Elles sont si rares ces personnes qui, plongés (volontairement) dans la guerre, échappent à l'exacerbation naturelle des passions et des haines, au dogmatisme, à la négation de l'ennemi en tant qu'homme.
Simone Weil fut une de ces individualités supérieurs. Elle sut voir la réalité de la guerre d'Espagne, si loin des abstractions et du romantisme révolutionnaire, questionner ses propres croyances et les remettre en question, comme le fit
Georges Bernanos dans l'autre camp. Parmi les textes rassemblés dans ce petit livre, il y a d'ailleurs une magnifique lettre de Simon Weil à ce dernier, lettre qu'il garda sur lui toute sa vie.
« Depuis que j'ai été en Espagne, que j'entends, que je lis toutes sortes de considérations sur l'Espagne, je ne puis citer personne, hors vous seul, qui, à ma connaissance, ait baigné dans l'atmosphère de la guerre espagnol et y ait résisté. Vous êtes royaliste, disciple de Drumont – que m'importe? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'
Aragon – camarades que, pourtant, j'aimais. »
Extrait de la lettre de
Simone Weil à
Georges BernanosCommenter  J’apprécie         180