Depuis le pont, Aram entendit des pas lourds sur le débarcadère, en contrebas. Il se retourna juste à temps pour voir approcher une masse de muscles et de fourrure dotée de sabots, d'un mufle et de cornes. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que ce n'était pas un taureau sur deux pattes : il s'agissait d'un taurène, bien sûr. Un grand taurène mâle.
Le problème (…), c'est que la maison n'est pas un lieu. Ce sont les gens avec qui tu choisis de partager ta vie. C'est la famille qui fait la maison, et pas l'inverse. Et il y a toutes sortes de familles.
(dixit le père d'Aram à celui-ci).
Le destin n'existe pas, grogna Makassa.
- Bien sûr que si, jeune guerrière. Il existe une harmonie dans la nature, une voix et un courant. Comme le flux d'une rivière, comme le chemin que suit une jeune pousse dans la terre pour trouver le soleil. Crois-tu que ce soit différent pour nous autres voyageurs ?
En tant qu'espèce soi-disant "sensible", les hommes agissent de façon violente et fort peu sentimentale envers l'ordre naturel.
Rapidement, Greydon retira sa veste de cuir et la posa sur les épaules de son fils.
- Qu'est-ce que tu fais? demanda Aram.
Pour toute réponse, son père sortit la boussole de sous sa chemise, retira la chaîne de son cou et passa le tout autour de celui d'Aram.
- Protège cette boussole à tout prix, dit-il.
-La boussole ? Je ... Je ne comprends pas.
-Et je n'ai pas le temps de t'expliquer. Je suis désolé. Tellement désolé. Pour tout. Mais sache que cette boussole te mènera là où tu dois aller...
- Tu as intérêt à ne pas me mettre dans ce fichu carnet.
- Je promets de ne pas te dessiner tant que tu ne me le demanderas pas.
Le noir, et soudain...
La Lumière. La Lumière, si vive. La voix de la Lumière retentissait dans le coeur d'Aram, en appelant à la compassion logée dans sa poitrine.
- Aram, Aram, tu es celui qui doit me sauver...
Mais Aramar Thorne se détourna de la Lumière.
Noir...
Greg Weisman
Le lieutenant du Déferlant n'était pas en reste : Makasa jouait du coutelas et lançait son harpon sans relâche. Elle cloua un ennemi sur le grand mât, où il se tortilla un instant avant de s'affaisser, immobile. De sa main libre, Makasa fit tournoyer sa chaîne pour l'abattre sur deux autres assaillants. Au même moment, un pirate bondit pour l'attaquer sur la gauche. Aram voulut l'avertir du danger mais, comme toujours dans les moments de crise, aucun son ne sortit de sa bouche. Makasa se tourna, offrant son dos au pirate.
Lentement son visage apparut, mince et vénérable, la peau marquée de rides indigo ; ses cheveux longs, couleur de glace, laissaient entrevoir des oreilles pointues ; ses yeux argentés luisaient sous la lumière des étoles, et une paire de bois massifs ornait sa tête.