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EAN : 9781030405041
48 pages
Allia (03/02/2017)
4.4/5   82 notes
Résumé :
L'usage même des mots de démocratie et de république oblige à examiner avec une attention extrême les questions suivantes : Comment donner aux hommes la possibilité d'exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ? Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu'il ne circule à travers lui aucune espèce de passion collective ? Il est impossible de parler de légitimité républicaine si on ne pense pas à ces deux points. Les soluti... >Voir plus
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Il n'y a rien de plus confortable que de ne pas penser, dit Simone WEIL. Par son exposé 'datant de 1950!), elle illustre à merveille cette absence quasi totale de réflexion qui stagne dans le monde politique à propos de l'utilité des partis et leur suppression possible.
Son postulat de départ, simple -tout le contraire de simpliste - , pose que sur le Continent d'Europe, le totalitarisme est le péché originaire des partis. En effet, on peut considérer qu'un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. Construite de manière à exercer une pression identitaire sur chacun des êtres humains qui en sont membres, la seule raison d'être de cette machine électorale est sa propre croissance, sans limite, sans fin.

Si telle est l'Alpha et l'Omega des partis, Simone WEIL n'hésite pas à dire que relevant du Mal et s'opposant au Bien, ils peuvent être supprimés. Car qu'est-ce que le Bien? Pour l'auteure, seule les notions de Vérité, de Justice et d'Utilité publique relèvent du Bien. Comme on force la culture des endives (chicons, diront les belges), des tomates ou des fraises, au point d'avoir des fruits ou légumes énormes, formatés sous un même moule et produit, si possible en avance sur les autres, tout parti force les idées devant être exprimées par ses membres, réduit l'expression des idées aux seuls pans relevant de ses mécanismes d'élargissement et de sa doctrine. La perte sèche, pour tous, est la possibilité que perdent les citoyens de produire des idées personnelles et de les enrichir par la confrontation, sans pression, à celles d'autrui.
La justice des analyses des projets politiques déposés et, surtout, celle des votes exprimés dans les assemblées d'Etat ne peut tenir la route puisque cette justice est, en fait, dictée par une discipline de parti dans son rapport de force aux autres et non par la recherche et la construction progressive d'une vraie bonne idée capable de résoudre les problèmes du citoyen. Dans la foulée, la notion même d'utilité publique est entièrement absorbée par la soif de puissance et de croissance des partis.

La démocratie étant, plutôt devant devenir, la recherche permanente d'un état d'équilibre satisfaisant les besoins d'une population constituée pourtant d'innombrables particules en mouvemente et inter-actions ininterrompues, c'est du choc mêmes de ses intérêts personnels et de leurs régulations mutuelles que peut naître une réponse sage,convenant à tous, pour autant que cette 'surface de population' ne soit pas troublée par des vents d'orage et de rage qui se cristallisent autour de la confiscation de la pensée individuelle au bénéfice d'une pensée unique, politiquement forte, dépersonnalisée et offrant la suprématie du parti le plus fort sur les autres.

C'est dans le bien, le juste, le vrai, l'authentique que les hommes peuvent converger et se reconnaître uniques, différents et pourtant semblables. Les rapports de force, les mensonges, les revendications d'unicité de la seule bonne doctrine qui puisse être, celle de mon parti, ne peuvent créer que divergences, éloignements et conflits.

En toute logique donc, Simone WEIL déclarera que la suppression des partis devrait diminuer le Mal et l'Injuste et que cette suppression serait du Bien presque pur. Devenant donc légitime, elle eput s'opérer d'autant qu'elle ne semble susceptible que de bons effets.

Les partis n'étant plus, Simone WEIL préconise pour tout homme politique l'obligation de non appartenance à un parti de référence. L'homme politique devra définir sa position face aux différents projets devant répondre aux attentes des citoyens. le choix électoral se fera donc sur des positions concrètes affirmées en regard des situations à régler et non sur base d'une obédience à un parti, une liste de noms, voire des règles de report de voix ou des votes en tête de liste.

Même si on peut se dire qu'il existera toujours des groupes d'idées, des cercles de personnes ayant des avis ou une argumentation proches, ne pouvant se parer d'aucune appartenance à un quelconque groupe partisan, les politiques devront, de facto, se situer dans la pluralité des options d'alliances, agissant ici pour telle solution avec ceux-ci et agissant là-bas, avec d'autres, pour trouver une solution à tel autre problème. Chaque réponse devant rencontrer, en son âme et conscience, les critères de Vérité, Justice et d'Utilité publique.

Finis donc les jeux de la bipolarisation de toute gouvernance et les oppositions de principes. Bienvenue aux bonnes volontés cherchant avec tous les acteurs politiques - et pourquoi pas des citoyens ? - les bonnes réponses à apporter aux vraies questions. Actuellement, par son totalitarisme, péché originaire, tout mouvement politique institué déforce la volonté d'une recherche en vérité, justesse et équité publique. Il ferme la porte au consensus réfléchi, à la soif d'équilibre, même au prix de justes compromis.

Avec cette note sur la suppression générale des partis politiques, Simone WEIL ouvre la voie (dès 1950) à une autre manière de vivre la démocratie. Constatant que, depuis, le monde politique n'a jamais cessé le jeu de recherche du pouvoir au détriment de la pensée riche, diversifiée, utile, rassemblée et, finalement, juste, il est peut-être grand temps d'arrêter de toujours remettre une couche de ce qui n'a jamais vraiment marché. le dernier choix des électeurs français (mai 2017) pour désigner un Président n'ayant, pour ainsi dire, aucun parti structuré sur la bipolarité (même si, je le constate, il est lui aussi en recherche de pouvoir), ce choix est peut-être l'occasion de s'ouvrir à de nouveaux modèles de réflexions démocratiques avec - qui sait - une nouvelle éthique visant le Bien, le Juste, le Vrai au service de l'Utilité publique... L'avenir nous le dira.

Quoi qu'il en soit, la réflexion de S. WEIL ne devrait pas nous laisser indifférents.Qu'on aboutisse - ou non - à son modèle a moins d'importance que l'énorme avantage que nous aurions tous à réfléchir au modèle citoyen que nous sommes prêts à partager avec les politiques ... quitte à les bousculer quelque peu dans leurs us et coutumes!

"Note sur la suppression générale des partis politiques", un tout petit livre de moins de quarante petites pages... mais quelle belle et grande vision sur un nouveau monde que nous méritons!
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LE DIABLE EN RIT ENCORE

Ce n'est pas faire injure à cette immense philosophe que fût Simone Weil en estimant que cette "Note sur la suppression générale des partis politique" n'est sans doute pas son texte le plus fondamental. Pour autant, ces quelques pages, rédigées dans la première moitié de ce XXème siècle, entre ces deux épisodes tragiques de la mort industrielle, garde une profondeur, une acuité, une clairvoyance et une efficacité troublantes. Par certains de ses aspects, cette note singulière est une petite leçon de philosophie politique et analytique comme on n'en lit pas si souvent, et n'oublie pas d'avoir ses éventuelles implications pratiques même si l'autrice elle-même reconnait que le cours des choses ne sont point parties pour s'amender.

En quelques mots bien sentis, prenant pour base historique la Révolution Française et pour base philosophique -bien que détournée quasi immédiatement de son sens véritable, car, Simone Weil le reconnait, excessivement exigeante- la pensée de Jean-Jacques Rousseau, notre subtile autrice résume tout à la fois l'histoire de nos Démocraties ainsi que des partis politiques tels qu'ils sont constitués sur le continent européen (les partis anglo-saxon, tellement différents, sont écartés de cette analyse) et leur configuration générale.

Appuyant sa démonstration sur l'idée que le concept supérieur qui gouverne (ou devrait gouverner) quelque modèle politique que l'on se donne est de faire le bien de tous, sans passion (dans le sens psychologique du mot), avec raison, justice et vérité, Simone Weil, dans ces lignes profondément justes mais aussi profondément politiquement incorrectes - et pour cause- met en évidence à quel point nos démocraties de type représentatives, dans lesquelles les partis sont les vrais maîtres du jeu (avec leur lot d'écrasement des individualités, de refus des pensées non-orthodoxes, de volonté totalitaire, etc), ne peuvent aboutir, sauf fortuitement, au bien commun. Car, nous explique-t-elle :

"Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice."

On ne ressort pas totalement indemne -pour peu qu'on attache le sérieux nécessaire à cette riche réflexion- de cette pensée sans concession, mais sans violence non plus. Une pensée sombre, en revanche, qui constate comme le système est si bien huilé, si viscéralement imprimé dans les esprits (Simone Weil n'oublie pas, même si elle ne s'attarde pas, les méfaits de la propagande ni des médias) que les ressorts sur lequel il fonctionne et perdure est devenu une sorte de lèpre qui "s'est étendue, à travers tous le pays, presque à la totalité de la pensée."

Aussi, et en phrase conclusive, en appelle-t-elle à la suppression des partis politique comme prolégomènes à tout remède contre cette lèpre qui tue tous les esprits.

Un texte fort, sans compromission, et, en ces périodes d'élections présidentielles puis parlementaire semblant vouloir se dérouler dans un climat ô! combien délétère, où l'on voit aussi comme les partis politiques sont l'une des cause probable à tous ces dérèglements, un texte à lire ou à relire d'urgence... Si l'on ne veut plus que le diable en rit encore...
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Vaste sujet que mme Weil aborde ici . Il est certain que son texte est encore une fois trés riche , argumenté , l'on est pas ici dans de la philosophie de salon . Sa maniére de prendre les sujets de société à bras le corps et d'exprimer une pensée élaborée , réfléchie , tout cela fait l'intéret de son oeuvre qui ici pose une question trés importante . Pour mme Weil les partis politiques ne sont pas une bonne chose pour la démocratie , pour la représentation du peuple . C'est son droit le plus absolu de croire en cette idée , surtout qu'elle détaille avec précision ces arguments . C'est le droit le plus absolu que de croire le contraire de sa perception des partis politiques . Encore faut 'il expliquer également avec précision pourquoi . Voila un livre important parcequ'il apporte la possibilité d'un débat intelligent , un débat d'idées , à l'époque ou Pernaut parle de saucisses à 13 h et qu'a 20 sur la méme chaine on parle de courses d'escargot. Mme Weil doit étre remerciée pour avoir élever le niveau . Il faut vraiment lire ces livres , ce sont des trésors !
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Derrière le prétexte d'une note à propos des partis, c'est encore une fois la recherche de la pureté de la Vérité avec une majuscule dont parle ici Simone Weil, sujet dont l'oeuvre ne s'éloigne jamais.

Son discours commence par une brillante et très rigoureuse réflexion sur le bien que peut apporter la démocratie. La philosophe démontre que la démocratie ne renferme pas de bien par essence, et ne peut, au mieux, que se révéler être le système qui a le plus de chance de faire advenir le bien, c'est à dire la vérité et la justice.
Mais pour cela il faut que la volonté générale puisse s'appliquer sans subir les passions collectives qui polluent la prise de décision.
Elle affirme également que le système représentatif plutôt que direct est un frein à l'expression de la résolution générale. Pour ces deux raisons, elle conclue que la République Française ne peut pas être considérée comme une démocratie.

Mais ce qui d'après elle, empêche le plus la démocratie d'advenir en France, c'est la présence des partis politiques qu'elle qualifie de machines à fabriquer de la passion collective, de l'hystérie sociétale.
Du fait de leur fin naturelle, qui est leur propre croissance, ils sont des totalitarismes en herbe qui recherchent la puissance à travers une doctrine au lieu du Bien à travers une pensée.

L'acmé de son raisonnement survient lorsqu'elle dénonce le relativisme de la vérité qui permet de renverser, dans les partis, la pensée et la conclusion : "je suis conservateur donc je pense que..." plutôt que "je pense que... donc je suis conservateur".
On prend position pour une opinion et ensuite seulement on cherche des arguments pour justifier son propre dogme, c'est donc la négation de la vérité comme bien général préalable.

Simone Weil reprend alors la thèse qui sous-tend toute son entreprise. le désir de la vérité élève l'âme et la rend disponible à la lumière de la vérité, c'est ce qu'elle nomme le mécanisme de l'attention. C'est donc une mise à disposition presque mystique de sa conscience, sans rien désirer d'autre que la vérité nue.

L'adhésion à un parti créé de facto un déséquilibre, un biais dans la recherche de vérité puisqu'il est impossible, même aux esprits les plus éclairés, de connaître l'intégralité de la doctrine du parti sur tous les points. Or, après y avoir adhéré, le nouveau membre est forcément influencé, même inconsciemment, par la propagande de son parti, ce qui l'empêche d'être dans les dispositions qui permettent de toucher la vérité dans le cadre décrit par Simone Weil.

Le fait de prendre parti, d'être pour ou contre, s'est ainsi substitué à la pensée, à la réflexion de plus large cadre, ce qui conduit la philosophe à réclamer la suppression de ces partis parasites.
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L'existence des partis nous semble évidente. Vraiment ?
Pourquoi donc ?
Parce que l'on vit avec depuis longtemps, depuis « toujours » pourrait-on dire…
Alors on n'essaie pas de trouver un autre système, on se dit que c'est un mal pour un bien, que c'est grâce à eux qu'on peut rentrer dans « la machine politique » et « faire quelque chose ». Vraiment ?
Je veux dire, est-ce qu'entrer dans l'institution la fait changer ?

C'est ce que se demande Simone Weil dans ce court essai. Sans doute pas son texte le plus pertinent mais j'aime la réflexion : il est pour moi tout à fait nécessaire de tout remettre en cause tout le temps. Surtout quand ces « choses » ne marchent pas bien … alors quand j'ai vu ce petit Allia entre deux essais pompeux sur notre république, j'ai craqué (et laissé en place ces gros livres qui voulaient sauver le monde en changeant des virgules). Bien sûr il n'y a pas grand chose de révolutionnaire dans ce texte, c'est pourtant un bon support de réflexion !

« Il n'y a rien de plus simple que de ne pas penser », notre enlisement dans la hiérarchie des partis l'illustre bien ! Sur le fil entre nécessité de créer des mouvements de « masses », de rassembler les individus, et formation qu'ils apportent. Forçant leurs membres à adhérer à des idées qui ne sont pas les leurs et à les défendre en public… illustrant à merveille la figure du Menteur qu'on leur prête volontiers. Elle arrive donc à la conclusion qu'il faut les destituer et que chacun se regroupe librement dans un mouvement perpétuel en fonction des affinités face à tel ou tel problème/question. Non pas dans une institution fixe, mais dans un système d'alliances temporaires et souples.
A mes yeux, ces quelques pages sont une amorce pour parler des partis, de leur importance fictive ou réelle, et de ce qu'on aimerait en faire. Ce que chacun de nous peut faire pour, avec, contre, ou simplement les ignorer. Un texte important, accessible, à relire d'urgence !
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Supposons un membre d'un parti, député, candidat à la députation, ou simplement militant, qui prenne publiquement en public l'engagement que voici : " Toutes les fois que j'examinerai n'importe quel problème politique ou social, je m'engage à oublier absolument le fait que je suis membre de tel groupe, et à me préoccuper exclusivement de discerner le bien public et la justice. " Ce langage serait mal accueilli. Les siens et beaucoup d'autres l'accuseraient de trahison.

... Les partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice et la vérité.

... La suppression des partis serait du bien presque pur. Les candidats diraient aux électeurs non pas : "J'ai telle étiquette." Ce qui pratiquement n'apprends rigoureusement rien au public sur leur attitude concernant les problèmes concrets, mais je pense telle ou telle chose à l'égard de tel, tel, tel grand problème". Les élus s'associeraient selon le jeu naturel et mouvant des affinités.

.... Presque partout et même souvent pour des problèmes purement techniques, l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à la pensée... C'est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques et s'est étendue à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée.
... Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques.
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Il y a plusieurs conditions indispensables pour pouvoir appliquer la notion de volonté générale. Deux doivent particulièrement retenir l'attention. (...)
L'une est qu'au moment où le peuple prend conscience d'un de ses vouloirs et l'exprime, il n'y ait aucune espèce de passion collective. (...)
La seconde condition est que le peuple ait à exprimer son vouloir à l'égard des problèmes de la vie publique, et non pas à faire seulement un choix de personnes. Encore moins un choix de collectivités irresponsables.(...)
Le seul énoncé de ces deux conditions montre que nous n'avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie. Dans ce que nous nommons de ce nom, jamais le peuple n'a l'occasion ni le moyen d'exprimer un avis sur aucun problème de la vie publique; et tout ce qui échappe aux intérêts particuliers est livré aux passions collectives, lesquelles sont systématiquement, officiellement encouragées.
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Supposons un membre d’un parti – député, candidat à la députation, ou simplement
militant – qui prenne en public l’engagement que voici : « Toutes les fois que j’examinerai
n’importe quel problème politique ou social, je m’engage à oublier absolument le fait que
je suis membre de tel groupe, et à me préoccuper exclusivement de discerner le bien public
et la justice. »
Ce langage serait très mal accueilli. Les siens et même beaucoup d’autres l’accuseraient de
trahison. Les moins hostiles diraient : « Pourquoi alors a-t-il adhéré à un parti ? » –
avouant ainsi naïvement qu’en entrant dans un parti on renonce à chercher uniquement le
bien public et la justice. Cet homme serait exclu de son parti, ou au moins en perdrait
l’investiture ; il ne serait certainement pas élu.
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Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels.
On peut en énumérer trois :
Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective.
Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres.
La première fin, et, dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite.
Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S'il ne l'est pas en fait, c'est seulement parce que ceux qui l'entourent ne le sont pas moins que lui.
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On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position « pour » ou « contre » une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soit contre. C’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti. (...)

Même dans les écoles on ne sait plus stimuler autrement la pensée des enfants qu’en les invitant à prendre parti pour ou contre. On leur cite une phrase de grand auteur et on leur dit : « Êtes-vous d’accord ou non ? Développez vos arguments. » A l’examen les malheureux, devant avoir fini leur dissertation au bout de trois heures, ne peuvent passer plus de cinq minutes à se demander s’ils sont d’accord. Et il serait si facile de leur dire : « Méditez ce texte et exprimez les réflexions qui vous viennent à l’esprit ».

Presque partout – et même souvent pour des problèmes purement techniques – l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à l’obligation de la pensée.

C’est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s’est étendue, à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée.

Il est douteux qu’on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques.
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