SEPT
(extrait)
il faut que j’ai faim
pour écrire
une faim littérale
pour être sans pensée
sans intention surtout
le silence et l’isolement étant
la part essentielle du travail
QUATORZE
Extrait 2
il y a une conférencière
il y a une poète
« on est toujours trop poli »
répond la poète
à la question stupide
de la conférencière
espace limpide
et doux
dès que la poète lit
en variations de voix affirmée
à inaudible murmure
la mort de la mère
le cimetière et le temps qu'il fait
et la dame rencontrée
l'élégance de la voix simple
délivre de la prise d'otage
entre les murs blancs
sans fenêtre
du musée
SOIXANTE CINQ
vert pâle — translucide presque —
sous le lampadaire
— dans la nuit rouge
des immeubles en brique —
une sauterelle
venue d'on ne sait où —
comme le petit poisson
d'Émily —
son nom est Amour
HUIT
Extrait 1
les expulseurs les banquiers les politiques
ça suffit maintenant ça suffit
back home
loin du Pacifique
loin du bush aux fleurs minuscules
le bush peuplé de mille oiseaux
j’entends la voix de mon ami
sa formidable colère
ils disent nouveau gouvernement
et je pense Fuck off
alors où comment
une autre vie
tout est si désespéré mon ami
…
HUIT
Extrait 2
quitter cette ruine fuir la défaite chercher
des châteaux en forêt des cabanes dans les arbres
suggères-tu
ce matin un vieillard à barbe
fouillait une poubelle verte
récupérait des emballages de fast food
les raclait de ses doigts qu’il léchait
j’ai pensé à Noé
celui de l’Arche oui
nous autour
noyés