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Critique de Clelie22


Il existe de nombreux témoignages qui ont été publiés sur la shoah. Et aucun, sans doute, n'est de trop pour graver dans les mémoires et les consciences jusqu'où peut aller l'homme. Cependant, j'ai particulièrement apprécié "Après la rafle" pour son point de vue original. Contrairement à la plupart des autres livres sur le sujet, il ne décrit pas (ou très peu) les conditions de détention des déportés, pour la simple raison que l'auteur les a peu connues.

En effet, Joseph Weismann, arrêté avec ses parents et ses soeurs quand il avait 11 ans, un sinistrement célèbre jour de juillet 1942, s'est finalement échappé du camp de transit de Beaune-la-Rolande, après avoir été séparé de sa famille. Il ne s'attarde d'ailleurs pas sur les conditions de vie - ou plutôt de survie - au Vel' d'Hiv' et au camp. Il dépeint tout cela assez rapidement puis nous raconte sa cavale, sa vie entre orphelinats et familles d'accueil plus ou moins accueillantes, son entrée dans la vie adulte...

Ce qui ressort de la manière la plus poignante de son témoignage c'est le traumatisme incurable que représente pour un enfant le fait d'être à jamais privé de toute sa famille, surtout dans de telles circonstances. C'est un des points qui donne un intérêt particulier à ce témoignage.

J'ai également trouvé très intéressante la peinture qu'il nous fait de la population française et de son état d'esprit pendant et après la guerre. Joseph Weismann en fait une analyse très mesurée, considérant qu'à son avis, ceux qui ont fermé les volets quand les policiers français conduisaient les Juifs au Vel' d'Hiv', ceux qui ont livré les enfants en cavale aux gendarmes ne se rendaient pas compte de ce qui se passait.

Une autre chose que montre ce livre, c'est que l'antisémitisme ne s'est pas éteint en 1945. Même après la guerre, Joseph Weismann a été confronté à des attitudes racistes, a dû se battre pour se faire une place dans la société française. Je trouve qu'en cela le livre est particulièrement intéressant car il analyse bien comment une société "civilisée" peut en venir à rejeter une catégorie de la population sous un prétexte quelconque. Il montre aussi très bien que l'horreur de la shoah ne s'arrête pas en 1945 et que c'est un traumatisme dont les survivants ont souffert toute leur vie.

Pour finir ma critique, un mot sur le style. Ce témoignage est écrit dans un langage simple et accessible mais fluide et agréable. L'adulte Joseph Weismann réussit à se mettre à la hauteur de l'enfant qu'il était pour nous raconter ce qu'il a vécu et ce qu'il a ressenti. Les chapitres s'enchaînent bien et donnent toujours envie de continuer la lecture. Ce livre me paraît accessible à des ados pour peu qu'ils aient quand même une certaine maturité.
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