons pas d'avoir également des devoirs ? Savez-vous quelle philosophe a formidablement abordé le sujet ?
« Les besoins de l'âme » de Simone Weil, c'est à lire en poche chez Payot.