Un vaudeville, voilà la vérité de la situation. Un classique vaudeville parisien entre une femme qui cherche l'attention comme le poisson l'eau, l'inattention personnifiée que peut être un intellectuel, lorsqu'il est ambitieux, de surcroît - et, au milieu, un jeune type qui pense trop et se connaît mal.
Qu'est-ce qu'il a fait à part être juif? Ta tante c'est une révolutionnaire, c'est pour ça qu'elle a été déportée, mais lui? (p.59)
"Il y a quelque chose chez toi. C'est presque un principe de domination. Tu te poses quelque part, tu ne dis rien, tu observes. Le plus curieux est que ça apaise. ça devrait angoisser, ça devrait agacer. ça agace, d'ailleurs, parce qu'on se surprend à attendre le verdict. Mais ça calme. On ne peut pas dire que tu fasses des efforts, pourtant, tu n'essaies pas de donner le change, tu n'es pas quelqu'un de rassurant. On vois que tu n'as pas particulièrement de morale, par exemple. Tu ne fais pas ce que tu veux bien faire, tu ne crois pas en grand chose. Je soupçonne un fond d'égoïsme chez toi. Mais ça marche. En tous cas sur moi. J'ai le sentiment que tu comprends certaines choses. Je te fais confiance sans savoir pourquoi. J'ai tout de suite su que si tu le voulais tu finirais par m'avoir."
Dites que derrière votre morale au fond ça vous amuse quelqu'un qui passe à l'acte. Je trouverais peut-être ça odieux mais au moins je comprendrais. Vous l'aimez pour ses transgressions et vous le défendez au nom de la vertu. C'est ça qui ne va pas. Il y a un réflexe d'arrogance presque tribale dans les excuses que vous lui cherchez quitte à détruire cette pauvre fille. (p. 321)
Tout se passe comme si, pour être, il lui fallait faire semblant d'être ce qu'elle était pourtant bel et bien. (p.139)
Bafouiller la copie de sa vie c'est le privilège des anonymes. (p. 316)