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Critique de Meygisan


J'ai toujours eu, et ce depuis le premier roman que j'ai découvert d'elle, un attachement particulier aux oeuvres d'Aurélie Wellenstein. Il y a quelque chose dans son écriture qui vous prend aux tripes, qui vous emmène dans un voyage exotique, surprenant et toujours très particulier.
Avec elle, c'est souvent la promesse de vivre une belle aventure, souvent atypique.
Ce roman ne déroge pas à la règle. On retrouve les thèmes chers à l'autrice, et notamment celui de la nature, très présent, et à l'image du désert glacé des Loups chantants, un désert aride et chaud présenté comme dangereux. Il n'est pas rare, à ce propos, de constater que la nature est souvent présenté apr son côté sauvage, brutal. La menace qu'elle représente n'est consciente, encore moins volontaire mais elle émane simplement de ce qu'elle est. La nature (sauvage!), aussi belle soit elle, reste intrinsèquement dangereuse.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'elle est présente dans le titre du livre, et elle est associée à un autre mot, la couleur.
Aurélie Wellenstein utilise presque à outrance le champ lexical de la couleur. Elle nous abreuve d'un vocabulaire riche et recherché, qui se place directement en opposition avec les nuances de gris lorsque le désert a absorbé les souvenirs. La couleur c'est la vie, le gris, c'est la mort et l'oubli.
J'ai beaucoup apprécié cette mise en opposition, qui se fait très naturellement et qu'Aurélie décrit de manière très naturelle.
Comme je l'ai dit plus haut, par rapport aux Loups chantants, le désert chaud remplace ici le désert froid et gelé mais il s'agit bien d'un personnage à part entière. L'autrice se plaît à nous décrire ces différentes incarnations,, que ce soit les clones, les tourbillons de sable ou les autres créatures gigantesques, d'ailleurs liées à la nuit et au ciel.
Cette histoire est à la fois un huis clos (le désert même immense et apparemment infini, fait office d'une gigantesque pièce dans laquelle les personnage sont prisonniers, incapables d'en sortir) et une quête initiatique.
En effet le scénario se concentre sur 3 ou 4 personnages importants, que sont donc les deux "héros" Kabalraï et Irae, frère et demi soeur, l'oiseau, et le désert. Les deux héros vont devoir chercher et découvrir un terre promise qui pourra accueillir leur peuple alors confiné sur un îlot au milieu du désert qui les avale progressivement de jour en jour. Tous deux semblent incarner leur dernier espoir mais l'autrice n'insiste pas trop sur cet élément, et c'est tant mieux. Les histoires pour lesquelles tout repose sur un ou une héroïne élu(e) sont légion dans le genre et sont pour moi d'un archétype lourdingue.
Je le disais, il s'agit d'une quête initiatique pour se retrouver,, à travers ses propres souvenirs, ne pas oublier qui on est ni d'où on vient, ne pas oublier l'autre. Les deux héros apprennent à se connaître à travers différentes épreuves que le désert (la vie donc!) va leur imposer, eux qui, pourtant affiliés, ne se connaissent absolument pas. C'est également une quête de l'identité, qui se joue à deux niveaux: d'une part, Irae retrouve progressivement les souvenirs douloureux qu'elle a "effacé", mais qui, finalement la définissent, et Kabalraï se "nourrit" des souvenirs qu'il engrange au contact du désert, représentant par là même la mémoire collective de l'humanité.
La mémoire dans sa dimension historique prend alors une place essentielle dans le récit et en devient même l'un des moteurs principaux.
Mais il ne faut pas oublier que cette histoire est un conte. Plusieurs signes en attestent et notamment le sable qui se change presque instantanément en verre, ou encore les arbres qui poussent en quelques minutes, produisant des fruits comestibles au moment où les personnages meurent de faim. La dimension merveilleuse du récit nous apparaît à travers quelques instants ou descriptions, assez fugaces.
Si je n'ai pas mis la note maximale, c'est simplement parce qu'il y a de mon avis un passage très long de descriptions vers la moitié du roman, qui auraient pu être évités. C'est également parce qu'il y a toute une partie du roman dont les chapitres se déroulent de la même manière, illustrant certes à merveille la monotonie de ce que sont en train de vivre les personnages, mais rendant la lecture... monotone!
Hors mis cela je vous conseille vivement la lecture de ce roman d'Aurélie Wellenstein, qui sent bon l'évasion (je rappelle qu'elle l'a écrit pour la plupart, en plein coeur des confinements) comme elle l'explique. C'est d'ailleurs un thème qui n'est présent que discrètement, mais qui fut, mine de rien, le déclencheur de l'histoire, et le centre de l'intrigue.
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