Le maître mot du jeux de rôle Shadowrun pourrait être : dualité.
Dualité de l'univers d'abord ; un véritable nectar pour geek, une pierre philosophale du worldbuilding...Un mélange de cyberpunk et de fantasy. Oui, avec Shadowrun, l'huile et l'eau se mélange. Dans la première édition (il y a 30 ans), l'action prend place en 2050. Petite précision, le temps passe à la même vitesse dans le jeu et dans la vraie vie, ce qui fait qu'actuellement (la 6ème édition), le jeu se déroule en 2080.
Mais, pour en revenir au worlbuilding, imaginez un univers à la
William Gibson (ou encore
Ian McDonald, dans "
Nécroville", les morts-vivants en moins), c'est-à-dire multinationales tentaculaires plus puissantes que les états, métaverse (genre la Matrice) et humains boostés aux implants cybernétiques, dans lequel, un beau jour, l'Eveil a lieu, à savoir le réveil de la magie, des humains qui, tout d'un coup, se transforment en elfes, orks nains et trolls et voient le retour de créatures (type dragons) que l'on pensait purement imaginaires. Assaisonné d'une pincée de polar, et vous obtenez le monde de Shadowrun.
Dualité des personnages, ensuite ; vous interprétez un shadowrunner, c'est-à-dire un mercenaire de l'ombre, employé par les méga-corporations, les états, ou même un riche dragon qui en a les moyens, pour récupérer des données à la concurrence et obtenir ainsi votre prime. Vous travaillez en équipe et chacun a sa spécialité (le hacker, le combattant, le chauffeur etc...). Mais bien souvent, vous êtes pris entre les intérêts de votre employeur et vos propres valeurs "techno-anarchistes", teintées, parfois, d'un code de l'honneur passéiste (typiquement, le Samouraï des Rues) ou influencées par les traditions de votre race (elfe, nain ou autre).
Pour moi, malgré un système de règles assez complexe, Shadowrun demeure, à ce jour, un des meilleurs JdR de tous les temps, notamment par la richesse de son univers et par sa dimension subtilement politique (le collectif de hacker vs les mégacorporations, le passé contre le futur etc...)